En novembre dernier, Decathlon secouait la planète vélo en dévoilant son premier cargo électrique, l’Elops R500 Elec. Plus que le format longtail (allongé) ou son équipement, c’est sans doute son prix serré qui a valu au VAE d’être, des mois durant, en rupture de stock sur le site du commerçant. En effet, à 2 799 euros, le R500 Elec est l’une des propositions les plus abordables du marché. Depuis, le succès du cargo de Décathlon n’a cessé de se confirmer. Ses ventes ont explosé (7 300 unités en neuf mois) et Decathlon a même prévu de lui offrir plusieurs petits frères tous formats confondus (biporteur, triporteur, etc.).
À moins de 3 000 euros, desquels peut être soustrait le bonus écologique pour l’achat d’un vélo électrique (2 000 euros), le cargo de Décathlon est-il une bonne affaire ? Pour nous faire une idée de ce premier vélo au format familial de la firme, nous l’avons testé.
Design et Conception : du Décathlon dans le texte
Le design de l’Elops R500 Elec est plutôt classique pour un cargo allongé, si tant est que le mot classique puisse être utilisé dans cette famille de vélo où chaque fabricant tente de faire valoir son approche. Monté sur des roues de 26 pouces à l’avant et 20 pouces à l’arrière, le cadre semble suffisamment robuste bien qu’il ne soit pas particulièrement renforcé aux endroits les plus sensibles. L’ensemble a été plutôt bien pensé en respectant les règles de base de cette famille particulière de VAE. Par règles de base, nous entendons bien évidemment les protections pour les passagers, ainsi la roue arrière est majoritairement carénée. Idem pour la chaîne qui bénéficie d’ailleurs d’une poulie supplémentaire pour ne pas être trop proche du sol. Malgré sa roue avant plutôt grande pour un cargo et une longueur supérieure à 2,20 m, le vélo parvient à garder un centre de gravité bas ce qui le rend très maniable. Nous y reviendrons.
Le tube diagonal accueille une batterie amovible (ce qui indispensable compte tenu du poids de la bête). Quant au moteur, il est placé sur le moyeu arrière de la roue. À l’arrêt, le R500 Elec repose sur une béquille façon moto qui le maintient droit, ce qui facilite la montée à bord de ses jeunes occupants. En revanche, cette béquille n’offre pas toutes les garanties de rigidité nécessaire, elle bouge quelque peu et surélève systématiquement la roue avant du vélo. Concrètement, lorsqu’un enfant grimpe à l’arrière, il est nécessaire qu’un adulte assure la stabilité du vélo. Quant au démarrage, il est également plus difficile que sur d’autres cargos concurrents, la faute là encore au choix de la béquille. Par ailleurs, ce démarrage est également rendu plus complexe par la forme du cadre semi-ouvert, qui oblige le conducteur à pencher le vélo pour l’enjamber, ce qui peut être délicat lorsque celui-ci est chargé avec, au hasard… deux enfants. Ce n’est sans doute pas une surprise si les cargos de référence ont opté pour un cadre ouvert.
Sur le guidon, nous retrouvons un afficheur plutôt basique (le prix justifie sans doute ce choix), les commandes habituelles de vitesse, une sonnette et un dernier bouton plutôt ingénieux. Celui-ci active l’assistance électrique du vélo sans qu’il soit nécessaire de pédaler. Et c’est fort utile ! Plus précisément dans deux cas de figure. Le premier, c’est au démarrage où il devient une aide précieuse pour se défaire du poids du vélo avant les premiers coups de pédale. Surtout, il peut être utilisé comme une alternative au mode « walk », ce qui est fort utile lorsqu’il faut pousser son VAE en marchant.
Pour le reste, compte tenu du prix, il est difficile d’être plus exigeant d’un point de vue esthétique. On pardonnera donc au cargo de Décathlon ses passages de câbles un peu grossiers, ses pédales bas de gamme ou encore l’absence de suspension au niveau de la selle.
Équipement : bien dosé et bien assemblé
Decathlon offre rarement de mauvaises surprises quant à la fabrication de ses vélos et à leur équipement. L’Elops R500 Elec ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. Pensé pour la ville, le cargo électrique dispose des accessoires indispensables à un usage urbain : gardes-boue, éclairage LED, béquille, etc.), mais aussi de points d’accroche nombreux pour venir ajouter une panoplie d’accessoires.
La partie arrière, la fameuse plate-forme de chargement, est très bien finie avec un plateau et des repose-pieds en bois qui ajoutent du confort en plus d’être jolis. Précisons également que le cargo de Décathlon est vendu avec sa barre de protection, là où la plupart des concurrents en font une option. En revanche, celle-ci n’est pas pourvue d’une protection contre la pluie.
Enfin, en plus du carénage de la roue, nous saluons la présence d’un antivol permettant de bloquer la roue arrière. Celui-ci n’empêchera pas votre cargo de disparaître s’il n’est pas plus sécurisé, mais il autorise une pause rapide le temps de faire une petite course.
Que vaut le R500 Elec sur la route ?
Lors de l’annonce initiale du R500 Elec, nous avions émis quelques doutes sur la faiblesse du couple de son moteur (58 Nm). En effet, pour un vélo aussi imposant, cette valeur nous avait paru limitée. Après quelques semaines d’utilisation du VAE, nous ne pouvons que maintenir notre propos. En effet, si dans la plupart des situations en ville, ce couple s’avère suffisant, le cargo est à la peine dès que le terrain devient plus vallonné. Certes, dans ces cas-là, il est toujours possible de passer au troisième et plus haut niveau d’assistance, mais c’est au détriment de la batterie. Cette contrainte oblige surtout le propriétaire à solliciter sans cesse le moteur de son VAE alors qu’il pourrait dans certains cas jouer avec les vitesses pour franchir les mêmes obstacles et ainsi préserver le couple moteur/batterie. Voilà là, la principale limite en termes de performance du cargo de Décathlon. Car pour le reste, c’est un vélo plutôt facile à conduire et assez maniable malgré son empattement. Ce moteur qu’on aimerait donc voir prendre du muscle dans une future version s’avère tout de même suffisant pour la plupart des trajets.
Les trois modes d’assistance offrent des sensations assez mitigées. Si le premier niveau est relativement doux et finalement suffisant dans la plupart des situations, nous avons une préférence pour le niveau 2, plus dynamique et qui apporte une marge de sécurité supplémentaire lorsqu’il faut prendre une décision rapidement. Le niveau 3, quant à lui, est presque caricatural dans son assistance tant celle-ci répond au moindre mouvement de pédale, sans prendre en compte l’effort du pilote. Ce réglage est d’autant plus étonnant que Décathlon explique avoir imbriqué un capteur de couple dans le moteur, pour compenser son positionnement à l’arrière-train du vélo. Si l’idée est à saluer, son exécution nous parait perfectible. Nous sommes en effet très loin des modes d’assistance dits « naturels » de Bosch et Shimano. Mais, compte tenu du prix, était-il sérieux d’en espérer plus ? Enfin, il convient de saluer une excellente décision dans la conception du vélo : la présence du bouton poussoir de démarrage. Il permet de nuancer le coup de fouet initial du moteur et de lancer le vélo en douceur jusqu’à 6 km/h… où de marcher à côté.
Notre impression est également partagée en termes de confort. Pour filtrer les aspérités de la route, le R500 ne dispose que d’une fourche (60 mm de débattement) à l’avant et de ses larges pneus. C’est peu. Il faut donc s’attendre à être quelque peu secoué, notamment pour les (petits) passagers à l’arrière. Rien de rédhibitoire cependant, mais là encore, il s’agit d’une piste d’amélioration pour le futur avec, par exemple, une suspension au niveau de la selle. Le cargo dispose par ailleurs de freins à disques hydrauliques Tektro qui offrent un mordant plutôt rassurant, y compris sous la pluie.
Au final, les performances en conduite du R500 sont plutôt équilibrées. Il pourra parfois manquer de puissance ou de confort, mais sur les aspects incontournables, la sécurité notamment, il offre toutes les garanties nécessaires. Là encore, les performances sont à mettre en comparaison du prix. Il y a plus puissant et plus confortable comme vélo cargo… mais c’est plus cher.
Autonomie : dans la bonne moyenne
Il est particulièrement difficile d’estimer l’autonomie d’un vélo cargo. Celle-ci est d’une part sujette aux facteurs habituels (gabarit du cycliste, type de parcours, température extérieure, niveau d’assistance électrique, pression des pneus, etc.). Mais elle est aussi dépendante du type d’utilisation qui est faite du cargo. Que ce-dernier serve à porter des charges élevées (jusqu’à 80 kg), un ou deux enfants (au poids variable) ou qu’il roule à vide et ses scores d’autonomie s’en trouvent complètement modifiés.
Avec sa batterie de 672 Wh, Décathlon estime que son R500 Elec peut effectuer entre 50 et 90 km avec une seule charge. Pour notre part, dans une utilisation mixte comprenant balades, trajets quotidiens et dépose d’enfants à l’école en plus d’un ou deux « vélotaf », nous sommes parvenus à réaliser environ 60 km par charge. Ce score d’autonomie est tout à fait honorable et permet au modèle de Décathlon d’être utilisé régulièrement sans passer trop souvent par la case recharge.
Cette donnée a son importance, car la recharge n’est pas la partie la plus réussie du VAE. Le système d’accroche de la batterie est pour le moins perfectible. Quant à la recharge sur secteur, elle est particulièrement longue puisqu’il faut environ 5h pour repartir à plein.