le procès du fondateur de FTX commence, que risque-t-il ?

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Le procès de Sam Bankman-Fried, l’homme le plus détesté du monde des cryptomonnaies, va commencer. Le fondateur de FTX est accusé d’avoir détourné des milliards de dollars appartenant aux clients de la plateforme. Pointé du doigt par ses anciens collaborateurs, il devrait passer de longues années en prison.

Il y a près d’un an, FTX, la seconde plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies de l’industrie, s’est brusquement écroulé. Bien vite, il s’est avéré que Sam Bankman-Fried, PDG et fondateur de l’exchange, était en grande partie responsable de la faillite.

Le trentenaire, qui se présentait volontiers comme un philanthrope, a détourné des milliards de dollars appartenant aux clients de FTX. Avec les fonds de ses utilisateurs, il a acheté plusieurs entreprises, mis sur pied un véritable empire immobilier de luxe et financé les opérations de trading d’Alameda Research, une société sœur. En clair, il piochait dans l’argent confié par ses clients pour tenter des stratégies risquées. Cet excès de dépenses et d’imprudence a fini par peser sur les réserves de liquidités de FTX, qui n’a pas survécu à la baisse du cours des cryptomonnaies.

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Arrestation et liberté sous caution

Peu après la chute de FTX, Sam Bankman-Fried a été arrêté aux Bahamas, où se trouvait le siège social de sa société. Rapidement, il a été extradé aux États-Unis. Devant les tribunaux américains, il a continué de plaider son innocence. L’homme reconnaît de grosses erreurs de jugement, mais réfute avoir sciemment « détourné » les cryptomonnaies de la clientèle de FTX.

En mettant en garantie la résidence de ses parents, l’ancien milliardaire, dont la fortune s’est évaporée, est parvenu à obtenir sa liberté sous caution pendant plusieurs mois. Il a passé une grosse partie de 2023 assigné à résidence à Palo Alto dans la maison de ses parents.

Cet été, la liberté sous caution a été révoquée par un juge, estimant que Bankman-Fried a tenté d’influencer le témoignage de Caroline Ellison, l’ancienne dirigeante d’Alameda Research. La jeune femme, qui avait noué une relation amoureuse avec SBF, a en effet accepté de collaborer avec les autorités américaines et de témoigner contre son ancien compagnon. Pour influer sur le témoignage de celle-ci, SBF aurait transmis des documents sensibles au New York Times. Il s’agissait de différents extraits du journal intime d’Ellison.

Ce n’est pas tout. Il s’est également permis d’entrer en contact avec l’avocat Ryne Miller, qui a travaillé pour FTX.US, la division américaine du groupe. Enfin, SBF s’est aussi servi d’un VPN, ce qui était strictement interdit par les clauses de sa liberté sous caution.  En attente de son procès, l’ancien prodige de la crypto a donc été incarcéré dans une prison à Brooklyn. Malgré les demandes de ses avocats, il a passé les dernières semaines dans le pénitencier à préparer son passage devant la justice.

Une fraude historique

Après des mois de préparation, le procès de Sam Bankman-Fried va finalement commencer. Ce mardi 3 octobre 2023, l’ancien milliardaire va comparaître devant un tribunal fédéral new-yorkais, où il devra répondre de ses actes.

L’homme de 31 ans est notamment accusé de fraude électronique, de blanchiment d’argent et d’association de malfaiteurs. Pour les procureurs en charge de l’affaire, il s’agit d’ailleurs de « l’une des plus grandes fraudes financières de l’histoire américaine ».

Des témoignages clés

Le procès s’annonce très mal pour Sam Bankman-Fried. En miroir de Caroline Ellison, plusieurs de ses proches collaborateurs ont accepté de travailler avec les enquêteurs pour échapper à la prison. Ceux-ci n’hésitent pas à dévoiler tous les secrets de l’empire FTX pour se tirer d’affaire.

C’est le cas de Gary Wang, le cofondateur et responsable de la technologie de FTX, de Nishad Singh, le directeur technique du groupe, et de Ryan Salame, le directeur de la clientèle. Le trio indique que Sam Bankman-Fried a ordonné des versements illégaux, mélangeant sciemment les fonds de ses clients avec l’argent de l’entreprise. Ces témoignages s’ajoutent à la montagne de preuves détaillant les opérations orchestrées par SBF.

Plus de 115 ans de prison

L’ancien chevalier blanc des cryptomonnaies risque une peine de plus de 115 ans d’emprisonnement. C’est la peine maximale encourue en cumulant tous les chefs d’accusation recensés par les tribunaux. En effet, une grande partie des accusations est passible d’une peine maximale de 20 ans de prison. D’autres chefs d’accusation, comme la fraude en valeurs mobilières, ne prévoient qu’un maximum de cinq ans d’enfermement.

Interrogé par CoinTelegraph, Michael Kanovitz, associé du cabinet d’avocats Loevy & Loevy, estime qu’il n’est pas impossible que SBF écope de la peine maximale. En enfreignant les clauses de sa conditionnelle, le trentenaire a en effet provoqué la colère des tribunaux. Ceux-ci refuseront vraisemblablement de se montrer cléments avec l’accusé.

« S’il est reconnu coupable, je pense qu’il écopera de la peine maximale. Si le gouvernement peut prouver qu’il a sciemment volé des milliards de dollars et détruit des documents pour le dissimuler, cela pousse vers la peine la plus élevée », analyse Michael Kanovitz.

Même s’il échappe à la peine maximale, le fondateur de FTX devrait passer une longue période derrière les barreaux. C’est l’avis de Jeremy Hogan, un avocat associé du cabinet Hogan & Hogan. Le juriste s’attend à ce que SBF écope de plus de dix ans de prison au minimum. Plusieurs avocats interrogés par CoinDesk abondent dans le même sens et tablent sur une peine avoisinant 10 à 20 ans de réclusion. Selon l’avocat Jordan Estes, le juge chargé de trancher devrait se rabattre sur un seul chef d’accusation, qui serait considéré comme le « crime essentiel ». C’est pourquoi une peine de 20 ans reste l’option la plus probable.

SBF plaide non coupable

Ces derniers mois, Sam Bankman-Fried est resté fidèle à sa ligne de défense habituelle. Il se contente de reconnaître des erreurs dans les comptes, mais refuse d’avouer la moindre fraude. Le prince déchu des cryptomonnaies a d’ailleurs plaidé non coupable à tous les chefs d’accusation retenus contre lui.

Pour assurer sa défense, SBF s’est payé les services de deux anciens procureurs, Christian Everdell et Mark Cohen. Le procès devrait durer plus de six semaines et comporter son lot de révélations. Pour mémoire, la faillite de FTX a fait disparaître plus de huit millions de dollars d’actifs appartenant à des utilisateurs.



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