La new romance, filon à l’eau de rose du monde de l’édition

La new romance, filon à l’eau de rose du monde de l’édition


Samedi 4 novembre au soir, dans une salle du Palais des congrès de Strasbourg décorée comme pour un bal. Trois cent cinquante invités (en immense majorité des femmes) se déhanchent au son de Love Me Like You Do, le tube d’Ellie Goulding qui figurait dans le film Cinquante nuances de Grey, portable en main, robes rouges frôlant le sol, certaines juchées sur des chaises. Depuis la première édition du Festival New Romance (FNR), qui s’est tenue en 2016, la chanson est l’hymne d’une communauté qui compte des centaines de milliers de lectrices mais passe obstinément sous les radars de la presse généraliste.

Les années précédentes, les autrices participaient au dîner, mais la ferveur de leurs lectrices est devenue si pressante que l’équipe de la maison d’édition Hugo & Cie, organisatrice de l’événement, expérimente ce soir-là une nouvelle formule : le dîner, ponctué de séances de karaoké et de moments de communion, s’achèvera sur l’arrivée triomphale de la trentaine d’écrivaines et la remise des New Romance Awards. Aux alentours de 23 h 30, Morgane Moncomble est sacrée sans surprise Meilleure new romance 2023. C’est mérité. Paru le 20 septembre, Un automne pour te pardonner (Hugo Roman), le dernier roman de cette Française, s’est déjà écoulé à 61 000 exemplaires.

Depuis son premier livre, Viens, on s’aime (2017), la jeune femme de 27 ans originaire d’Argenteuil (Val-d’Oise) est la coqueluche de la new romance, ce genre littéraire apparu il y a une dizaine d’années dans le sillage du succès de Cinquante nuances de Grey, d’E. L. James (JC Lattès, 2012), et son sadomasochisme chic. Il constitue aujourd’hui l’un des secteurs les plus porteurs de l’édition.

Des fans et des pop stars

Du vendredi au dimanche, trente-cinq autrices (et un auteur) vinrent donc rencontrer leur public, dédicacer des exemplaires à la chaîne et répondre, lors de master class, à des questions posées par leurs fans par l’intermédiaire d’Instagram. Mis en vente le 31 janvier, les 3 500 billets disponibles pour l’événement ont été vendus en vingt-quatre heures. Parmi eux, les 350 fan pass, qui, pour 135 euros, donnaient droit à un livre offert, une soirée escape game avec les autrices le vendredi et le dîner de gala du samedi soir, ont tous été achetés en moins de deux heures.

Ici, les lectrices sont des fans et les écrivaines des pop stars, applaudies à tout rompre lors de leurs interventions, sollicitées pour des selfies tous les deux mètres et protégées des débordements par le staff (toute l’équipe d’Hugo, épaulée par 210 bénévoles). « Les dédicaces, c’est vraiment les Hunger Games. Ce matin, on est arrivées à 6 h 30 et, quand on est entrées, on a couru pour pouvoir prendre un ticket pour la signature de Morgane Moncomble », racontent Kahina et Kenza, deux sœurs de 18 et 20 ans « fans de romance ».

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