L’arrivée en phase de test du codec vidéo AV1 pour le streaming dans YouTube va permettre de réduire radicalement la bande passante nécessaire au visionnage confortable de vidéos. Mais il vaut mieux être équipé d’un PC capable de décoder l’AV1 matériellement.
Parmi les révolutions silencieuses et attendues depuis un moment, le codec AV1 est en bonne place. Ce codec vidéo ouvert en gestation depuis 2015 est en train d’être testé en version beta par YouTube dans les applications de diffusion en direct (streaming). Une avancée technique que les utilisateurs de fibre optique ne percevront sans doute pas, mais sera bien plus tangible pour ceux qui ont des connexions moins rapides.
La nouveauté est donc l’intégration par YouTube d’un nouveau standard de streaming appelé Enhanced RTMP, lequel permet de choisir plusieurs codecs vidéo pour la diffusion, dont l’AV1. Le bénéfice du passage au VP9 et autres codecs au VP1 pour les usages de streaming tient dans les capacités de compression du codec. Selon les premiers testeurs, un stream en AV1 en 1440p à 60 images par secondes est tout à fait regardable dès 500 kbit/s, soit x16 moins que les 8 Mbit/s minimum qu’impose la diffusion de cette définition par Twitch par exemple. Si la qualité restera inférieure que le juste milieu pour obtenir une qualité optimale – entre 4 mbit/s et 8 mbits/s – ce niveau de compression profitera aux connexions les plus modestes ou instables.
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Pour un usage non dégradé, ce premier testeur recommande 4 mbit/s en 1440p60 et 10 mbit/s en 4K60p – les streamers tiennent beaucoup aux 60 images par secondes, notamment quand il s’agit de diffusions de parties de jeux vidéo. Si on
AV1, codec né dans la douleur
Contrairement aux codecs traditionnels de type HEVC ou MPEG et consorts, l’AV1 est un codec ouvert et gratuit – donc sans redevances ni à l’encodage, ni au décodage. Développé par l’Alliance for Open Media, il a été financé par le monde du web et de l’informatique – comprendre des PME genre Google, ARM, Apple, Intel, Meta, etc. Par opposition ici aux acteurs traditionnels de la vidéo « hollywoodienne », notamment les industriels de type Nokia, Panasonic, et autres MPEG Group. Des entreprises représentent « l’ancien monde » de la diffusion vidéo, bousculés par l’ouverture que représente l’AV1.
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Menaçant le modèle économique de récupération massive de royalties, l’AV1 a subi une très importante lourdeur de la part de l’autre côté de l’industrie. Quand on réalise que le début du travail a commencé en 2015 et que le codec est finalisé depuis 2018, son arrivée cinq ans plus tard dans une application pour laquelle il est tout particulièrement adapté a de quoi interroger. Heureusement, le travail de fonds réalisé par certains acteurs devrait contribuer à sa rapide extension. Ainsi, en matière de décodage, les puces Intel décodent l’AV1 matériellement depuis les Core de 11e génération. Pour les CPU AMD le décodage n’est arrivé qu’à partir de la série Ryzen 6000. En matière de GPU, Nvidia décode l’AV1 depuis les RTX 3000 et AMD depuis les Radeon RX6000. L’encodage matériel, lui, n’est pris en charge que par les RTX 4000, les Radeon RX7000 ainsi que par les puces ARC d’Intel.
Dans le cas où le matériel de lecture ne dispose pas d’un décodage matériel, le décodage sera logiciel et demandera donc bien plus de puissance de calcul. Si vous avez une connexion internet très médiocre, l’AV1 ne sera donc vraiment intéressant que si votre machine est assez puissante. On ne peut pas tout avoir !
Source :
Tom’s Hardware (US)