Au royaume des start-up, l’histoire de Mistral AI a tout du conte de fées. En juin, la jeune entreprise française d’intelligence artificielle (IA) a frappé les esprits en levant 105 millions d’euros, seulement quelques semaines après la création de celle-ci, alors qu’elle n’avait encore ni produits ni revenus.
Et, lundi 11 décembre, elle a impressionné avec un nouveau tour de table, de 385 millions d’euros, et une valorisation de 2 milliards d’euros la propulsant déjà dans l’univers convoité des licornes, estimées à plus de 1 milliard d’euros. Le jeune directeur général de 31 ans, Arthur Mensch, assume de grandes ambitions : « Nous poursuivons une trajectoire claire : créer un champion européen à vocation mondiale en intelligence artificielle générative, basé sur une approche ouverte, responsable et décentralisée de la technologie. »
En clair, Mistral AI veut lancer des modèles de traitement du langage capables de concurrencer ceux des géants américains comme OpenAI, le créateur du robot conversationnel ChatGPT, Google ou Meta. D’ailleurs, des fonds d’investissement américains – Andreessen Horowitz et LightSpeed Ventures – mènent la nouvelle levée de fonds. Ceux-ci sont accompagnés de Salesforce, BNP Paribas ou CMA CGM, plus des actionnaires du premier tour, comme Bpifrance, le fonds La Famiglia ou Eric Schmidt (ancien directeur général de Google).
« Lobbying »
L’attrait suscité par Mistral AI est lié au profil prestigieux de son équipe : les trois cofondateurs allient l’excellence académique française dans les mathématiques et l’informatique à l’expérience des géants américains leaders de l’IA : Arthur Mensch est passé par l’Ecole polytechnique et l’Ecole normale supérieure, avant de travailler pour Google DeepMind. Le directeur technique, Thimotée Lacroix, a connu l’Ecole normale supérieure, puis Meta, pendant huit ans. Il y a travaillé sur LLaMA, le modèle de traitement du langage de la maison mère de Facebook et d’Instagram, avec le directeur scientifique de Mistral AI, Guillaume Lample, également issu de Polytechnique.
Le jeune champion de l’IA bénéficie d’un fort soutien politique. « Mistral démontre que la France a tous les atouts pour maîtriser l’intelligence artificielle », a tweeté le ministre délégué au numérique, Jean-Noël Barrot. « Bravo à Mistral, c’est ça, le génie français », a salué Emmanuel Macron, lundi, lors d’un déplacement. Le président de la République avait déjà, en juin, lors du salon VivaTech, partagé une scène avec Arthur Mensch. M. Macron avait plaidé pour des « champions français » de l’IA et dit « partager les inquiétudes » de Mistral sur le projet de règlement européen, susceptible, selon lui, de « gêner l’innovation ».
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