« Nous nous demandons encore trop peu ce qu’il se passe en nous lorsque nous utilisons les intelligences artificielles »

« Nous nous demandons encore trop peu ce qu’il se passe en nous lorsque nous utilisons les intelligences artificielles »


Rares sont les individus qui passent à côté de l’effervescence qui entoure l’intelligence artificielle [IA] aujourd’hui. Plus que la sophistication récente des techniques d’apprentissage profond, ce sont la mise à disposition et la diffusion des objets issus des recherches en informatique au sein de notre société qui suscitent cet intérêt. L’IA est un sujet de discussion, parfois de polémiques, et ce débat témoigne d’un effort de compréhension de la profondeur des transformations causées par les systèmes artificiels intelligents dans nos sociétés.

Il n’est pas question ici de discuter de la validité de l’étiquette « révolution » régulièrement attachée à l’IA, mais plutôt d’en considérer une signification trop souvent négligée. Si l’IA pouvait effectivement s’avérer porteuse d’une révolution, ce pourrait être dans le sens premier du terme, étymologique – revolvere – de retour vers soi : car nous nous demandons encore trop peu ce qu’il se passe en nous lorsque nous utilisons les IA.

De ce point de vue, certains usages actuels de l’IA posent en effet question. L’IA intervient de plus en plus dans nos interactions numériques en faisant office d’interlocuteur, comme c’est le cas de ChatGPT (parmi ses utilisateurs, une part importante l’utilise aujourd’hui régulièrement : 41 % d’entre eux y ont recours au moins une fois par semaine en France), ou encore en nous permettant de façonner algorithmiquement notre image au cours de nos interactions audiovisuelles par divers filtres de visage et de voix.

Améliorer son image numérique

L’Académie américaine de chirurgie plastique et reconstructive du visage détaille de son côté le rôle croissant des selfies dans la chirurgie plastique du visage : les transformations physiques chirurgicales sont dorénavant sollicitées afin d’améliorer non plus son apparence physique réelle mais son image numérique, alors même que cette dernière correspond à une réalité déformée par l’objectif de l’appareil photo. Mais ces mêmes filtres ont un effet positif sur l’humeur lorsqu’ils sont utilisés afin de stimuler l’imagination et la création.

En poursuivant la réflexion des philosophes Andy Clark et David Chalmers sur la « cognition étendue », nous posons qu’émotions et sociabilité se trouvent désormais également externalisées dans notre technique. Comprendre et mesurer l’incidence sur notre cognition et notre psychisme du déploiement de ces dispositifs dans notre quotidien nécessite donc un minimum de connaissances sur la manière dont nous fonctionnons.

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