Nous avons visité le data center qui stocke les données des 32 millions d’abonnés Orange

Nous avons visité le data center qui stocke les données des 32 millions d’abonnés Orange


C’est en Normandie que l’opérateur historique a choisi d’implanter ses deux plus gros centres de données. Des installations hors normes dont il tente de limiter l’impact environnemental.

A une trentaine de kilomètres de Rouen, dans le département de l’Eure, la petite commune de Val-de-Reuil abrite une entreprise un peu particulière sur sa zone industrielle. Orange y a en effet installé deux énormes data center. Ceux qui hébergent les données de ses 32 millions d’abonnés français. Mais pas seulement. “Nous y stockons aussi les services des clients d’Orange Business Services, ainsi que notre propre système d’information”, précise Marc Blanchet, directeur technique d’Orange France.

Les bâtiments restent très discrets malgré leur ampleur. Le premier, baptisé Normandie 1, a été inauguré en 2012 et s’étend sur 16 000 mètres carrés. Le plus récent, Normandie 2, vient d’entrer en service sur 18 000 mètres carrés. Le site est tellement vaste qu’il serait même envisageable de faire sortir un ou deux centres de données supplémentaires dans dix ans si le besoin s’en faisait sentir. Ce qui n’est pas du tout à l’ordre du jour.

Réduire le nombre de data center

La priorité d’Orange, c’est d’essayer de limiter l’impact environnemental de ce type d’installations. Pour y parvenir, elle mise d’abord sur une rationalisation de son parc. Elle va donc fermer progressivement ses 17 data center répartis sur tout le territoire et dont il reste encore huit migrations à réaliser. L’idée, c’est de tout basculer sur seulement trois centres de données : ceux de Val-de-Reuil, reliés directement en fibre optique à un troisième nouveau bâtiment localisé à Amilly, en Centre-Val-de-Loire, non loin de Chartres. Ce dernier est la copie exacte de Normandie 2. Il est sorti de terre en même temps et assure la redondance du système.

Le choix de s’implanter dans l’Ouest de la France n’a évidemment pas été fait au hasard. Il fallait trouver des terrains hors des zones sismiques et des couloirs aériens mais bénéficiant aussi de conditions climatiques favorables. Les risques de canicule y sont moins élevés qu’ailleurs en France. Les deux nouveaux bâtiments ont été éco-conçus et devraient afficher une efficience énergétique enviable même quand ils tourneront à plein régime.
Pour mesurer les performances d’efficacité énergétique, on recourt à un indice, appelé PUE (Power Usage Effectiveness). Il est calculé sur un an en divisant l’énergie consommée par le centre de données par le total de l’énergie utilisée par l’équipement informatique (serveur, stockage, réseau). Ainsi, le PUE cible de ce data center gigantesque est inférieur à 1,3, ce qui est ambitieux et impressionnant, puisque le minimum est de 1, mais légèrement moins bon que ce qu’arrive à atteindre Google, semble-t-il. Pour comparaison, le groupe américain indique en effet qu’en 2021, ses data centers ont atteint un PUE moyen de 1,1.

Quoi qu’il en soit, ce chiffre qui parlera aux initiés, ne dit rien, en revanche, des autres impacts environnementaux des centres de données, comme la production de déchets ou l’épuisement des ressources naturelles, par exemple.

Du free cooling pour éviter la climatisation

Comment contenir la consommation énergétique ? La chasse au gaspillage se fait dans tous les domaines. L’énorme groupe électrogène de Normandie 2 n’est mis en route que durant une heure quand il faut le tester une fois par mois, par exemple. Oubliés aussi les murs végétalisés de Normandie 2 qui font leur effet esthétique mais qui sont totalement inutiles question refroidissement.

Autre axe privilégié, le free cooling. Cette méthode consiste à faire entrer de l’air frais de l’extérieur pour refroidir les serveurs qui produisent beaucoup de chaleur. Le tout pour faire baisser la consommation énergétique et les émissions de gaz à effets de serre. « Cela permet de passer 10 mois sur 12 sans climatisation », a souligné la patronne d’Orange France, Fabienne Dulac, lors de l’inauguration ce 1er juin.
Mais ce n’est pas vraiment révolutionnaire. Et l’idéal serait de se passer totalement de climatisation comme le fait Scaleway, par exemple, avec son data center DC5. Orange n’a pas souhaité pour le moment retenir de procédé de type adiabatique en raison de la consommation d’eau que cela impliquerait. Pas question non plus d’immerger les serveurs, une technologie encore trop expérimentale.

En France, les data centers sont responsables d’environ 15 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur du numérique. Un chiffre appelé à augmenter considérablement dans les années à venir avec l’explosion des besoins en traitement et stockage des données. Ils pèsent entre 4 et 22% de l’empreinte environnementale globale du numérique suivant les indicateurs. Le prochain défi sera de parvenir à prolonger la durée de vie des équipements informatiques qui n’excèdent actuellement pas les sept ans, en règle générale.



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