Le site américain de vente en ligne Wish est dans le collimateur du gouvernement. Trois ministres (Bruno Le Maire pour l’économie, Alain Griset pour les PME, et Cédric O pour le numérique) viennent de faire une annonce commune pour faire part d’une mesure exceptionnelle.
Ils ordonnent aux principaux gestionnaires de moteurs de recherche et aux magasins d’applications de déréférencer le site, ainsi que son appli. Le site restera toutefois accessible en tapant son adresse directe : www.wish.com.
Cédric O précise :
« C’est avec détermination que nous avons pris aujourd’hui une décision forte et inédite. Il n’est acceptable pour une plateforme en ligne ni de vendre des produits qui ne sont pas au standard européen, ni de ne pas coopérer avec les autorités lorsqu’il s’agit de protéger les consommateurs. »
Pourquoi une telle mesure ? Parce que Wish est une plate-forme de marché (marketplace) qui peut proposer des produits non conformes, voire dangereux. C’est ce qu’a montré une enquête commencée en septembre 2020 par le Service National d’Enquête (SNE) de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Cette enquête a porté sur plus de 140 produits vendus sur le site. Elle a révélé un taux de dangerosité très important dans certaines catégories telles que les jouets (95 % non conformes, dont 45% dangereux), les appareils électriques (95 % non conformes, dont 90% dangereux) et les bijoux fantaisie (62 % dangereux). Des exemples sont consultables sur le site du ministère de l’Economie.
En outre, la plate-forme propose aussi des contrefaçons, et n’effectue pas les retraits et les rappels de produits dangereux de manière satisfaisante. Les produits sont bien retirés sous 24 h, mais sont à nouveau proposés sur le site sous d’autres noms.
Certes, le consommateur reçoit un courrier lors du rappel, mais celui-ci est très évasif et ne précise pas les motifs liés à la dangerosité quand cela est le cas.
A découvrir aussi en vidéo :
A la mi-juillet, la plate-forme Wish a été contactée par la DGCCRF pour rectifier le tir, avec un délai de deux mois pour obtempérer. Devant l’absence de mise en conformité, les ministres Bruno Le Maire, Alain Griset et Cédric O ont décidé d’agir en utilisant pour la première fois en Europe un nouveau dispositif de protection du consommateur.
Celui-ci est prévu par le droit européen et inscrit dans le code de la consommation (article L. 521-3-1). Il prévoit en autres le déréférencement du site dans les cas les plus graves et peut même aller jusqu’au blocage d’un site, ou d’une application, voire le blocage d’un nom de domaine. Dans le cas de Wish, le déréférencement pourra être levé si la plate-forme se met en conformité avec les demandes de la DGCCRF.
La DGCCRF conseille aux consommateurs de rester très vigilants sur la sécurité des produits qu’ils achètent sur Internet, en particulier sur les plates-formes de type marketplace. Il est possible de consulter la liste des produits rappelés sur le site de la DGCCRF ou sur SignalConso.