« Sur la transparence, le bilan est très mitigé », a résumé Lucile Petit, qui dirige à l’Arcom la direction des plates-formes en ligne. L’ex-CSA, devenu régulateur des services en ligne, présentait lundi son troisième bilan de l’application par les réseaux sociaux de la loi sur la manipulation de l’information de 2018. Ce texte invite Twitter, Meta (Facebook, Instagram), Google (Youtube, Google.fr) ou encore TikTok à détailler auprès de l’Arcom les actions et moyens employés pour lutter contre la propagation de fausses informations, notamment.
« Il y a des progrès et certains ont fait des efforts pour faire des réponses plus précises. Mais les plates-formes restent globalement trop discrètes sur la réalité des phénomènes, a résumé Mme Petit. Elles donnent trop peu de chiffres. Cela pose une question sur leur capacité à mesurer et à combattre la désinformation. »
Dans le détail, TikTok a été particulièrement pointé du doigt pour sa première année de réponse au questionnaire : sa déclaration « particulièrement imprécise » est « en décalage avec la place très importante prise par la plate-forme, notamment chez les jeunes », a regretté le membre du collège de l’Arcom Benoit Loutrel, prévenant que le « statu quo » n’était pas possible.
Inquiétude à l’égard de Twitter
Twitter a lui été salué pour avoir de longue date rendu possible l’accès à certaines de ses données pour des chercheurs extérieurs, un effort que l’Arcom aimerait voir imité par les autres plates-formes. Mais, hormis ce point, le régulateur n’a pas caché son inquiétude sur le réseau social racheté par Elon Musk. Après le licenciement de plus de la moitié des effectifs, l’Arcom a écrit à l’entreprise pour lui demander de préciser comment elle comptait remplir ses obligations de modération des contenus.
« Nous avons reçu une réponse dans les délais, jeudi à 17 heures, ce qui n’était pas évident vu l’état turbulé de la plate-forme [depuis son rachat], a expliqué le président Roch-Olivier Maistre. Le courrier fait une affirmation politique sur la volonté de respecter la réglementation. Mais il nous a laissé sur notre faim quant à la traduction concrète de ce discours au sein des équipes de Twitter. Nous allons entrer en dialogue avec Twitter pour avoir des précisions. »
Dans cette déclaration comme dans son discours général, l’Arcom prévient les plates-formes qu’elles vont être soumises à une pression de plus en plus forte. En effet, ce qui manque à la loi sur la manipulation est un « pouvoir de sanction » – « La main invisible du marché numérique n’est pas suffisante », a expliqué M. Maistre –, mais celui-ci va être introduit dans le règlement européen Digital Services Act, a prévenu le régulateur.
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