L’Europe aurait transmis à Microsoft une liste de conditions à remplir pour espérer valider son acquisition du géant des jeux vidéo.
Après la FTC, c’est au tour de la Commission européenne d’émettre des réserves concernant l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft. Selon Bloomberg, le géant de la tech aurait reçu une communication des griefs mardi dernier, portant sur les conséquences du rachat dans le secteur du jeu vidéo et du cloud gaming.
Depuis l’annonce du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft en janvier 2022, les régulateurs de tous bords sont mobilisés. Il ne faut toutefois pas voir dans cette communication des griefs la contestation définitive d’une opération à 69 milliards de dollars, mais plutôt une liste de motifs pouvant justifier un blocage officiel côté UE. La procédure est même jugée habituelle dans ce type de situation, et intervient ici pour compléter l’enquête approfondie que mène la Commission. Les conclusions doivent être rendues le 11 avril prochain, date à laquelle Microsoft saura si le rachat de son concurrent est autorisé par l’Europe.
Un rachat soumis à 16 autorités antitrust
Les enjeux de cette communication des griefs sont, en revanche, autrement plus préoccupants pour la FTC. Le gendarme de la concurrence américain, à l’origine d’une plainte déposée en décembre dernier, pourrait en effet voir ses efforts de blocage du rachat entravés par les pistes d’amélioration transmises par l’UE à Microsoft. Car si la firme de Redmond suit les recommandations de la Commission, l’acquisition pourrait être actée par l’UE en avril prochain et fragiliser la procédure américaine.
Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft ne pourra être validé qu’après approbation par 16 instances et autorités de la concurrence, parmi lesquelles la FTC, la Commission européenne et la Competition and Market Authority (ou CMA, le gendarme de la concurrence du Royaume-Uni). Au début du mois de janvier 2023, la CMA annonçait par ailleurs prolonger le délai de son enquête, repoussant sa date butoir du 1er mars au 26 avril. Preuve, s’il en fallait encore, que le sujet est tendu.
Si cette acquisition constitue un dossier majeur pour les différents régulateurs, c’est parce qu’elle permettrait à Microsoft d’exercer un monopole certain dans le secteur du jeu vidéo, cloud gaming compris. Pour la FTC, le rachat lèserait à coup sûr les autres acteurs de ce marché estimé à plus de 200 milliards de dollars. Comment rivaliser équitablement quand une même entreprise possède les licences les plus importantes et les plus lucratives ?
De son côté, Microsoft tente de faire passer la pilule, arguant de la prévalence de Sony et Nintendo sur le marché du jeu vidéo, promettant de ne pas contraindre les droits d’exploitation de licences majeures au seul écosystème Xbox. Des accords de distribution pour Call of Duty ont déjà été signés avec Nintendo et Valve. Une proposition de partenariat similaire a également été soumise à Sony, fermement opposé au rachat. Une offre que l’entreprise japonaise aurait refusée sans autre forme de procès.
Source :
Bloomberg