N’en déplaise à Booba, avoir une communauté c’est devenir chef de meute

Squeezie ou le dilemme du « gars normal »


Du combat contre ce qu’il appelle les « influvoleurs », le rappeur Booba a voulu devenir le symbole. Il a souvent mis en cause les pratiques douteuses de l’agente Magali Berdah et ses poulains de la télé-réalité. Il a pris part ces derniers mois au débat autour du nécessaire encadrement des influenceurs, hommes et femmes-sandwichs 2.0 aux pratiques publicitaires toujours plus opaques. Il a su s’ériger en interlocuteur crédible dans ce débat de société, allant jusqu’à être cité par les parlementaires lors des débats à l’Assemblée nationale autour de la loi influenceurs, promulguée le 9 juin. Il s’est même récemment réinventé, avec deux associées, en patron d’une agence d’influenceurs s’affichant comme « éthique », « responsable » et « transparente », sans beaucoup plus de détails.

Mais plus que cette nouvelle activité, son arme de prédilection dans cette bataille sont les réseaux sociaux. Suivi par plus de six millions d’abonnés sur Twitter, Elie Yaffa, de son vrai nom, n’hésite pas à faire montre de véhémence, voire de violence en ligne. Des saillies brutales qui ont pour effet d’exciter ses abonnés et fans – ses « pirates » – et de les lancer aux trousses numériques de ses opposants. Si Booba a été mis en examen à l’automne 2023 pour « harcèlement » envers l’agente d’influenceurs Magali Berdah, rappelons que 28 internautes ont fait l’objet de procès ces derniers mois pour avoir pris part à cette vague de haine massive.

La semaine dernière encore, il s’en prenait dans ses publications à deux journalistes de Franceinfo, Linh-Lan Dao et Julien Pain, qui ont réalisé un portrait du rappeur pointant ses inclinations pour le partage de fausses informations et le cyberharcèlement. « C’est un appel à la meute pour qu’elle se déchaîne », a d’ailleurs dénoncé dans un tweet du 26 janvier la journaliste visée.

Un certain sens de la justice

Le phénomène de meute ou de horde en ligne – quand l’action violente d’un individu entraîne l’agressivité du reste du groupe – est aujourd’hui largement reconnu. Dans le milieu des vidéastes, certains streameurs n’ont pas de scrupules à envoyer leur communauté envahir l’espace d’un autre utilisateur, des « raids » parfois d’une violence inouïe qui ont obligé la plate-forme Twitch à prendre des mesures ces dernières années.

En 2021 par exemple, pour dénoncer l’existence très prégnante du harcèlement sur la plate-forme, des utilisateurs ont organisé un « black-out » et cessé de diffuser en ligne pendant une journée. La même année, la justice condamnait le youtubeur Marvel Fitness pour « harcèlement moral » envers certains influenceurs, abordant pendant le procès l’implication de sa communauté dans l’amplification du phénomène.

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