l’image progresse-t-elle au point d’en faire un critère d’achat ?

l’image progresse-t-elle au point d’en faire un critère d’achat ?


En filmant en HDR, les smartphones cherchent à capturer des lumières plus naturelles, afin de restituer, par exemple, les rayons d’une journée ensoleillée avec une vivacité supérieure, et trancher ainsi avec le rendu adouci auquel nous sommes habitués. Une promesse qui intriguera quiconque collecte beaucoup de souvenirs au format vidéo.

Pour y parvenir, les smartphones s’appuient sur plusieurs qualités nouvelles. Leur caméra ruse pour capturer des écarts de lumière plus larges, depuis le chat tapi dans l’ombre jusqu’aux reflets du soleil dans l’eau. Leurs puces électroniques enregistrent des nuances de luminosité plus fines, et leur mémoire stocke, en plus de la vidéo, des informations détaillées sur l’intensité lumineuse de la scène qu’ils filment.

La capture vidéo HDR est apparue en 2018, mais « elle s’est initialement révélée décevante », estime Hervé Macudzinski, directeur scientifique de l’imagerie chez DxOMark, un laboratoire de tests français. Au point de d’abord rester cachée dans les options des smartphones. C’est seulement depuis dix-huit mois que certaines marques l’activent d’office, signe qu’elles commencent à en être satisfaites. Nous avons testé cette fonction sur le Xiaomi 12, le Samsung Galaxy S22 et l’iPhone 13, trois smartphones des marques les plus populaires coûtant autour de 800 euros – les gammes moyennes n’y ayant pas encore accès. Cette fonction tient-elle ses promesses au point d’en faire un critère d’achat ?

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Xiaomi et Samsung à la peine

La plupart des vidéos de test ont été filmées en extérieur et en plein jour, des conditions favorables à la HDR. Les images du Xiaomi 12 se sont pourtant révélées décevantes, rarement plus vives que les plans tournés au format classique. Le rendu des couleurs, lui, s’est dégradé au point que les images HDR paraissaient moins naturelles. Il semble que Xiaomi en ait conscience puisque cette fonction est, pour le moment, optionnelle.

Chez Samsung aussi, la HDR est désactivée sur le Galaxy S22. Les effets du HDR sont tout aussi discrets que sur le Xiaomi. Certaines vidéos paraissent un peu plus vives en HDR, d’autres plus ternes, pour un résultat global mitigé. Chez Samsung, les problèmes de colorimétrie sont acceptables tant qu’on ne cherche pas à regarder ces vidéos sur un autre écran que celui d’un smartphone, et qu’on commet l’erreur de les diffuser sur une télévision bas de gamme : « La qualité du HDR est alors inférieure à celle des plans filmés au format classique », a constaté M. Macudzinski, qui déconseille d’activer cette fonction sur le S22. Sur un écran haut de gamme, les vidéos HDR du Samsung ne souffrent pas de ce défaut, mais bien souvent, elles paraissent nettement moins naturelles que celles de l’iPhone.

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Apple étonnant de réalisme

Seules les images de l’iPhone 13 nous ont semblé particulièrement vives et naturelles en HDR, que ce soit sur l’écran du smartphone ou sur les deux télévisions Oled qui ont servi à nos tests, le Panasonic JZ2000E au pic lumineux record et le LG C2, souvent recommandé par les médias spécialisés.

Nous avons noté une franche amélioration sur deux tiers des vidéos tournées en extérieur : les nuages semblaient découpés par la lumière, l’eau paraissait plus vive, les taches de soleil dans la forêt ressortaient de façon naturelle. Globalement, l’impression de relief et de contraste était supérieure. Finalement, ces images dégageaient une sensation de réalisme franchement améliorée, au point, parfois, de donner l’impression qu’on traversait l’écran. Sur ces vidéos tournées en extérieur, les ratages étaient assez rares, même lorsqu’il pleuvait.

Attention, toutefois : cette amélioration s’estompait lorsqu’on consultait ces vidéos sur un écran exposé au soleil direct. La HDR ne brille que dans les pièces faiblement éclairées. Et les vidéos filmées en intérieur étaient rarement meilleures dans ce format. Beaucoup paraissaient même légèrement assombries comparées au format classique. Au point que nous conseillerons plutôt à ceux qui filment essentiellement des vidéos en environnement sombre de désactiver la HDR. Cela dit, cette technologie étant encore balbutiante, on peut espérer que ce problème finisse par être corrigé.

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Le mur du partage avec ses proches

Lorsqu’on souhaite montrer à ses proches les belles vidéos HDR qu’on a tournées, c’est le parcours du combattant. Les réseaux sociaux ne sont pas très accueillants avec la HDR : beaucoup ne sont pas compatibles, et lorsqu’ils le sont, la plupart diffusent la vidéo dans un format compressé qui atténue l’impact lumineux. Des problèmes d’affichage peuvent survenir : l’image peut paraître trop sombre ou trop claire.

Envoyer la vidéo directement à ses proches est une bonne solution s’ils disposent d’un smartphone haut de gamme de la même marque et de même génération : nous recommandons d’utiliser le partage de fichier sans fil à proximité. Mais s’ils disposent d’un appareil nettement plus ancien, ou moins haut de gamme, leur écran sera rarement suffisamment lumineux pour que l’impact visuel soit appréciable. En outre, si l’appareil n’est pas de la même marque, il ne pourra pas nécessairement lire la vidéo en qualité optimale, car les marques d’appareils se livrent une guerre des formats. Beaucoup de télévisions, d’ordinateurs et de smartphones ne lisent correctement que le HDR 10 + ou son concurrent, le Dolby Vision, mais pas les deux. Les appareils Apple, par exemple, sont incompatibles avec les vidéos des smartphones Samsung.

Bref, il est souvent préférable de montrer ses vidéos HDR sur le smartphone qui les a filmées. Si on souhaite les lire sur une télévision HDR, il faudra respecter une liste de conditions décourageante. Ainsi, elle doit pouvoir afficher un pic lumineux élevé et être compatible avec le format HDR du smartphone, et il faudra éviter d’utiliser une Chromecast pour lire la vidéo, l’Apple TV ou tout autre système de diffusion sans fil : cela nuit généralement à la qualité d’image. Le plus sûr est encore de placer la vidéo sur une clé USB branchée à la télé.

Pire : les vidéos d’iPhone sont très difficiles à extraire du smartphone en qualité HDR. Apple fait tout pour convertir la vidéo dans un format non HDR, afin d’éviter les problèmes d’affichage. Pour déjouer ce problème, il faut faire transiter la vidéo par l’application Fichiers. Epuisant !

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En conclusion

Pour l’heure, seul Apple maîtrise la capture vidéo HDR sur smartphone. Lorsqu’on filme en plein soleil avec l’iPhone 13, le résultat est véritablement enthousiasmant. De retour à la maison, la vidéo paraît parfois si réaliste qu’elle donne un peu l’impression de revisiter l’endroit où l’on a filmé, bien plus qu’une vidéo classique.

Mais lorsqu’on filme en intérieur, le plan en HDR est plutôt légèrement moins agréable à regarder. Et comme il n’y a presque aucune façon sûre et simple de partager une vidéo HDR avec ses proches, cette technologie, aussi prometteuse soit-elle, ne nous paraît pas encore prête à devenir un critère d’achat pour le grand public.

Notre protocole de tests : un parcours d’obstacles

Pour ce comparatif, nous avons filmé une trentaine de plans en double : d’abord en HDR (haute plage dynamique), puis immédiatement après au format classique SDR (plage dynamique standard). En enchaînant sur smartphone la lecture des deux plans, l’écart sautait immédiatement aux yeux : la HDR rayonnait. Une illusion, avons-nous fini par comprendre. Les smartphones haussent souvent la luminosité de son écran pendant la lecture HDR, faussant la comparaison. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons illustrer cet article avec des vidéos HDR et SDR : leur comparaison serait trompeuse.

Pour éliminer ce biais, nous avons utilisé un deuxième smartphone de même marque, de la même taille, au pic lumineux équivalent : nous avons diffusé sur son écran la vidéo SDR en haussant sa luminosité pour atteindre le niveau approximatif des vidéos HDR. Après cette manipulation, les scènes HDR sont apparues beaucoup moins flatteuses – à part sur iPhone.

Un second test nous a déroutés : sur la télévision LG C2, nous avons tenté de gommer l’écart de luminosité entre SDR et HDR en activant le réglage « luminosité maximale ». L’écart entre les images SDR et HDR de l’iPhone 13 nous a alors paru beaucoup moins évident. Au passage, nous avons noté que cet automatisme était agressif, produisant en SDR une image moins naturelle. Ces observations n’ont pas surpris Hervé Macudzinski, directeur scientifique de l’imagerie chez DxOMark, un laboratoire de tests français :

« Les vidéos de l’iPhone 13 sont filmées par un capteur HDR, qu’elles soient ensuite enregistrées en HDR ou en SDR. Dans ces deux formats, l’écart de luminosité entre les blancs et les noirs est donc rigoureusement identique. C’est le nombre de nuances de luminosité, comprises entre le blanc et le noir, que le format HDR améliore. Ajoutons que l’enregistrement dans le format HDR employé par l’iPhone, le Dolby Vision, adjoint à la vidéo de nouvelles d’informations : des indications sur l’intensité lumineuse à l’intérieur de la scène filmée. Les vidéos SDR de l’iPhone 13 n’intègrent pas ces informations et leurs lumières sont moins nuancées, mais elles demeurent excellentes – cela ne me surprend pas qu’un téléviseur aux automatismes très avancés puisse leur donner du peps en mettant à contribution sa luminosité supérieure à la moyenne. Je m’attends toutefois à ce que le résultat soit moins propre et moins naturel qu’avec une vidéo HDR. »



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