malgré les restrictions, les sites de propagande russe se multiplient

malgré les restrictions, les sites de propagande russe se multiplient


Les sites diffusant de la propagande prorusse sur Internet se sont multipliés depuis le début de la guerre en Ukraine, et ce, malgré le blocage décrété par la Commission européenne des médias russes favorables au Kremlin, comme RT ou Sputnik, révèle une enquête de l’institut new-yorkais NewsGuard, mardi 9 août.

Le nombre de sites diffusant de la désinformation dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fortement augmenté en six mois, passant de cent seize sites identifiés en mars à deux cent cinquante. « Au cours des quatre derniers mois, les analystes de NewsGuard ont identifié soixante-dix-huit nouveaux sites publiant de la désinformation Russie-Ukraine et trente-deux nouveaux mythes sur la guerre [sur un total de cinquante-quatre]. » Parmi les mythes et fausses informations identifiés : la Russie ne serait pas responsable du massacre de Boutcha ou de l’attaque de la gare de Kramatorsk, les Etats-Unis dirigeraient des laboratoires pour développer des armes biologiques sur le sol ukrainien, des réfugiés ukrainiens auraient commis des crimes en Allemagne ou en Pologne…

Pour identifier ces sites de propagande, NewsGuard s’est notamment appuyé sur une étude de l’Institut pour le dialogue stratégique de juillet 2022, qui montre comment, malgré l’interdiction qui pèse sur RT, les contenus produits par ce média favorable au Kremlin parviennent tout de même à trouver une audience par des biais détournés.

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« Sites dormants »

Certains de ces sites se présentent comme des émanations de think tanks indépendants ou de médias. La moitié publie des contenus en langue anglaise, mais aussi en français, en allemand ou en italien. Un certain nombre sont ce que le codirecteur de NewsGuard, Gordon Crovitz, qualifie auprès de l’agence Associated Press (AP) de « sites dormants » : ils existaient déjà avant le début de la guerre en Ukraine et diffusaient des contenus génériques sans aucun lien avec le conflit, avant de soudainement s’y consacrer exclusivement, adoptant un point de vue prorusse.

Le nombre de sites de propagande repérés par NewsGuard « excède largement la poignée de sites identifiés et sanctionnés par les plates-formes numériques, comme Google, Facebook, Twitter ou TikTok, au début de l’invasion », regrette l’organisation, qui demande davantage de fermeté de leur part et davantage d’informations à l’endroit des utilisateurs.

NewsGuard note également que bon nombre des sites découverts continuent de percevoir des revenus issus de la publicité, notamment grâce à un logiciel fourni par Google. Une manne qui « va à l’encontre du code de bonnes pratiques de la Commission européenne pour lutter contre la désinformation, qui a été mis à jour en juin », juge-t-elle.

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La première mouture de ce code conduite a été établie en 2018 et les principaux géants de l’Internet – Meta, Google, Twitter ou TikTok – en sont signataires. Il engage notamment les acteurs faisant du placement publicitaire, comme Google, à éviter de diffuser leurs annonces près de contenus conspirationnistes, à vérifier les sites sur lesquels elles s’affichent ainsi qu’à fournir aux utilisateurs des outils pour identifier et réagir aux informations fausses ou trompeuses.

Le Digital Services Act (DSA), définitivement voté par le Parlement européen le 5 juillet et dont l’entrée en application est attendue en 2024, prévoit par ailleurs des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial pour les entreprises qui dérogeraient à leur obligation de réduction des risques en matière de désinformation.

Le Monde



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