les cybergendarmes démantèlent une plate-forme de blanchiment

les cybergendarmes démantèlent une plate-forme de blanchiment


En constatant des intrusions inhabituelles sur leur plate-forme, les responsables du site Bitzlato se sont inquiétés : « On est en train de se faire pirater, ils nous prennent de l’argent. » Mais cette fois, les hackeurs étaient plutôt corsaires que flibustiers : 50 enquêteurs spécialisés du commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (COMCyberGEND) et leurs homologues du FBI américain, de la police judiciaire portugaise, de la Guardia civil espagnole, sans compter des experts des services chypriotes et néerlandais coordonnés par Europol.

Depuis mercredi 18 janvier, un message victorieux apparaît sur la page d’accueil de cette plate-forme de blanchiment en ligne : « Ce service fait l’objet d’une saisie judiciaire. » Seize millions d’euros de cryptoactifs ont été saisis, ainsi que 58 000 euros en liquide et trois véhicules. Six personnes se trouvent sous les verrous, dont l’homme présenté comme le cerveau de Blitzlato, Anatoli Legkodimov, un quadragénaire russe résidant en Chine mais interpellé à Miami, en Floride. « Cette opération est une première en Europe, se félicite le général Marc Boget, patron des cybergendarmes, avec une plate-forme où transitaient des fonds provenant de rançongiciels, du trafic de stupéfiants ou d’activités de pédocriminalité mise totalement hors de service. »

Deux milliards d’euros depuis 2018

Bitzlato, dont au moins un hébergeur se situait en France, d’après le parquet de Paris, se targuait de ne réclamer à ses clients « ni selfie ni passeport », selon la justice américaine, et fonctionnait comme un véritable service en ligne de blanchiment de cryptoactifs : les criminels y injectaient le produit de leurs activités illicites, la plate-forme se chargeait d’opacifier leur provenance, moyennant une commission de l’ordre de 5 %, avant de les réintroduire dans le circuit des cryptomonnaies pour un nouveau cycle de blanchiment, ou n’importe quel usage ultérieur. Elle proposait aussi de les convertir en roubles.

D’après les estimations menées par les quelque 250 agents mobilisés par les services français et leurs partenaires, l’équivalent de plus de deux milliards d’euros y auraient transité depuis 2018, dont 700 millions via Hydra Market, véritable carrefour de transactions illégales sur le dark Net, avant son démantèlement, au mois d’avril 2022, après un raid mené par les autorités allemandes et américaines.

L’opération de mercredi, menée sous la bannière des gendarmes français, a été rendue possible après l’ouverture d’une enquête préliminaire, au mois de septembre 2022, par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée pour des faits de « participation à une association de malfaiteurs », de « blanchiment » et « complicité d’extorsion en bande organisée », et de « complicité d’atteintes aux systèmes de traitement automatisés de données ». Elle a permis, outre la saisie d’actifs et l’interpellation de six responsables de Bitzlato, « des individus essentiellement originaires de Russie et d’Ukraine », assure le parquet de Paris, de mettre en lumière plus de 5 000 « hits », c’est-à-dire des liens directs avec des centaines de procédures judiciaires en cours ouvertes au plan européen.



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