L’Union européenne [UE] a l’occasion de prendre l’initiative et de protéger les droits fondamentaux de ses citoyens à la suite du « Catalangate », l’espionnage massif des dirigeants catalans. Le Citizen Lab de l’université de Toronto (Canada) a découvert que le logiciel de surveillance Pegasus, un logiciel espion développé et vendu par la société israélienne NSO Group – initialement conçu pour les forces de l’ordre afin de traquer les criminels et les terroristes –, a été utilisé par au moins 45 Etats, démocratiques ou autocratiques, pour espionner les opposants politiques. Le plus grand groupe documenté de ce type d’abus en Europe a été identifié en Catalogne, où il a été constaté que 65 téléphones ont été ciblés avec Pegasus entre 2017 et 2020.
On y retrouve des élus publics – dont trois anciens présidents catalans et le président actuel –, des ministres régionaux et des membres du Parlement catalan et du Parlement européen, ainsi que des journalistes, des militants de la société civile et même des membres de leur famille.
En outre, des avocats internationaux de renom, qui défendent les fonctionnaires catalans ayant fini dans les prisons espagnoles, ont été espionnés avant et pendant leur procès. Leurs téléphones portables ont été infectés par Pegasus.
Justification du gouvernement espagnol
Selon les enquêtes, tout ceci n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a encore des centaines d’appareils potentiellement infectés en Catalogne qui n’ont pas encore été analysés. Les deux années de recherche détaillées dans le rapport du « Catalangate » de Citizen Lab indiquent que « des preuves circonstancielles solides suggèrent un lien avec les autorités espagnoles ».
De fait, il est difficile d’imaginer que quelqu’un d’autre ciblerait un logiciel espion spécifiquement sur ces personnalités catalanes qui ont un point en commun : elles sont toutes ouvertement en faveur de l’indépendance de la Catalogne. En effet, elles préconisent des modes d’action identiques à ceux de l’Ecosse et du Québec, à savoir l’organisation d’un référendum en faveur de l’indépendance, contraignant mais pacifique.
Le président de la Catalogne, Pere Aragones, est l’une des victimes du piratage par le logiciel espion. Il a déclaré qu’il s’agissait « d’une attaque extrêmement grave contre les droits fondamentaux et la démocratie ». L’ancien président catalan, aujourd’hui membre du Parlement européen, Carles Puigdemont, a exhorté les dirigeants de l’exécutif européen à « demander des comptes à l’Espagne ».
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