La fracture numérique n’est pas seulement une question de générations : selon un rapport de l’Unicef, les jeunes de 15 à 25 ans n’ont pas tous le même accès au Web dans le monde. Les jeunes femmes en sont encore majoritairement exclues, même si le foyer dispose d’un ordinateur connecté. En cause : les stéréotypes sexistes.
C’est un véritable fossé numérique qui ne s’arrange pas avec le temps : les adolescentes et jeunes femmes se connectent sur le Web deux fois moins que leurs homologues masculins dans les pays à faible revenu. 90 % d’entre elles n’ont tout simplement pas accès à Internet dans ces parties du monde, s’alarme l’Unicef dans un rapport publié jeudi 27 avril. L’ONG qui a cherché à chiffrer la fracture numérique entre les genres chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans s’est appuyée sur des données issues de différentes enquêtes.
Car le fait d’avoir, à la maison, un ordinateur ou un téléphone connecté à Internet, ne signifie pas que tous les membres d’une famille y aient le même accès. Et c’est précisément ce qu’a souhaité étudier l’ONG : au sein d’un même foyer, les adolescentes et les jeunes femmes se connectent-elles autant que les hommes du même âge ? Dans la majorité des pays étudiés, la réponse est négative.
Moins d’accès et donc moins de compétences numériques de base
D’abord, l’ONG s’est attachée à dresser un état des lieux. Dans les 54 pays étudiés, les femmes ont moins accès à Internet que les hommes. En moyenne, pour 100 adolescents et jeunes hommes qui le sont, on trouve seulement 71 adolescentes et jeunes femmes. Et l’écart est plus prononcé dans les pays à faible revenu, où 90 % des adolescentes et des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans (près de 65 millions de personnes) sont hors ligne, contre 78 % des adolescents et des jeunes hommes du même âge (près de 57 millions de personnes).
Et comme l’accès à Internet est restreint, les jeunes femmes ont d’autant moins d’occasions d’apprendre le B-A.BA du numérique, comme savoir faire un copier-coller, envoyer des e-mails ou transférer des fichiers. Pour 100 jeunes hommes ayant ces « compétences numériques de base », comptez seulement 65 jeunes femmes.
Encore moins d’accès dans les familles aisées ?
Pourquoi une telle fracture ? L’Unicef avance surtout des explications d’ordre éducationnel et familial. Elle explique que dans certains pays, on donne par exemple plus facilement un téléphone portable à un garçon qu’à une fille. C’est le cas dans les 41 pays et territoires inclus dans une des analyses citées par l’ONG. Elle suggère que ce sont surtout les préjugés sexistes qui défavorisent les jeunes femmes dans leur accès et leur apprentissage du numérique. Point surprenant, faire partie d’une famille aisée ne garantit pas aux jeunes femmes un plus grand accès à Internet. L’ONG montre que c’est même l’inverse dans 24 pays sur les 30 analysés dans une autre enquête. Les écarts entre les sexes en matière de compétences numériques augmentent lorsqu’il s’agit de familles aux revenus confortables.
À lire aussi : Pourquoi les algorithmes sont encore sexistes
Or, cette exclusion risque d’aggraver les inégalités entre les hommes et les femmes dans de nombreux domaines. Il en est de même pour les écarts de salaire déjà existants sur le marché du travail entre les hommes et les femmes, puisqu’aujourd’hui, de nombreux secteurs clés nécessitent des compétences numériques. Pour améliorer la donne, l’ONG préconise de mettre en place des programmes d’enseignements numériques identiques, quelque soit le genre de l’audience, de protéger la sécurité des jeunes femmes en ligne, et de promouvoir auprès des écolières les sciences, l’informatique, la technologie et les mathématiques.
Source :
Rapport de l’Unicef