Rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars (60 milliards d’euros), de Zynga par Take-Two (11,2 milliards de dollars) ou de Bungie par Sony (3,6 milliards)… En janvier, le montant des fusions-acquisitions dans le secteur du jeu vidéo a déjà dépassé 85 milliards de dollars. Soit autant que toutes celles réalisées en 2021, selon les calculs de Drake Star Partners. Pour 2022, cette banque d’investissement estime que le seuil des 150 milliards de dollars pourrait être atteint. Cinq fois plus qu’en 2020.
L’heure est aux grandes manœuvres dans une industrie bouleversée par de profondes mutations et tirée par un nombre sans cesse croissant de joueurs. Plus de 2,7 milliards de personnes s’adonnaient au jeu vidéo en 2021, contre près de 2 milliards en 2015, selon le site StatInvestor. Un public plus varié qu’il n’y paraît, loin de l’image du jeune geek enfermé dans sa chambre, puisque, selon une étude du cabinet Accenture, 46 % des joueurs sont des joueuses, et l’âge moyen excède 30 ans.
Cet élargissement du public s’est fait à la faveur de la pandémie de Covid-19 – on se rappelle du succès retentissant d’Animal Crossing (38 millions de ventes) – et, surtout, de l’adoption massive des smartphones.
« Certains ont pensé que le mobile allait tuer la console et le jeu sur PC, mais c’est tout le contraire : ils ne se sont jamais aussi bien portés. Il n’y a pas de cannibalisation », observe Charles-Louis Planade, de la banque d’affaires Midcap Partners. Résultat, le marché du jeu vidéo devrait peser 257 milliards de dollars en 2025, avec une croissance annuelle moyenne de plus de 12 %, selon le cabinet Mordor Intelligence.
Attirer les talents du secteur
Une évolution qui oblige les acteurs du secteur à élargir leur catalogue de jeux en se renforçant, notamment dans un monde du mobile qu’ils avaient parfois trop négligé. Car, depuis 2021, c’est désormais sur ce support que l’industrie du jeu génère le plus de revenus (52 % du total, selon le cabinet d’analyse Newzoo).
Et avec l’arrivée de la 5G, des jeux de plus en plus élaborés seront bientôt disponibles sur nos téléphones. D’où l’intérêt pour Microsoft d’acquérir Activision, qui compte le très populaire Candy Crush à son catalogue. Ou pour le puissant éditeur américain Take-Two, de mettre la main sur le spécialiste du jeu mobile Zynga (quatre milliards de téléchargements sur mobile, avec des titres tels que Farmville).
« Aujourd’hui, si ce n’est pas vous qui rachetez, c’est votre concurrent qui va le faire », Charles-Louis Planade, de la banque d’affaires Midcap Partners
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