Pour vulgariser, l’ADN est en quelque sorte la base de données de l’être humain, et cette molécule serait capable de stocker 500 téraoctets d’information si elle était conservée dans de bonnes conditions, c’est-à-dire préservée de l’eau, de l’air et de la lumière.
Il existe déjà de nombreux travaux pour encoder et stocker des données dans de nombreux matériaux, comme récemment avec le stockage dans du diamant de 25 milliards de Go soit l’équivalent de 1 milliard de disques Blu-ray (!). L’ADN est également très étudié depuis de nombreuses années, mais le principal problème rencontré, jusqu’à ce jour, était la difficulté à récupérer des données précises. Des chercheurs français du CNRS, de l’Université de Tokyo et de l’ESPCI Paris-PSL viennent toutefois de trouver une piste pouvant régler ce problème, grâce à des enzymes. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue Nature du 20 octobre.
Hormis le stockage quantique, les données actuelles sont de type binaire, et l’idée est donc d’utiliser les briques de l’ADN (ATCG). En soi, cette action n’est pas compliquée, mais retrouver l’information l’est beaucoup plus.
Capsules contenant les deux textes encodés sur ADN. Photo : Stéphane Lemaire / CNRS – Sorbonne Université
Les chercheurs ont donc créé une enzyme qui agirait comme un neurone chimique et permettrait donc de décoder l’ADN grâce à des calculs complexes. Ensuite, ce dernier transmettrait cette information par des signaux fluorescents permettant de la récupérer. Il aura fallu à ces chercheurs plus de 10 ans pour réussir à obtenir de bons résultats.
Imaginez-vous une capsule de quelques centimètres capable de stocker jusqu’à 500 To de données. L’humanité produit de plus en plus de données, et son stockage devient une question de plus en plus critique. Nous produirons ainsi plus de 175 zettaoctets d’information d’ici 2025 (1 zettaoctets Zo = 1 000 000 000 téraoctets To). L’ADN serait donc une solution idéale pour faire face à cette immense quantité d’information qui ne cesse de croître.
Autres avantages, le stockage ADN n’est ni énergivore ni volumineux. L’ensemble des données de l’humanité tiendrait ainsi dans une simple boîte à chaussures !