Les piles rechargeables sont-elles toujours moins coûteuses et plus écologiques ?

Les piles rechargeables sont-elles toujours moins coûteuses et plus écologiques ?


La réponse paraît évidente : une pile rechargeable est forcément plus économique, puisqu’on peut la recharger des centaines de fois. Pour la même raison, on se dit qu’elle est forcément moins mauvaise pour l’environnement qu’une pile que l’on jetterait après son premier usage. Mais on aurait tort de s’en tenir aux évidences : dans bien des cas, elle s’avérera un mauvais choix pour le budget, et, plus souvent encore, pour la planète.

Commençons les calculs au niveau du portefeuille : les piles rechargeables sont environ trois fois plus chères que les piles jetables. Prix auquel il faut ajouter le coût du chargeur, ou plutôt une fraction de son prix, puisque celui-ci sert généralement à remplir plusieurs jeux de piles. Si bien qu’en général on ne rentabilise un jeu de piles rechargeables qu’après l’avoir utilisé au moins une fois par an jusqu’à décharge complète, et ce durant cinq ans, soit la durée de vie moyenne des piles nickel-hydrure métallique (NiMh), les plus courantes.

Leur coût sera facilement amorti lorsqu’elles serviront à alimenter une radio ou un appareil photo, gourmands en énergie, mais elles risquent de revenir plus cher que des piles classiques si on s’en sert avec une télécommande ou une horloge, des appareils qui peuvent souvent fonctionner plus d’une année avec les mêmes piles. Pour beaucoup d’autres, comme les lampes torches ou les jouets, tout dépendra de la fréquence à laquelle on les utilisera.

Ecolo après des dizaines de cycles de recharge

Les piles rechargeables sont donc loin d’être toujours rentables. Et elles ne sont pas non plus toujours l’option la plus écologique. Elles produisent certes moins de déchets à recycler, mais leur fabrication est plus polluante car leur conception est « plus complexe », insiste Frédéric Hédouin, directeur général de Corepile, l’un des éco-organismes chargés de leur collecte.

En outre, le calcul de leur empreinte écologique devrait aussi inclure l’impact de l’extraction des matériaux et l’épuisement des ressources environnementales associé, ainsi que les émissions liées à leur transport, l’acidification des océans, l’impact sur la couche d’ozone, la toxicité humaine et environnementale, etc.

Autant de facteurs que prend en compte une étude comparative du cycle de vie des piles rechargeables et jetables, réalisée par des chercheurs de l’Ecole polytechnique de Milan. Leurs conclusions ? Au moins cinquante cycles sont nécessaires pour que les rechargeables NiMh deviennent écologiquement plus intéressantes que les alcalines, la technologie jetable la plus courante. Soit, considérant que leur durée de vie est de cinq ans, environ une recharge par mois.

L’étude a beau être plus récente que d’autres travaux comparables et fondée sur des scénarios d’usage plus crédibles, elle n’est pas sans faille. Elle « date de 2016, les données qui ont servi aux calculs sont dépassées, comme les méthodes de calcul elles-mêmes », avertit Camilla Tua, l’une de ses autrices. Elle ne s’intéresse ensuite qu’au cas italien, « un pays qui utilise plus de centrales à charbon que la France », renchérit Louise Aubet, cheffe de la recherche et développement du cabinet de consultance Resilio.

La recharge électrique est donc moins polluante en France qu’en Italie, ce qui abaisse mécaniquement le nombre de recharges nécessaires avant qu’une pile rechargeable devienne plus écologique qu’une pile jetable. Sans toutefois retourner l’équation : même en France, les piles jetables demeurent préférables aux NiMh qu’on ne prévoirait pas de recharger plusieurs fois par an.

Le Monde

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Sur toute la durée de vie des piles rechargeables, soit cinq années en moyenne, un seuil ajusté de vingt rechargements paraît raisonnable à Camilla Tua comme à Louise Aubet. Soit au moins quatre recharges complètes par an pour amortir leur impact écologique.

Froid et stockage

Cette règle souffre de trois exceptions à bien garder en tête. Les deux premières jouent en défaveur des piles jetables alcalines. Celles-ci sont, en effet, peu adaptées aux appareils consommant beaucoup d’électricité, comme les lampes torches puissantes, les appareils photos ou les voitures radiocommandées à gros moteur. Dans ces appareils, elles tiennent deux à cinq fois moins longtemps qu’une pile rechargeable.

Même chose par grand froid, puisque les alcalines perdent beaucoup de leur capacité, divisée par deux à 0 °C et par huit à − 20 °C.

La troisième exception joue, elle, en défaveur des rechargeables NiMh. Celles-ci n’aiment pas être stockées : « Il faut les faire vivre », confirme Frédéric Hédouin. Eviter, par exemple, de les laisser traîner dans un appareil qui ne sert pas pendant des mois. Eviter également d’en garder un jeu ou deux de rechange dans un tiroir, à moins d’en prendre grand soin en les rechargeant tous les six mois.

Les piles alcalines sont bien plus adaptées au stockage : « Les modèles de bonne qualité tiennent facilement dix ans avant de perdre 20 % de leur capacité », d’après M. Hédouin. A condition de les stocker à température ambiante dans un endroit sec.



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