le futur c’est maintenant, enfin presque

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Mais n’est-ce pas demander beaucoup au Vision Pro ? Alors que les usages du Mac, de l’iPhone (et dans une moindre mesure, de l’iPad) semblaient assez évidents au premier coup d’œil – bien aidés par la vista de Steve Jobs lors des présentations —, les utilisations du casque de réalité mixte sont moins bien définies. En cela, le casque se rapproche beaucoup de l’Apple Watch, un produit parti dans tous les sens avant de trouver sa voie (en l’occurrence le suivi de la santé et des exercices sportifs).

Un produit indubitablement Apple

Le Vision Pro est un appareil Apple, impossible de se tromper tant la parenté avec l’iPhone, l’Apple Watch et l’iPad est évidente. Le châssis incurvé, coulé dans un alliage d’aluminium, est surmonté d’une pièce de verre laminée qui permet aux nombreux capteurs de « regarder » le monde extérieur. Jamais un casque de réalité virtuelle ou mixte n’aura été aussi agréable à regarder ! Il faut plutôt jeter un œil vers le monde des lunettes de ski grand luxe pour trouver des points communs avec le langage de design du Vision Pro…

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La tranche supérieure du casque comprend deux évents permettant d’expulser l’air chaud produit par les puces internes ; à ce sujet, le ventilateur est très discret, en revanche il peut arriver que le casque produise une certaine chaleur. Heureusement, rien qui puisse brûler le visage !

À gauche prend place le bouton pour prendre des photos et vidéos spatiales, à droite la couronne digitale tout droit tirée de l’Apple Watch. C’est un bouton à tout faire, qui affiche l’écran d’accueil, repositionne toutes les fenêtres dans son champ de vision, active les raccourcis d’accessibilité, ou encore pour s’immerger plus ou moins profondément dans l’un des environnements virtuels proposés par Apple.

En combinant ces deux boutons, on pourra faire une capture d’écran, forcer une application à quitter, forcer le redémarrage ou l’extinction de l’appareil. C’est une petite gymnastique à prendre en main qui n’aura guère de surprises pour les habitués des autres appareils Apple.

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Deux caméras sont présentes sur la tranche inférieure du casque, ce sont elles qui ont pour tâche de suivre les mouvements des mains et des doigts — un travail essentiel, les interactions avec l’interface de visionOS reposant sur le suivi du regard et les gestes.

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Sous le verre en façade se cachent une tripotée de capteurs : pêle-mêle, on devine un Lidar et les deux caméras TrueDepth pour la profondeur, les six caméras (deux principales, deux orientées vers le bas, deux sur les côtés), ainsi que les illuminateurs infrarouge.

Le tour du propriétaire ne serait pas complet sans évoquer les deux branches qui s’insèrent dans le châssis au moyen d’un connecteur Lightning propriétaire. Elles intègrent toutes deux un haut parleur, qui produit un son excellent mettant l’audio spatial à l’honneur. On perçoit le son en fonction de la position de l’application dans son environnement virtuel : si l’app Musique est « derrière » soi, les chansons proviendront « de l’arrière ». L’effet est saisissant et surtout, il confère à l’interface une certaine matérialité.

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Le cache Light Seal anti-lumière en textile souple vient s’aimanter à l’arrière du casque ; s’il est très facile de le positionner, il est encore plus facile de le retirer : interdiction donc de tenir le Vision Pro par ce cache, c’est la recette parfaite pour une catastrophe ! Il s’accompagne d’un coussinet Light Seal, aimanté lui aussi mais au cache anti-lumière. Il en existe 28 différents (!) pour accommoder un maximum de morphologies de visages.

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Le scan du visage durant la commande du Vision Pro. © 01net

Lors de la commande, il faut réaliser un scan de son visage qui va permettre à Apple de déterminer la bonne taille du Light Seal. Le constructeur en fournit deux dans la boîte, de tailles différentes histoire de tester celui qui saura le mieux bloquer la lumière au niveau du nez.

Apple insiste énormément sur le sujet, mais il est absolument essentiel de ne pas se précipiter lors de l’achat. Le casque doit être parfaitement installé sur la tête pour que les yeux soient placés pile en face des écrans et des capteurs de suivi du regard. Si le Vision Pro est mal placé, il ne manquera pas de prévenir l’utilisateur qu’il faut le repositionner comme il faut. C’est pourquoi un passage à l’Apple Store est si recommandé : on prend le temps de tester différentes tailles de coussinets et de bandeaux de maintien.

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La zone de démo du Vision Pro dans un Apple Store. © 01net

Puisqu’on en est là, évoquons justement ces fameux bandeaux. Apple en fournit là aussi deux modèles, très différents. Le premier, c’est celui que le constructeur met beaucoup en avant, le Solo Knit. Il se positionne tout autour de la tête, avec une molette sur la branche de droite pour le serrer ou le desserrer au besoin. Si ce bandeau a plutôt la classe, il faut bien reconnaitre qu’en termes de confort, ce n’est pas l’idéal en raison du poids du casque.

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Le Dual Loop, avec son harnais qui entoure la tête à l’arrière et au-dessus, est certainement moins sexy que le Solo Knit, mais il permet de mieux répartir le poids du casque. Si Apple a senti qu’il fallait livrer un tel bandeau — un accessoire vendu 99 $ —, c’est pour une très bonne raison : le casque n’a rien de léger. Sans bandeau, il pèse de 600 à 650 grammes selon le bandeau utilisé. C’est bien davantage que les 515 grammes du Quest 3.

Le système de fixation des bandeaux est très ingénieux ; il suffit de tirer sur la languette orange pour les désengager des branches du casque.

Le Vision Pro finit invariablement par peser, et on ne peut s’empêcher de penser qu’Apple a préféré miser sur l’épate pour son premier « ordinateur spatial » plutôt que de penser au confort des utilisateurs. Le plastique est certes moins flatteur que l’aluminium et le verre, mais ce matériau pèse aussi moins lourd… Ce d’autant qu’il faut y ajouter la batterie !

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La batterie du Vision Pro est un crève-cœur. Nul doute qu’Apple aurait voulu qu’elle soit intégrée à même le casque, mais en l’état actuel des choses c’était probablement hors de portée. Ou alors si, placée à l’arrière de la tête comme avec le Quest Pro. Mais avec sa batterie de 353 g, le Vision Pro aurait alors flirté avec le kilo. Le casque haut de gamme de Meta pèse 722 g, dont 522 g portés vers l’avant.

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La seule solution qui restait à Apple, c’est donc celle d’une batterie externe et c’est sûrement un des plus gros défauts du casque. L’épais câble ne parvient jamais à se faire oublier, que l’on soit stationnaire ou en mouvement, il vient toujours se frotter à l’oreille ou sur la nuque. Son poids et son encombrement (l’épaisseur de deux iPhone 15) n’aident en rien à faire disparaitre ce qui ressemble à un mal nécessaire.

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La batterie du casque s’attache au casque par l’intermédiaire d’un bouton à tourner sur la branche gauche du casque. © 01net.

 

En tapotant la batterie, la LED affiche le statut de charge. © 01net

L’autonomie annoncée par Apple est de 2 heures en usage général, et de 2h30 en lecture vidéo. La batterie, d’une capacité de 35,9 Wh (celle de l’iPhone 15 Pro est de 17,3 Wh) se montre dans les faits un peu plus généreuse avec 2 heures et 20 minutes en usage bureautique (web, écran du Mac, streaming de musique, réseaux sociaux) et environ 2 heures et 45 minutes en lecture de vidéo. Pile le temps d’un blockbuster…

Des capteurs et des caméras à gogo

Le Vision Pro est un intense condensé de technologie. Le casque contient en effet 12 caméras en tout dont 2 capteurs principaux haute définition, 6 pour capter l’environnement et 4 pour le suivi des yeux ; à cet arsenal s’ajoutent deux capteurs TrueDepth et un Lidar pour les informations de profondeur. 4 unités de mesure inertielle sont également présentes, ce sont des dispositifs de suivi des mouvements physiques. Un ensemble de 6 micros forme un faisceau directionnel qui améliore la qualité de la capture sonore.

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Soulevons le capot du Vision Pro. © iFixit

Toutes les données remontées par ces capteurs sont gérées par une puce spécifiquement dédiée, la R1. Elle permet aux images captées par les caméras du casque de s’afficher sur les écrans internes avec une latence de 12 millisecondes. En matière de réalité virtuelle et augmentée, la latence est vraiment l’ennemie car elle est responsable de la cinétose, ou du mal des transports, qui se produit lorsque le cerveau perçoit un décalage entre les mouvements physiques et la réponse visuelle dans l’environnement virtuel.

Les capacités de calcul du Vision Pro ont été confiées à une puce M2 dotée d’un processeur de 8 cœurs (4 performants, 4 économes), d’un GPU de 10 cœurs et d’un Neural Engine de 16 cœurs, ainsi que de 16 Go de mémoire unifiée. C’est la même puce que les MacBook Air 15 pouces, avec le double de mémoire vive. Autant dire un moteur particulièrement puissant au service des applications visionOS et de l’interface du casque !

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Optic ID se met en action au moment d’authentifier l’utilisateur. © 01net

Le Vision Pro inaugure une nouvelle forme d’authentification biométrique : après Touch ID (empreinte digitale) et Face ID (visage), voici venir Optic ID ! Les achats que l’on peut faire dans l’App Store ou tout simplement l’identification de l’utilisateur quand il met le casque sont sécurisés par une reconnaissance de son iris. Les données sont stockées en local dans une enclave sécurisée.

Au niveau de la connectivité, l’appareil est compatible avec le Bluetooth 5.3 et le Wi-Fi 6. Pas de Wi-Fi 6E malheureusement, qui aurait été le bienvenu avec sa plage de fréquences supplémentaires (le 6 GHz en plus de 2,4 et du 5 GHz) et ses capacités en plus. Apple commercialise le Vision Pro en trois configurations qui ne sont différenciées que par leur espace de stockage : 256 Go (3 499 $), 512 Go (3 699 $) et 1 To (3 899 $). Comme d’habitude avec le constructeur, le Go se paie au prix de l’or…

Une interface au doigt et à l’œil, la plupart du temps

visionOS, le système d’exploitation du Vision Pro, ne ressemble à rien de connu… ou alors, un peu, à iPadOS, dans son interface. On retrouve l’écran d’accueil à base de grosses icônes (elles sont rondes pour les apps optimisées visionOS, carrées pour les apps iOS et iPadOS compatibles), tandis que le design des apps en elles-même rappelle celui de leurs homologues sur iPhone et iPad.

Et pour cause : la majorité des applications iOS et iPadOS fonctionnent telles quelles sur le Vision Pro ! Apple vante plus d’un million d’apps déjà disponibles pour son casque de réalité mixte, ce qui est un avantage majeur face aux autres plateformes VR/AR. Néanmoins, il faut reconnaitre qu’il est quand même beaucoup plus agréable de manipuler des apps visionOS.

Les applications conçues pour le système d’exploitation bénéficient non seulement des effets de transparence et de profondeur propres à la plateforme, mais généralement les développeurs ne se sont pas arrêtés là : ils ont aussi adapté l’interface de leurs apps au contrôle oculaire. Ce qui veut dire concrètement des boutons plus gros et bien espacés !

Le contrôle de l’interface par le regard, c’est la première chose à apprendre. Cela parait évident : il suffit de regarder un élément d’interface (une barre, un bouton, un lien, une icône…) pour qu’il apparaisse en surbrillance. On est très loin de la manipulation à la souris ou au doigt ! Et mine de rien, cela demande tout de même un petit effort de concentration.

Tous ceux dont le regard a l’habitude de virevolter sur leurs écrans vont devoir apprendre à davantage fixer les choses. Une option d’accessibilité « Pointer Control » affiche le curseur qui suit le regard, cela peut aider pour s’entraîner et se discipliner. Globalement, ces interactions se montrent efficaces… sauf quand elles perdent la boule.

Il arrive assez fréquemment que les éléments d’interface que l’on cherche à manipuler ne soient pas sélectionnés alors qu’ils sont sous son regard insistant. Ou alors ils sont bien sélectionnés, mais pas en surbrillance, ce qui revient au même : dans les deux cas, visionOS est aux fraises et c’est la crise de nerfs assuré.

Le contrôle oculaire n’est que la moitié du travail. Le Vision Pro combine le suivi du regard avec celui des mains. Sélectionner un bouton avec les yeux, c’est bien, mais pouvoir en faire quelque chose, c’est encore mieux ! C’est pourquoi Apple a imaginé des gestes intuitifs pour contrôler l’interface ; le plus important étant de pincer le pouce et l’index, qui simule un clic.

En maintenant les deux doigts ensemble et en bougeant le poignet, il devient possible de déplacer une fenêtre, de balayer un élément (un mail par exemple) ou encore de scroller dans une liste ou une page web. Ce même geste de maintien des deux doigts affiche également des options supplémentaires ou l’aperçu d’un lien web.

Quand tout cela fonctionne bien, il y a indéniablement un aspect magique qui rappelle les premiers moments passés avec une souris, ou l’écran tactile de l’iPhone. Et cela marche 90 % du temps. On retient malheureusement plus volontiers les 10 % restants où le « clic » n’est pas pris en compte ou correctement interprété par le système. Combien de fois avons nous pesté quand Safari ou Mail affichent l’aperçu d’une page web par accident !

Le pire dans ce domaine demeure le clavier virtuel. Il est possible de « taper » sur les touches, mais évidemment il n’y a aucun retour physique et souvent les lettres ne sont tout simplement pas saisies malgré toute notre bonne volonté. Reste la saisie en combinant le regard et le « clic » des doigts, mais c’est très lent, et une fois sur trois le clavier prend un clic normal pour un clic prolongé. Résultat : il affiche les déclinaisons de la lettre (« é », « ê », « ë », etc.) plutôt que la lettre elle même.

À cela s’ajoute l’absence de clavier français et donc de dictionnaire en français, ce qui oblige à une relecture prudente des mots que le système « corrige » en anglais, en croyant bien faire. Évidemment, difficile pour le coup d’en vouloir à Apple puisque le Vision Pro n’est commercialisé qu’aux États-Unis.

Une fois un mot ou une phrase saisies, encore faut-il pouvoir la corriger le cas échéant. Là aussi, ce n’est guère évident : Apple a repris son système de surbrillance bleue avec des poignées de sélection. Celles-ci sont trop petites pour être contrôlées avec le regard et les doigts, et le menu d’options est particulièrement pénible à s’afficher pour un rien.

Il y a eu, à l’évidence, énormément de travail de la part d’Apple pour mettre au point et peaufiner une navigation efficace et adaptée au paradigme de l’informatique spatiale. On peut être admiratif du résultat, tout en pointant que tout n’est pas parfait, loin de là !

L’immersion était presque parfaite

Tim Cook n’a cessé de le répéter toutes ces années : la réalité virtuelle isole, car c’est sa nature profonde. C’est pourquoi Apple, sans renier la réalité virtuelle (on y reviendra) a pris le chemin de la réalité augmentée, autrement dit des objets virtuels qui se superposent sur l’environnement immédiat de l’utilisateur.

En attendant que des écrans transparents suffisamment performants puissent faire illusion, le Vision Pro embarque donc une batterie de capteurs, de caméras et d’écrans parmi les plus performants du marché pour que les utilisateurs puissent se plonger au milieu de leurs apps, tout en restant dans leur environnement direct.

Apple Vision Pro Test 3
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La vidéo « passthrough » du Vision Pro offre sans aucun doute la meilleure qualité possible. Ça n’a rien à voir avec celle proposée par le plus modeste Quest 3, qui est granuleuse et délavée (même si elle reste lisible). Le casque d’Apple parvient à reproduire l’extérieur de manière beaucoup plus convaincante — il est même possible de lire l’écran de son iPhone ou de son Apple Watch au travers des caméras du Vision Pro !

Il faut néanmoins reconnaitre que les couleurs ne sont pas aussi naturelles que dans la vraie vie (ou que dans les jolies photos d’Apple), que tout y est un peu plus sombre et plus granuleux. C’est le cas quand la lumière commence à tomber, mais aussi dans une lumière qu’on pourrait considérer comme normale.

Il n’y a rien de véritablement étonnant ni scandaleux ici : pour fonctionner correctement, une caméra a besoin de lumière ! Apple n’est pas encore parvenue à tordre les lois de la nature et de la physique pour ses besoins. Ceci étant dit, les 23 millions de pixels des deux écrans micro-OLED « timbre poste » confèrent aux applications et à l’ensemble de l’expérience visuelle du Vision Pro un cachet vraiment épatant, là aussi supérieur à ce que peut offrir un Quest 3. Ces écrans reproduisent 92 % de la gamme de couleurs DCI-P3, pas si éloigné des 95 à 100 % des dalles OLED haut de gamme.

Apple Vision Pro Test 13
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Il y a indéniablement quelque chose d’assez extraordinaire à se balader au milieu de ses applications. C’est encore plus impressionnant quand ces mêmes apps sont placées un peu partout dans la maison, par exemple l’app Disney+ dans le salon (à la place de la télé) ou une app de recettes dans la cuisine. Les fenêtres flottantes de ces applications attendent sagement à leur place qu’on vienne les utiliser. Évidemment, ce serait encore mieux si le Vision Pro ne ressemblait pas à une grosse paire de lunettes de ski, mais l’effet est indéniablement saisissant !

Si les apps restent sagement en place, il n’existe pas d’option pour qu’une app puisse suivre vos mouvements. Ceux qui ont l’habitude de faire les cent pas ou tout simplement de marcher un peu au bureau ne pourront pas continuer à travailler dans une application, à moins de recentrer sans cesse toutes les fenêtres d’apps devant leurs yeux (en maintenant appuyé le bouton de la couronne digitale).

Ce qui est beaucoup moins saisissant en revanche, c’est le champ de vision du Vision Pro. Nos yeux voient de manière panoramique, on peut deviner aisément ce qui se passe en périphérie, tout à fait à sa gauche et à sa droite, en haut et en bas. La vue est beaucoup plus contrainte sur les casques de réalité virtuelle et augmentée, et c’est le cas aussi sur celui d’Apple qui malheureusement, ne donne pas de chiffre.

Le champ de vision du Vision Pro est en tout cas inférieur à celui du Quest 3 (110 degrés à l’horizontal). Le résultat, c’est une bande noire qui serpente tout au long des deux écrans, et qui donne une sensation de tunnel ou d’œillères autour des yeux. Cela oblige fréquemment à bouger la tête pour pouvoir consulter les apps placées sur les côtés, donc potentiellement davantage de fatigue.

Vous avez probablement remarqué que les extrémités des apps apparaissent floues sur les captures d’écran. Elles ne le sont pas pour l’utilisateur, du moins il n’en a pas vraiment conscience. Quand nous regardons quelque chose, l’objet de notre attention est net tandis qu’on devine du flou tout autour. Le cerveau traite activement les informations visuelles qu’il reçoit, en mettant l’accent sur la zone que nous regardons directement et en attribuant moins de traitement aux informations périphériques.

Les constructeurs de casques VR/AR ne font pas autrement avec le rendu fovéal, qui concentre les ressources de calcul pour rendre les images avec une haute résolution et un niveau de détail élevé au centre du champ visuel, là où l’acuité visuelle est la plus forte (la fovéa). Il utilise une résolution plus basse et moins de détails pour les zones périphériques, où la vision est moins précise. Le Vision Pro ne manque certes pas de puissance avec ses puces M2 et R1, mais tout est bon à prendre pour réaliser des économies de calcul, ce qui permet au passage d’économiser un peu de batterie.

Apple veut absolument éviter de comparer son Vision Pro avec un casque de réalité virtuelle, mais il va sans dire que le Vision Pro est aussi et indubitablement un casque de réalité virtuelle. Des environnements sont ainsi proposés pour se retrouver au milieu du parc national de Yosemite ou sur la Lune, et pourquoi pas ! En tournant la couronne digitale, on s’immergera plus ou moins profondément dans l’environnement choisi, dont on percevra des bruits caractéristiques (le vent, l’eau…).

Et bien sûr, ces « fonds d’écran » se superposent à l’environnement réel, mais pas aux applications. Pour respirer un coup ou pour sortir du train-train quotidien du bureau, ces environnements sont les bienvenus, ce d’autant qu’ils sont fournis en deux versions, claire et sombre. Il ne reste plus à Apple qu’à en fournir beaucoup, beaucoup plus — plusieurs sont déjà prévus, et on espère que les développeurs pourront un jour en proposer.

L’ouverture au monde, une fausse bonne idée

Avouons-le, porter un tel casque aujourd’hui n’est guère accepté, socialement parlant. Ça ne changera peut-être jamais, probablement pour le meilleur en attendant que les technologies soient au rendez-vous pour des lunettes connectées légères et discrètes. Mais on n’en est pas là !

À l’isolement naturel du casque s’ajoute donc celui des personnes qui entourent le porteur de l’appareil. Pour Apple, ça n’est pas une fatalité. Le constructeur a mis un point d’honneur à ouvrir le Vision Pro au monde avec plusieurs fonctions « sociales » détonnantes. La première est l’écran EyeSight tout droit sorti d’une dystopie. Rendez-vous compte, il affiche les yeux de l’utilisateur lorsque quelqu’un d’autre le regarde !

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Le regard est reproduit en stéréoscopie grâce à un écran lenticulaire, dont la qualité rappelle celle de la Nintendo 3DS qui utilisait une technologie similaire. Malgré les années qui séparent ces deux appareils, sur le Vision Pro, la reproduction est plus granuleuse et les couleurs sont franchement délavées. Le résultat oscille entre l’amusement gêné et l’effroi, aussi bien pour l’utilisateur que pour la personne en face. Apple a manifestement beaucoup investi dans cette étrange fonction dont la rumeur attribue la paternité à Jony Ive, à l’époque où l’ex-designer en chef de l’entreprise y faisait la pluie et le beau temps. Mauvaise pioche ?

Au vu des réactions épidermiques que provoque l’apparition fantomatique des yeux sur cet écran externe, on ne donne pas cher de cette innovation dans une deuxième génération. Sa suppression pure et simple permettrait non seulement de réduire la pression sur la batterie et donc d’améliorer l’autonomie, mais aussi de gratter une somme qu’on imagine substantielle sur la facture de composants !

L’autre fonction pour le moins bizarre du Vision Pro en matière de relations sociales, c’est le Persona. Il s’agit d’un avatar numérique qui « remplace » l’utilisateur lors des appels FaceTime ; en fait, cette réplique virtuelle apparait dans toutes les apps faisant habituellement appel à une webcam. Le processus de création du Persona passe par la caméra placée à l’avant du casque. Il n’y a rien de très sorcier, cela ressemble beaucoup à la configuration initiale pour Face ID, en suivant les instructions vocales données par le casque.

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Les lunettes virtuelles pour le Persona. © 01net

Là aussi, le résultat est plus ou moins de bon goût. Dans notre cas très particulier, le Persona généré par le Vision Pro nous donne 10 ans de moins, ce qui est toujours bon à prendre, mais une coupe de cheveux digne d’un Playmobil ! Durant les appels, l’avatar reproduit les mouvements du visage et de la tête de l’utilisateur, ainsi que ceux des mains. Cela peut provoquer l’hilarité ou la peur panique, selon les correspondants !

On comprend que pour des réunions entre collègues ou des appels professionnels, personne ne veut apparaitre sous la forme de l’Animoji lapin ou du Memoji crotte. Le Persona est donc ce qu’il y a de mieux… Mais pour les coups de fil entre amis et avec la famille, Apple aurait pu laisser la possibilité d’apparaitre sous une forme plus cartoonesque. Peut-être dans une future mise à jour ?

Le constructeur admet que la fonction Persona est loin d’être parfaite, puisqu’elle est en bêta. Le hic, c’est qu’à l’heure actuelle la technologie ne permet pas de faire beaucoup mieux.

Quoi qu’il en soit, Apple tient vraiment à connecter l’utilisateur du Vision Pro avec le reste du monde. L’écran d’accueil ne contient que trois onglets : les apps, les environnements, et People, pour lancer des appels FaceTime avec ses contacts. C’est donc une fonction pivot à laquelle la firme à la pomme tient mordicus. Mais est-ce qu’elle passera le test de la réalité des usages ?

Apple avait déjà fait le coup du lien avec le reste du monde avec l’Apple Watch. Ces fonctions présentées en grande pompe (rappelez-vous les battements de cœur que l’on pouvait partager) ont été parmi les premières à disparaitre. Le sort des fonctions sociales du Vision Pro n’est pas encore scellé, mais il est difficile d’être optimiste…

Le Vision Pro est suffisamment gros et sa batterie suffisamment malcommode pour confiner l’appareil à une utilisation en intérieur. Mais bien sûr, rien n’empêche de le porter dans le monde extérieur, ce d’autant que la vidéo « passthrough » diffuse efficacement l’environnement immédiat. Certains testeurs n’ont pas manqué de faire les zozos dans la rue, dans le métro ou au restaurant. Évidemment, ça n’est pas du tout adapté, d’abord parce que les apps ne suivent pas l’utilisateur ; il faut rester sur place… Et puis franchement, quelle allure avec ce gros machin devant les yeux.

Néanmoins, le Vision Pro porte en lui les germes d’un futur possible, dans lequel on portera des lunettes (voire des lentilles de contact ?) capables d’afficher du contenu sur leur verre tout en restant connecté au monde qui nous entoure, le tout sans batterie encombrante et sans effrayer les personnes à côté de soi. Ce monde n’est pas encore né, et rien ne dit que les technologies seront un jour au rendez-vous — mais le souhaite-on réellement ?

Du divertissement haut de gamme, mais en solo

La meilleure salle de cinéma 3D, c’est celle qu’on a toujours avec soi ! Cet adage (qui à l’origine concernait les appareils photo…) s’applique parfaitement au Vision Pro pour apprécier les films en relief. Certes, l’effet est passé de mode même si des blockbusters comme Avatar tentent de raviver régulièrement la flamme. Mais il n’en reste pas moins impressionnant avec la poignée de titres disponibles dans Disney+ et l’app Apple TV.

L’app Disney+ propose 4 environnements exclusifs : une salle de cinéma inspirée du El Capitan Theatre à Hollywood, le niveau terreur de Monstres et Cie, la tour Avengers à New York et le cockpit du landspeeder de Luke Skywalker sur Tatooine. © 01net

Le Vision Pro ne s’arrête pas à la 3D. En plus du support de la 4K et du HDR (Dolby Vision, HDR10 et HLG), le casque prend aussi en charge le HFR (High Frame Rate), une technologie de projection supérieure à la norme traditionnelle de 24 images par seconde. Avatar : la Voie de l’eau, est ainsi visible en 3D donc, mais aussi en 48 i/s sur Disney+ (il n’y a d’ailleurs pas le choix, c’est tout ou rien) !

Le débat est toujours vif concernant l’intérêt du HFR, mais l’expérience mérite vraiment le coup d’œil rien que pour cet aspect démo technique (l’intérêt du métrage en lui-même est plus discutable, mais passons). Les films et séries TV plus classiques sont eux aussi bien accueillis par le Vision Pro. La télé du salon paraît bien fade à côté du casque d’Apple, qui peut projeter un écran virtuel de 100 pouces (plus de 250 cm) en 4K.

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L’app Apple TV. © 01net

Le système d’audio spatial ajoute une touche immersive supplémentaire ; chaque haut parleur produit un son spatialisé en fonction des propriétés acoustiques de la pièce où on se trouve. Regarder un film au fin fond de son canapé ou de son lit, plongé dans un environnement virtuel, est une expérience à même de faire oublier les salles de cinéma les plus prestigieuses ! Seul hic, il est un peu difficile de boire ou de manger avec le Vision Pro sur le nez…

Apple a aussi soigné la consultation de photos et de vidéos, tout particulièrement les spatiales. L’iPhone 15 Pro est capable de réaliser des prises de vue en relief, tout comme le Vision Pro. Les photos et vidéos réalisées avec le casque offrent davantage de profondeur que celles prises avec le smartphone. L’app Photos propose un mode d’affichage immersif pour ces contenus, qui permet de s’approcher au plus près du sujet. Il faut bien avouer que l’effet est vraiment étonnant, et même troublant. On n’est plus très loin des vidéos holographiques de Minority Report

L’appareil photo du Vision Pro est malheureusement moins épatant quand on les regarde dans une bête 2D sur autre chose que le casque. Les clichés au format carré (2 560 x 2 560) sont réalisés par un capteur « stéréo » de 6,5 mégapixels, avec 18 mm de focale et une ouverture à ƒ/2.0. Il faut pas mal de lumière pour obtenir des photos potables qui rendront de toute façon bien mieux dans le casque qu’ailleurs. Le capteur claque en fait deux photos, une pour chaque œil, alors que les photos classiques en mode Portrait prises par l’iPhone intègrent des informations de profondeur.

Si l’on trouvera de quoi s’occuper avec les applications de streaming déjà disponibles, difficile pourtant d’occulter la bouderie des deux poids lourds du secteur : YouTube et Netflix. Ces plateformes ne sont accessibles qu’au travers de Safari, ce qui n’est pas formidable : les interfaces web de ces services ne sont pas adaptées à la navigation oculaire, et puis il est impossible de télécharger du contenu de Netflix pour une consultation hors connexion…

Netflix semble camper sur une position qui se résume par la toute petite audience du Vision Pro, un produit de niche effectivement. Du côté de YouTube, changement de ton : une version visionOS de l’application est finalement sur la feuille de route de Google. Espérons qu’elle prendra en charge les vidéos en VR et en 3D disponibles sur la plateforme !

L’app Juno est un client alternatif pour YouTube joliment fait, en attendant l’application officielle. © 01net

Le jeu vidéo a été la cinquième roue du carrosse pendant des années et des années chez Apple, et même si le constructeur semble avoir redécouvert le secteur depuis l’iPhone 15 et la sortie de titres AAA sur la gamme Pro, le désintérêt patent de la marque pour tout ce qui est vidéo-ludique n’aide pas le Vision Pro.

Certes, le casque est compatible avec les manettes des consoles, ce qui permet de jouer à la majorité des jeux iOS, iPadOS et Apple Arcade dans des fenêtres en 2D. Certes aussi, il y a bien quelques titres spécifiques à pratiquer avec les doigts comme Super Fruit Ninja, Cut the Rope 3, ou encore les jeux de société de Game Room, tous jouables en réalité augmentée. On reste globalement sur du jeu mobile, ce qui n’a rien de péjoratif mais le Vision Pro a les capacités techniques (et le prix !) pour faire tourner les gros jeux PC et consoles du moment.

Il n’existe pas (pas encore ?) de jeux en réalité virtuelle compatibles avec le Vision Pro, comme Resident Evil Village VR, Half-Life: Alyx, ou encore l’excellent Asgard’s Wrath II — ce qui est assez logique pour ce dernier, vu que c’est le jeu VR de référence de la plateforme Quest. On se prend à rêver qu’Apple finance elle-même le développement d’un jeu d’une telle ampleur pour visionOS, mais hélas il faudra certainement se contenter des jeux conçus pour l’iPhone et l’iPad.

Le jeu Game Room avec ses jeux de société en réalité augmentée font une très bonne démo du Vision Pro. © 01net

Fort heureusement, Steam Link peut être installé sur le Vision Pro (même s’il s’agit de l’app iPad), pour pratiquer ses jeux Steam projetés dans une fenêtre virtuelle géante ! Il faudra cependant posséder un PC suffisamment puissant et une bonne connexion Wi-Fi pour apprécier pleinement l’expérience. Hélas, Steam VR n’est pas (encore ?) disponible pour pouvoir jouer dans le Vision Pro aux jeux Steam conçus pour la réalité virtuelle.

Dernière possibilité pour jouer un peu sérieusement avec le casque : le Mac ! La recopie vidéo de l’écran du Mac fonctionne rudement bien avec les jeux macOS, qui est loin d’être la plateforme gaming de prédilection. Le catalogue compte tout de même quelques blockbusters comme Baldur’s Gate III, Lies of P ou encore Resident Evil 4 Remake. L’immersion n’est cependant pas complète à cause d’un bête bug : l’audio reste en effet cantonnée au Mac ! Impossible d’écouter la bande son ou les bruitages du jeu dans le casque, c’est ballot. On croise les doigts pour un correctif rapide.

Que ce soit pour regarder un film ou les photos du petit dernier en 3D, il faut avoir en tête que le Vision Pro est un appareil éminemment solo. Certes, il est toujours possible d’utiliser SharePlay pour organiser une séance de cinéma avec quelqu’un d’autre, qui peut lui-même être équipé d’un Vision Pro ou d’un appareil Apple quelconque. Mais on imagine assez mal deux personnes assises côte à côte, l’une avec un casque sur la tête et l’autre avec un iPhone ou un iPad en train de regarder le même programme ? Autant allumer la télé pour que tout le monde en profite en même temps.

Un ordinateur castré, frustrant, mais prometteur

Avec un ticket d’entrée aussi élevé, le Vision Pro a plutôt intérêt à être rentable, au-delà du jeu et des vidéos en 3D ! Le casque peut s’intégrer dans une routine de bureau, pour peu que l’on calibre ses attentes. Dans notre cas particulier, qui est celui d’un journaliste pour 01net.com, le Vision Pro a trouvé sa place, mais cette expérience ne s’appliquera pas nécessairement aux besoins de tout un chacun.

Le Vision Pro peut afficher une recopie vidéo de l’écran d’un Mac, qui n’est plus contraint par les limites physiques d’un moniteur. Rien n’empêche d’avoir un écran de Mac de 100 pouces devant les yeux ! La résolution maximale est de 4K avec les Mac équipés de puces Apple (M1, M2, M3 et leurs variantes), et de 3K pour les Mac Intel.

Vision Pro écrans Mac
Les réglages de la recopie d’écran du Vision Pro sur macOS. © 01net

Les réglages « Écrans » du Mac permettent effectivement de pousser jusqu’à 3 840 x 2 160, mais la résolution sera alors qualifiée de « basse » par le système. L’interface et le texte apparaissent assez petits. La résolution par défaut (2 560 x 1 440) est, de notre point de vue du moins, bien suffisante. Si l’affichage est bien assez précis pour notre usage, les professionnels de l’image et de la vidéo, ou tous ceux qui ont besoin de travailler au pixel près, risquent de trouver cela insuffisant.

Autre écueil : à l’heure actuelle, le Vision Pro ne peut reproduire qu’un seul écran de Mac. Il se murmure qu’à Cupertino, des ingénieurs Apple expérimentent avec une configuration à deux écrans, ce qui couvrira dès lors un grand nombre de besoins. En attendant, on peut compenser en disposant tout autour de la fenêtre du Mac des applications visionOS. Ce que nous avons fait avec le client Ice Cubes (un client Mastodon optimisé visionOS), Slack (messagerie) et Feedly (flux RSS), deux apps iPad. L’application Broadcasts, pour écouter la radio, est aussi présente dans un coin.

Une des principales difficultés de cette configuration est de ne pas s’emmêler les pinceaux dans les différences de fonctionnement et de contrôle des interfaces : malgré leur tronc commun, macOS et visionOS ne sont pas la même chose ! Heureusement, le Vision Pro prend en charge les claviers et trackpads connectés en Bluetooth avec l’ordinateur (on peut aussi jumeler ces périphériques directement avec le casque sans passer par le Mac). Étrangement, les souris ne sont pas encore compatibles.

Un clavier physique remplacera efficacement le clavier virtuel de visionOS, et le trackpad saura contrôler les apps du casque. Un curseur rond, qui rappelle celui d’iPadOS, remplace la navigation par le regard dans les applications visionOS et dans l’interface du système. Et à l’inverse du mode « passthrough »du Quest 3 qui rend très difficile la lecture des touches du clavier, au moins on y voit quelque chose avec le Vision Pro ! C’est très utile pour les utilisateurs qui ont parfois besoin de jeter un œil sur leur clavier histoire de viser correctement une touche…

En plus de gagner un espace immense pour placer ses applications à sa guise, le Vision Pro conserve ses capacités immersives. Pour un télétravailleur dont l’horizon se limite habituellement aux portes de son bureau, pouvoir plonger dans un des environnements d’Apple a quelque chose de rafraîchissant.

Voilà pour notre expérience, mais bien sûr chacun trouvera midi à sa porte, et peut-être que le Vision Pro sera insuffisant ou mal adapté. Apple a d’ailleurs du pain sur la planche pour améliorer la productivité sur son casque. À commencer tout bêtement par l’écran d’accueil : pensez donc, il n’est pas possible de réorganiser les icônes des applications ! Elles sont simplement rangées par ordre alphabétique, et c’est tout. Les apps iPadOS sont quant elles cantonnées à un dossier « Compatible Apps » dont elles ne peuvent s’extirper.

Quant au dock, pourtant une marque de fabrique des systèmes d’exploitation d’Apple depuis la première bêta de Mac OS X (et de son ancêtre NeXTSTEP), il est tout simplement aux abonnés absents ! Incompréhensible. Autre écueil : Safari ne sait pas installer de liens dans la page d’accueil, embêtant pour se rendre directement sur les services web qui n’ont pas encore d’applications dédiées (comme YouTube, Spotify ou Netflix).

Cela veut aussi dire que les plateformes de cloud gaming ne sont pas compatibles avec le Vision Pro pour le moment : aussi bien Xbox Cloud Gaming que GeForce NOW doivent être installées sur le bureau sous la forme d’une webapp, ce qui n’est pas possible actuellement. Courage, Apple a récemment annoncé que ces services allaient avoir droit de cité dans l’App Store.

Au rayon productivité, il est tout de même assez incroyable qu’Apple n’ait pas trouvé le temps, durant toutes ces années de développement du casque, d’optimiser ses applications les plus emblématiques. Seul Keynote a été adapté correctement ; Pages et Numbers devront être utilisées dans leur version pour iPad. De son côté, Microsoft a optimisé sa suite Office pour visionOS… Si des apps comme Podcasts, Calendrier, Plans et Maison sont pré-installées, elles sont prisonnières de l’infamant dossier « Compatible Apps », ce qui veut dire qu’elles n’ont pas été optimisées.

Vision Pro App Store
L’App Store de visionOS. © 01net

L’App Store est au rendez-vous pour palier les absences d’Apple. À l’instar de l’iPad, le Vision Pro n’a pas de calculatrice intégrée : PCalc sera une alternative épatante ! Mais tout cela sent l’impréparation et le bêta test, pour un appareil qui coûte aussi cher qu’un MacBook Pro 16 pouces haut de gamme… Rassurons nous, avec le temps Apple finira par rattraper son retard, il y a fort à parier que la version 2.0 de visionOS, qui pourrait être présentée en juin durant la WWDC, comblera pas mal de manques.

On nourrit moins d’espoir pour le branchement de périphériques externes sur le port USB-C de la batterie. Celui-ci ne sert qu’à la recharge, y brancher une clé USB ou un disque externe n’a aucun effet. L’app Fichiers de visionOS permet d’accéder à ses documents iCloud, à ses espaces en ligne type Dropbox, ou encore au stockage du casque (un accès limité aux fichiers et documents déposés par les applications). C’est mieux que rien, mais niveau connectivité filaire le Vision Pro est encore pire qu’un iPad !

Autre aspect de visionOS qui mérite un travail de fond : les notifications. Elles se contentent actuellement d’apparaître sous la forme de l’icône de l’app d’où provient l’alerte. L’aperçu de la notification n’est disponible que dans le centre de contrôle du Vision Pro, ce qui n’est guère pratique (il faut aller « chercher » le centre de contrôle en regardant vers le haut). Il y a certainement ici moyen de faire mieux et plus efficace.

Vision Pro Notifications
Le centre de notifications dans visionOS. © 01net

visionOS est un système d’exploitation balbutiant à qui il manque de nombreuses fonctions basiques. On songe notamment à un système de gestion des fenêtres à la manière d’Exposé qui permet de visualiser toutes les fenêtres ouvertes présentées sous la forme de vignettes, de Mission Control pour gérer plus facilement toutes les apps ouvertes et les différents bureaux virtuels (eux aussi absents), voire de Stage Manager.

Au-delà de ces fonctionnalités et de ces apps pas abouties — et qui finiront sûrement par être améliorées —, une des craintes pour l’avenir de la plateforme visionOS est liée à son ancrage dans le jardin fermé d’Apple. L’entreprise a dilapidé son crédit auprès de nombreux développeurs, pendant des années avec les règles byzantines et kafkaïennes de l’App Store, puis avec la mauvaise volonté manifeste dont le constructeur fait preuve pour respecter les dispositions des régulateurs et les décisions de justice qui ne vont pas dans son sens.

C’est la raison pour laquelle Spotify (et probablement Netflix) se font tirer l’oreille pour investir dans le Vision Pro. D’autres développeurs échaudés rechignent aussi à optimiser leurs applications pour le nouveau système d’exploitation. VisionOS risque donc d’être relativement limité en termes d’offre logicielle, et cela risque de durer un long moment au vu du prix exorbitant de l’appareil qui interdit une démocratisation rapide.

Vous allez nous dire, c’est pareil chez Meta ! Certes, là plateforme Quest est elle aussi fermée… mais avec un peu de bidouille rien n’empêche d’y installer une app en sideloading. Et puis Meta n’a pas la prétention de réinventer l’informatique : le Quest est un casque aux usages bien délimités (globalement le jeu et dans une moindre mesure, le fitness).

Faut-il attendre le futur pour acheter l’ordinateur du futur ?

Au bout de ce long test, il est toujours aussi difficile de se faire une idée du Vision Pro ! Le casque de réalité mixte d’Apple combine un grand nombre de technologies dont certaines sont plus abouties que d’autres. L’appareil en lui-même a fière allure, mais il est un peu lourd et la batterie externe est pénible.

Apple Vision Pro Test 1
© 01net

La navigation au doigt et à l’œil a quelque chose de magique, sauf quand elle bloque. La vidéo « passthrough » est convaincante, même si on aurait aimé qu’elle se rapproche encore plus de la réalité. Le champ de vision aurait pu être élargi. L’interface de visionOS ressemble davantage à une bêta et il lui manque des fonctions de base.

Bref, le Vision Pro est clairement une première génération qui enthousiasme et déçoit tout à la fois. Après des années et des années de développement, l’appareil a un côté déceptif : tout ça pour ça ? Après tout, Apple n’a pas inventé la réalité virtuelle, ni la réalité augmentée. La stratégie du constructeur n’est pas nécessairement de se lancer à corps perdu dans une nouvelle technologie à la mode (cela lui arrive parfois, comme pour les AirPods), mais de prendre le temps de la peaufiner jusqu’à aboutir à un design et des fonctionnalités dont la concurrence finit immanquablement par s’emparer. Il se murmure d’ailleurs que Samsung prépare son propre casque de réalité mixte…

Le Vision Pro va plus loin que bien des concurrents sur de nombreux points, à un prix beaucoup trop élevé pour le commun des mortels. Mais il est difficile de voir dans ce produit la « forme finale » d’un casque de réalité mixte. Les plus critiques diront qu’il s’agit d’un prototype vendu trop cher, et ils auront raison en partie. Les autres salueront la prouesse technologique et la promesse d’un futur excitant pour l’informatique. Tout comme l’avaient été le Mac de 1984 et l’iPhone de 2007…

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