la puissance de l’arcade dans la paume de la main

la puissance de l'arcade dans la paume de la main


Y a-t-il combinaison plus douce, mais aussi potentiellement plus destructrice, que d’être un joueur de jeu vidéo nostalgique ? Tous les secteurs de divertissement le subissent, mais la propagation des produits dédiés aux joueurs rétro comme la NES Classic Mini, la SNES Classic Mini ou la MegaDrive Mini tend à confirmer que les éditeurs ont bien senti le filon. Dans ce contexte, on peut décemment dire qu’il y a le bon et le mauvais retro gaming. Et l’Evercade EXP fait heureusement partie des bons.

© Lionel MORILLON / 01net.com

Une console portable des années 90

L’Evercade EXP n’est pas forcément une machine tape à l’œil. Son ergonomie ressemble plus ou moins à une sorte de Nintendo Switch Lite, mais dont les boutons et la croix sont bien différents. Si les premiers restent dans les carcans du jeu vidéo actuel, à savoir simplement des boutons A/B/X/Y organisés à la manière d’une manette Xbox, et que les boutons Start et Select sont à la verticale, c’est dans la croix que se situe la plus grande différence.

Car oui : ce n’est pas vraiment une croix. Ni un joystick d’ailleurs. En vérité, il s’agit d’un type de croix que l’on retrouve surtout sur les fightpads destinés aux jeux de combat, à savoir une sorte de stick écrasé posé sur des membranes. Une solution qui donc fait ses preuves pour les jeux d’arcade, mais à laquelle il manque un détail qui peut faire toute la différence : un dôme central pour éviter de pouvoir écraser toutes les directions en même temps. Les plus bourrins auront ainsi peut-être un peu de mal à effectuer leurs quarts de cercle, mais la plupart des jeux ne poseront aucun problème.

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La grande spécificité de l’Evercade EXP, qui est une mise à jour du modèle original, est de pouvoir être utilisée à la verticale. C’est pourquoi deux boutons A et B sont intégrés en bas du joypad, qu’il faudra allier au bouton « T » (pour « Tate ») apposé en bas du châssis, qui permet de passer l’affichage à la verticale. C’est aussi ici que l’on retrouvera un port jack, un port Mini HDMI compatible 720p, les deux touches de volume et la LED d’utilisation.

Le dos de l’Evercade EXP est franchement l’élément le plus intéressant, puisqu’il est central dans l’expérience proposée par la console portable. Et pour cause : nous avons un port cartouche, messieurs dames ! Celui-ci est semblable au port d’une GameBoy originale, et accueille des cartouches produites par Blaze en accord avec les éditeurs et développeurs.

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C’est là la première et plus grande promesse de la console : retrouver l’expérience rétro d’antan, jusqu’aux propriétés physiques de la console. Pour jouer, il vous faudra donc soit profiter des 18 jeux Capcom directement intégrés, soit acheter une cartouche de jeux avec d’autres titres de catalogues différents. Notez à ce titre que les jeux de l’Evercade précédente sont évidemment compatibles, bien que de notre côté, nous avons constaté qu’une cartouche de la Namco Museum Collection 1 avait énormément de mal à rentrer dans notre appareil. On peut imaginer qu’avec le temps, le plastique des coques a légèrement bougé, rendant l’insertion plus difficile sur un produit tout juste sorti d’usine. Disons qu’il faut y mettre de l’huile de coude.

Si on aime le principe de la console, et que l’on peut souligner comme elle cherche parfaitement bien à répondre à tous types d’attente de la part des joueurs typés arcade qu’elle vise, certains points nous sont plus difficilement acceptables. Il y a par exemple ses gâchettes R1/R2 et L1/L2, qui sont naturellement digitales, mais qui ont un clic très bruyant et plastique. En parlant de plastique, sa coque texturée et bien agrippante est tout de même très bon marché.

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Cela peut cependant être vu comme un avantage. Elle a la solidité et la robustesse qu’on attend d’une console portable d’antan, une catégorie de produit qui a longtemps été destinée à être jeté dans un sac à l’arrache avant de partir. À ce titre donc, l’Evercade EXP remplit sa mission, loin des Nintendo Switch qui réclament tout de même un peu de protection et de douceur.

Aussi puissant qu’il le faut

La promesse de l’Evercade EXP est d’être une console parfaite pour l’ère 8 et 16 bits. À ce titre, sa fiche technique reste modeste. Nous avons un simple CPU 1,5 GHz, avec 4 Go de RAM (là encore sans précision) et un écran de 4,3 pouces de diagonale… Là encore sans précision, à ceci près qu’il supporte une définition de 800 x 480, soit un ratio (un brin inexact) de 16:9. C’est tout de même une belle évolution comparativement à l’Evercade originale, qui n’avait qu’un écran de 480 x 272 pixels et un CPU 1,2 GHz, qui met l’Evercade EXP au même niveau que la console de salon Evercade VS, compatible avec les mêmes cartouches.

L’écran IPS LCD est plutôt lumineux et retranscrit bien les couleurs de ces anciens jeux, mais c’est surtout dans son choix de définition qu’on a envie d’applaudir l’Evercade EXP. En considérant que la plupart des jeux d’arcade sont sortis avec une définition native de 320 x 240 pixels, la console portable offrira un double exact de celle-ci (avec des bandes personnalisables sur les côtés) qui garantit qu’aucun pixel ne se chevauchera. Une considération qu’apprécieront pour sûr les puristes du rétro. Du même temps, cette dalle est capable d’atteindre un taux de luminosité très bas, qui là encore plaira aux joueurs aimant se faire une petite partie dans leur lit le soir. Car oui, mine de rien, c’est un critère important sur cette scène.

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Puisque l’on parle de cet affichage, il est aussi à noter que le logiciel intégré à l’Evercade EXP vous permet de définir trois niveaux d’émulation de scanlines, ces lignes qui incombaient aux écrans cathodiques et sur lesquelles certains développeurs comptaient pour leurs effets visuels. Vous pouvez n’avoir aucune ligne, une émulation légère ou une émulation forte, ce qui vous permettra de retrouver l’expérience visuelle recherchée. Du même temps, il est possible de booster ou non les performances des jeux, de manière à n’avoir aucun ralentissements ou retrouver au contraire les ralentissements d’antan prévus dans l’expérience.

C’est une option que fuiront les puristes, mais vous avez également l’accès à des « save states » qui vous permettront de sauvegarder votre position exacte en jeu et la recharger librement. Ceci étant dit, Evercade a prévu le coup pour ceux voulant retrouver le défi connu plus jeune : il vous est possible non seulement de limiter les crédits en jeu, mais aussi de désactiver complètement cette fonctionnalité. En somme, passer en “mode compétitif” comme l’appelle le développeur.

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Mais très sincèrement, c’est à travers ses easter egg que l’on apprécie le plus l’Evercade EXP. En effet, au-delà de respecter le jeu rétro dans sa pratique à l’ancienne, la console intègre aussi ces petites surprises que l’on a désormais oubliées au temps des DLC et autres battle pass. Cinq jeux sont déblocables grâce à quelques manipulations qu’on gardera secrètes (pour vous laisser le plaisir de chercher), et qui sont en vérité des petits jeux développés en indépendant à l’ère moderne sur les plateformes d’antan. Un petit clin d’œil à la scène tout comme à l’amour du jeu qui fait chaud au cœur.

Un beau rêve en pixels

Tout ça ne dit cependant pas s’il est agréable de jouer sur l’Evercade EXP, dont c’est la principale fonction après tout. Et le fait est que… c’est bien le cas. Voilà. Sans fioriture. Retrouver ce bon vieux Mega Man X ou balancer un énième hadoken dans Street Fighter II’ Hyper Fighting procure toujours autant le même plaisir qu’à l’époque. Et il est vrai que de retrouver l’expérience de glisser une cartouche dans une console a quelque chose de grisant. Ceci étant, tout se joue sur la librairie lorsque l’on parle d’une console, et l’Evercade EXP n’a pas forcément la collection la plus impressionnante du moment.

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Convaincre un éditeur de travailler sur un projet de niche peut être d’une complexité affolante. Convaincre en prime les acheteurs de se tourner vers une Evercade EXP à 150 euros et repasser à la caisse pour chaque cartouche (qui contient généralement une dizaine de jeux) aux alentours de 20 euros, c’est encore plus complexe. Mais le fait est que sur ses dernières sorties, notamment cette EXP mais aussi la VS, Evercade a prouvé qu’il avait bien l’intention de créer un véritable écosystème. Et du même temps, celui-ci nous offre le plaisir de l’émulation avec une facilité d’accès rare, sans configuration ni recherche, et surtout parfaitement légal.

Alors oui, l’Evercade EXP peut encore s’améliorer, particulièrement sur son joypad ou le bruit occasionné par l’usage de ses gâchettes. La configuration Tate est également intéressante, mais pas particulièrement ergonomique et peut vite faire mal aux mains à force de soutenir l’écran tout en martelant les touches. Mais voilà : sa philosophie est réellement intéressante, et est réalisée avec un véritable amour aussi bien du support que de son histoire. On a envie d’y croire sur la durée, on a envie que d’autres éditeurs rejoignent le lot, on a envie que la demande augmente pour baisser le prix tout de même un peu haut de l’offre. En somme, on a envie de vous la recommander… Du moins, si vous êtes bien au chaud dans cette niche ou que vous vous voyez y séjourner.



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