les petites mains d’une opération de propagande liée au renseignement militaire

les petites mains d’une opération de propagande liée au renseignement militaire


Si l’on s’en tient à LinkedIn, le profil de Mikhaïl (le prénom a été changé) n’a, à première vue, rien de nature à alarmer. Y sont listées, outre un parcours étudiant très classique en Russie et en Ukraine, de multiples entreprises russes dans lesquelles l’homme aurait travaillé au cours des dix dernières années. Mais les activités dont il est soupçonné aujourd’hui n’ont rien à voir avec sa formation d’ingénieur et de commercial : Mikhaïl serait l’un des rouages d’une importante opération de propagande liée au renseignement militaire russe.

Ce réseau de propagande exploite principalement des tribunes et des entretiens de personnalités françaises proches des positions de Moscou ou très critiques du gouvernement français, qui sont ensuite largement diffusés auprès d’une audience russophone. Les éléments de langage varient, mais tournent presque toujours autour du même thème : l’Ukraine est en train de perdre la guerre et va entraîner ses alliés européens dans sa chute.

Le Monde a pu identifier plusieurs pans de cette machine d’influence, active depuis au moins un an et qui repose sur une sous-traitance généralisée pour entretenir le flou sur ses réels commanditaires. Plusieurs éléments permettent toutefois de soupçonner un lien entre cette opération et des acteurs proches du GRU, les renseignements militaires russes ; le but de l’opération semble être de « blanchir », par l’intermédiaire d’« experts » étrangers, et notamment français, des éléments de langage favorables au Kremlin, qui sont ensuite diffusés auprès des populations russe et ukrainienne.

L’arrière-cuisine de la propagande russe

Selon des échanges que Le Monde a pu consulter, Mikhaïl, un homme d’origine ukrainienne, a approché au moins un journaliste français pour lui proposer d’écrire des articles relatifs à la situation géopolitique et au conflit russo-ukrainien. Dans l’une de ses demandes, il se dit à la recherche de rédacteurs sur des sujets politiques. Le ton et la forme des articles donnés en exemple ne laissent aucun doute sur leur finalité : il s’agit presque exclusivement de synthèses d’interviews ou de prises de paroles de personnalités prorusses françaises bien identifiées. Les tarifs proposés sont particulièrement généreux – cinq à six fois les prix généralement pratiqués en France.

La plupart des articles donnés comme exemples par Mikhaïl semblent avoir été peu lus en France, mais ont pour point commun d’avoir été diffusés sur des canaux russophones de propagande pro-Poutine. Mikhaïl mentionne par exemple un article publié sur le site anglophone Eureporter.co, qui permet de diffuser des articles contre rémunération, reprenant des propos tenus par l’homme politique français Nicolas Dupont-Aignan sur la guerre en Ukraine.

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