le Steam Deck pilote des mitrailleuses automatisées !

Steam Deck Ukraine


Les forces ukrainiennes sont en train d’expérimenter des tourelles téléopérées par le biais de la console de Valve, le Steam Deck. Produite en masse, puissante, ergonomique et peu chère, elle est l’objet d’une des nombreux détournements de matériel électronique grand public des très créatives forces ukrainiennes.

Les forces ukrainiennes ont acheté des Steam Deck, mais ce n’est pas pour jouer à Call of Duty ! La Force de défense territoriale de l’Ukraine (ТРО pour Територіальна оборона, prononcer Terytorialna Oborona ou TRO), la force des réservistes de l’armée ukrainienne, a trouvé un usage bien plus martial de la console de Valve : le pilotage distant de tourelles mitrailleuses. En plein développement, le concept s’appelle « Sablya ». Une plateforme destinée à un usage stationnaire, qu’il s’agisse de bâtiments ou sur des véhicules. Pour l’heure, la plateforme est testée avec une mitrailleuse, mais les ingénieurs du corps d’armée pensent pouvoir monter n’importe quelle arme antipersonnel ou antitank légère.

© ТРО Медіа

La console, comme on s’en doute, est utilisée pour piloter (en version filaire et/ou Wi-Fi)  la tourelle depuis une position protégée « jusqu’à 500 m de distance et en préservant la vie de l’opérateur », selon le post de la division média des TRO. Loin d’être une tourelle automatique, c’est-à-dire qui fait tout, toute seule, il s’agit d’une tourelle automatisée. Où l’écran du Steam Deck offre un retour vidéo et les contrôleurs, boutons et autres joysticks permettent à l’opérateur humain de piloter l’arme.

Un rapport technologie/ergonomie/prix imbattable

À 419€ dans sa version de base, le Steam Deck est une machine au rapport qualité prix imbattable dans le gaming... et encore plus si on le considère comme une console de contrôle d'armement ! © ТРО Медіа
À 419€ dans sa version de base, le Steam Deck est une machine au rapport qualité prix imbattable dans le gaming… et encore plus si on le considère comme une console de contrôle d’armement ! © ТРО Медіа

La miniaturisation grandissante des puces leur permet de monter en puissance comme jamais. Et quoique désormais dépassé sur le papier par la toute nouvelle ROG Ally d’Asus, le Steam Deck a tout de même des atouts incroyables. Dans un format compact et léger (700 g), le PC/console offre déjà un CPU de 4 cœurs/8 tâches capables de fonctionner entre 2,4GHz et 3,5 GHz, une puce graphique intégrée (GPU) équipée de 8 cœurs et 16 Go de RAM. Puisqu’elle a de quoi faire tourner tous les jeux récents, la console a largement de quoi piloter une plateforme et un flux de retour vidéo.

Mieux encore : la console est facile à hacker. Fonctionnant sous Steam OS qui est basé sur une distribution de Linux, elle est propulsée par une puce de type x86. Ce qui signifie que toutes les versions de Windows et toutes les distributions de Linux sont compatibles. Du pain bénit pour les ingénieurs logiciels qui doivent rapidement adapter des programmes. De plus, les opérateurs de la console profitent d’un outil à l’ergonomie étudiée, fruit de décennies d’améliorations.

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Le dernier atout pour les Ukrainiens est que le Steam Deck est ridiculement peu cher. Disponible à 419 € dans sa version de base – même puissance que les autres modèles, mais avec moins de mémoire de stockage – son prix est ridicule dans le référentiel des équipements militaires… et pas seulement. La plupart des PC/Consoles chinois qui sont équipés de puces de PC portables s’affichent toujours aux alentours de 1000 €, voire plus. Grâce à sa manne financière issue de la vente des jeux, Steam est suspecté de gagner très peu d’argent – voire d’en perdre – avec ses tarifs très bas pour l’équipement. Un équipement qui correspond parfaitement aux besoins de l’armée ukrainienne : un matériel bon marché, facile à remplacer, technologiquement à la pointe, intégrant des standards (USB C pour la recharge, x86 pour le processeur, Micro SD pour étendre la mémoire, etc.) qui rendent facile la bidouille. Un domaine dans lequel les Ukrainiens sont passés maîtres.

La guerre de haute intensité et le besoin de production de masse

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Des Liberty Ships aux tanks Shermans en passant par le M1 Garand, il est bon de rappeler que les Américains n’ont pas débarqué en Europe en 1944 avec le meilleur matériel. Face à eux, les équipements allemands étaient souvent bien meilleurs. L’un des atouts principaux de l’armée US était le nombre. C’est l’outil industriel américain capable de produire plus de navires que les U-boot ne pouvaient en couler, capable de mettre dix petits Sherman face à un gros Tigre allemand, etc. Qui a permis de libérer l’Europe de l’Ouest.

Déjà vendu à plus de trois millions d’exemplaires, le Steam Deck est de cette trempe. Et fait partie de ces appareils grand public que les Ukrainiens ont détourné de leurs usages civils : Starlink pour la connexion internet dans les grandes plaines, les drones DJI pour la coordination des frappes et des manœuvres, Zoom et des PC traditionnels pour les systèmes de communication, etc. Et bientôt, des Steam Deck pour « jouer » avec des tourelles automatisées qui protègeront les villes ?

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Ici, la production de masse d’outils technologiques comme le Steam Deck rebat les cartes des guerres de basse intensité auxquelles nous nous sommes (trop ?) habitués en Europe ces dernières décennies. Quand une force, comme l’armée russe, envoi 9000 obus dans le ciel tous les jours, ce n’est une arme de contrebatterie, même à la pointe, qu’il vous faut : c’est une arme peut-être moins bonne et moins sophistiquée, mais disponible en nombre, facile à remplacer. Si toute armée est heureuse de disposer d’outils de pointe – Himars américain, Caesar français, etc. –, leur faible nombre ne permet pas de renverser la situation. L’usage d’un appareil comme le Steam Deck pourrait donc inspirer de nombreuses forces armées pour développer, en plus de leurs lignes d’équipements classiques, qui sont robustes, increvables, mais souvent très chers, une seconde ligne d’équipements plus volumiques.

Source :

Force de défense territoriale de l’Ukraine (Facebook)



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