l’Héritage de Poudlard », un voyage envoûtant mais scolaire dans l’univers de « Harry Potter »

l’Héritage de Poudlard », un voyage envoûtant mais scolaire dans l’univers de « Harry Potter »


« Quel est le plus gros type de balle dans le quidditch : le souaffle ou le cognard ? » ; « Vrai ou faux : le polynectar permet-il de changer d’espèce ? »… Ce quiz digne de « Questions pour un champion » version Harry Potter, c’est dans Hogwarts Legacy : l’Héritage de Poudlard que Sophronia Franklin le propose. La rencontre avec cette élève de la maison Serdaigle – pépinière d’intellos – a beau être anecdotique, elle illustre la déférence qu’entretient ce jeu vidéo (disponible le 10 février sur PC, PlayStation, Xbox Series X et S, puis plus tard sur les autres consoles) envers les livres et les films mettant en scène le sorcier à lunettes.

Une bonne vingtaine d’heures plus tôt, l’introduction palpitante ressemblait déjà à un somptueux best of des incontournables de l’univers. Nous y enchaînions une visite à la banque Gringotts, la cérémonie d’intégration de Poudlard, l’achat de notre baguette magique à la boutique Ollivander, puis une dégustation de bièreaubeurre dans le pub les Trois Balais ; sans manquer d’entendre tintinnabuler les clochettes si reconnaissables de la musique de John William. De toute évidence, le studio américain Avanlanche et Warner Bros Games tentent de s’inscrire au mieux dans les pas du personnage iconique.

Raviver la flamme

Fort d’une somptueuse reconstitution de Poudlard ainsi que d’une vaste région environnante à explorer sur son balai, ce blockbuster reste sagement dans les clous. Certes, l’histoire est transposée au XIXe siècle et nous choisissons le nom et l’apparence du protagoniste, dont la seule particularité est de maîtriser une magie ancienne quasiment inconnue – ce qui lui vaut d’intégrer directement Poudlard en cinquième année. Mais en dehors de cela, les ajouts aux matériaux originels sont discrets dans ce jeu qui garde une trame narrative bien cadrée.

Professeurs hauts en couleurs, élèves attachants, mages noirs patibulaires… les nouveaux personnages sont fidèles aux archétypes des romans, et beaucoup portent d’ailleurs des patronymes familiers. Les observateurs ne manqueront toutefois pas de remarquer l’apparition d’une femme transgenre : le studio se démarque par là nettement de J. K. Rowling, l’autrice mondialement connue d’Harry Potter, critiquée pour ses prises de position transphobes et qui a dernièrement multiplié les controverses. Il tend ainsi la main aux fans qui se seraient détournés de l’œuvre à cause de sa créatrice, d’ailleurs absente du développement du jeu.

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Si l’adaptation zélée de l’œuvre originale a de quoi ravir les amateurs, L’Héritage de Poudlard souffre en revanche de la comparaison sur le plan de l’écriture. Nous ne passons presque pas de temps en classe – les cours se résumant à quelques animations –, les amitiés nouées sont superficielles et la trame du scénario reste scolaire. On peut également regretter les limitations dans les choix proposés pour forger le destin de notre héros dans ce titre qui se présente pourtant comme un jeu de rôle.

La plus grosse incohérence du jeu ? La pluie est quasiment absente alors que l’action se déroule dans la région écossaise des Highlands.

Emploi du temps surchargé

La grosse production préfère nous envoyer explorer sa carte et énoncer les formules les plus communes du jeu en monde ouvert. Depuis le guidage insistant (à désactiver de préférence), jusqu’à la kyrielle de missions secondaires qui se contentent de nous proposer des va-et-vient entre quelques lieux, en passant par l’abondance de coffres qui contiennent du matériel souvent inutile, le doux vernis « potterien » se craquelle face à l’accumulation de poncifs. Près d’un an après la déflagration Elden Ring ou la machine parfaitement huilée Horizon : Forbidden West, le Poudlard Express semble avoir un train de retard sur la concurrence.

Entre deux quêtes, le sorcier en herbe n’a pas le temps de paresser. Il lui faut récupérer des ressources, éliminer au passage des ennemis, fouiner dans des grottes, crocheter des serrures avec le même mini-jeu, attraper de nouvelles créatures sauvages, vendre les tonnes d’équipements récupérés pour se faire de l’argent, fabriquer nos potions, mettre en terre nos plantations, améliorer notre balai… Les routines ne sont pas déplaisantes mais le tempo est freiné par leur accumulation ; elles étirent souvent artificiellement notre parcours.

Plus polyvalente que les épées ou les pistolets, la baguette magique peut aussi servir à réparer le mobilier ou à être invisible.

Nous remplissons ces devoirs – certains sont même désignés comme tels – dans l’attente des passages enchanteurs qui ponctuent l’aventure. La découverte de la salle sur demande ou la première chevauchée à dos d’hippogriffe au soleil levant resteront gravées dans les mémoires, tout comme les heures passées à arpenter les couloirs labyrinthiques de Poudlard pour nous régaler de son architecture, de son mobilier ou de ses saynètes. Enfin, les combats à la baguette, chaotiques au premier abord, finissent par charmer : dans les méandres de certains donjons, nous avons même frémi comme dans un God of War.

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L’Héritage de Poudlard est donc un élève appliqué, malgré son manque de maturité. Tout comme Sophronia Franklin, la petite « Madame-je-sais-tout » dont on répond au questionnaire entre les rayonnages de la bibliothèque, ce jeu a beau réciter une leçon qui n’étonnera personne, il la connaît sur le bout des doigts et y met du cœur.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • Poudlard, éblouissante, labyrinthique et mystérieuse ;
  • le sentiment de liberté en parcourant les vastes étendues autour de l’école ;
  • les combats à la baguette, d’abord confus puis réjouissants.

On a moins aimé :

  • que le directeur ait l’audace d’interdire les parties de quidditch ;
  • le protagoniste sans âme et un scénario principal plan-plan ;
  • être salué comme le meilleur élève alors que nous passons notre temps à faire l’école buissonnière ;
  • beaucoup d’objectifs, de quêtes ou de butins sans saveur.

C’est plutôt pour vous si :

  • le charme des Harry Potter opère toujours sur vous ;
  • vous êtes résistants à la charge mentale (car il vous faut vous former aux combats à la baguette, préparer des potions, cultiver des plantes, attraper et chouchouter des créatures magiques, aller à la rencontre de camarades, trouver le meilleur équipement, résoudre des énigmes laissées par Merlin, chercher des statuettes cachées, crocheter des verrous, devenir un as de la voltige sur balais et bien plus encore).

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • les jeux en monde ouverts qui vous disent quoi faire et où aller en permanence vous fatiguent ;
  • vous manquez de temps.

La note de Pixels :

Mention « effort exceptionnel » au Brevet universel de sorcellerie élémentaire (BUSE).



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