les embarrassants ratés de la correction automatique

les embarrassants ratés de la correction automatique


Le 26 juin 2021, le chanteur Michel Polnareff adressait sur Twitter ce mystérieux message à ses fans : « Mon pubis me manque. » Certes, l’interprète de La Poupée qui fait non est un habitué des confidences organiques, lui qui, en 1972, avait montré ses fesses sur les affiches annonçant ses concerts à l’Olympia ; mais là, il semble que la chose soit involontaire. Comme des milliers d’entre nous, Michel Polnareff a vraisemblablement été victime d’un système de correction automatique des messages un brin facétieux, transformant son bien-aimé « public » en cet « analogue » pileux. C’est en tout cas l’hypothèse qui a été retenue à l’époque par les journaux ayant relaté l’incident.

Dans un registre moins licencieux, j’ai adressé il y a quelques mois un texto à ma cheffe de service lui proposant un projet d’article sur une émission de télé mettant en scène « une bande de brocolis ». « Brocolis ? », m’a-t-elle répondu. « Euh, je voulais dire bricolos ! » Estomaqués par le grand n’importe quoi algorithmique de ces systèmes qui complètent ou corrigent les messages de façon parfois surprenante, nous rîmes à distance.

Par une sorte d’ironie aux accents comico-mythologiques, plus la volonté de rationaliser nos interactions s’affirme, plus nos ping-pongs de messages semblent sombrer dans ce que l’artiste allemande Hito Steyerl nomme la « stupidité artificielle ».

« Je me renseignais auprès d’une école de danse sur des horaires de cours en semaine. Le professeur avec qui je communiquais par SMS répond très précisément à ma question. Ravie, je lui écris : “Merci, c’est génial !” Et j’expédie le SMS à toute allure. Quelques minutes plus tard, je me dis que j’étais allée peut-être un peu vite et je vérifie le texte. Horreur ! C’était devenu : “Merci, c’est génital !” Après mes explications, le prof me répond à son tour que ce n’était pas grave et qu’il avait compris que le correcteur orthographique était passé par là. Mais bon, il était surpris quand même… Et moi, pas vraiment à l’aise ! », confie Carla, 26 ans, étudiante en communication.

Grands moments de solitude

Comme au bord d’un précipice typographique, en matière de conversation à distance, on se tient bien souvent à une simple lettre de l’abîme, telle Béatrice, utilisatrice prévoyante, qui rappela un jour à un de ses proches de ne pas oublier son « maillot de nain ».

« Ce qui a le plus de chance de faire rire dans les messages erronés, ce sont les mots incongrus et tabous qui ressemblent phonétiquement au mot d’origine », explique Antoine Doucet, chercheur en informatique à l’université de La Rochelle, qui a participé à une étude internationale visant à générer de l’humour automatisé en s’inspirant des erreurs produites par les correcteurs. Mais, parfois, la machine dissémine plusieurs ingrédients hors de propos dans la soupe syntaxique. « En prenant des nouvelles d’un collègue qui soupçonnait avoir le Covid, j’ai envoyé un SMS : “Alors finalement cocu ?” au lieu de : “Alors finalement covid ?” Grand moment de solitude… », se souvient Virginie Beaupérin, coordinatrice dans une association de développement agricole.

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