Elon Musk peut souffler. Le patron de Tesla a été jugé non-coupable, vendredi 2 février, par un jury de Californie dans l’affaire des messages envoyés en août 2018 sur Twitter – désormais propriété du multimilliardaire. Dans son post, il annonçait alors le retrait du constructeur automobile de Wall Street au prix de 420 dollars par action (+ 23 % que la cotation de la veille), assurant qu’il avait « sécurisé » le financement de l’opération. L’action avait joué au yo-yo et des investisseurs avaient pris le bouillon. C’était l’époque où rien n’allait plus pour Tesla, incapable de tenir les objectifs de production de son Model 3. Où le « boss », qui campait jour et nuit à l’usine, parlait ouvertement de faillite…
Juste avant la délibération des neuf jurés, Musk a assisté à l’ultime audience. Il risquait gros : des milliards de dommages et intérêts aux « short sellers » qui avaient parié sur une baisse de l’action Tesla. « Dieu merci, la sagesse du peuple a prévalu !, a-t-il réagi sur Twitter. Je suis profondément reconnaissant au jury d’avoir conclu à l’unanimité à mon innocence. » Musk a bien reconnu des erreurs dans la formulation de ses tweets, mais il n’en démord pas. Il n’a « jamais » voulu tromper les investisseurs, et le Public Investment Fund saoudien était à ses côtés pour suppléer la Bourse.
Enormes profits en 2022
Le plus intéressant, dans l’affaire, c’est le rôle qu’il assigne au réseau social, racheté pour 44 milliards de dollars (41 milliards d’euros) fin 2022. « C’est le moyen le plus démocratique de communiquer », avait-il plaidé en janvier devant le tribunal de San Francisco, car « cela donne le même accès à l’information à tous les investisseurs, petits et gros ». Le petit « peuple » des actionnaires raffole d’ailleurs de ses sorties. Le procès de San Francisco va-t-il freiner son usage compulsif de Twitter ou l’encourager à en abuser, au risque de pénaliser ses entreprises, y compris Space X ?
Tesla a dégagé d’énormes profits en 2022 (12,6 milliards de dollars) et porté sa production à 1,3 million de véhicules. Mais Musk admet que ces derniers mois ont été « extrêmement difficiles », et les marchés s’inquiètent d’un risque de focalisation excessive du patron sur le redressement du réseau social. Il faut voir la cohérence de mes investissements, leur rétorque-t-il. Avec ses 240 millions d’utilisateurs quotidiens, Twitter n’est-il pas « un outil incroyablement efficace » pour faire la publicité… de Tesla ?