Pour augmenter l’autonomie de sa voiture électrique en hiver, il faut rouler plus vite. Vraiment ?

Pour augmenter l’autonomie de sa voiture électrique en hiver, il faut rouler plus vite. Vraiment ?


Une étude canadienne fait grand bruit dans la communauté des propriétaires de voiture électrique. Celle-ci explique qu’en hiver, le meilleur moyen de préserver sa batterie serait de rouler plus vite.

C’est une étude qui fait beaucoup parler d’elle depuis sa publication le 6 février dernier. Selon Geotab, une entreprise canadienne qui propose des solutions connectées pour l’automobile, rouler plus vite augmenterait l’autonomie des véhicules en hiver. L’affirmation est assez surprenante et mérite de se pencher non seulement sur les résultats du travail de Geotab, mais aussi sur la méthodologie utilisée. Faut-il vraiment appuyer sur le champignon dès que les températures baissent ?

Que dit l’étude ? Les analystes de Geotab expliquent très sérieusement qu’augmenter sa vitesse de conduite en hiver permet de prolonger l’autonomie des voitures électriques, quel que soit leur gabarit. L’argumentaire utilisé est assez simple : selon l’organisme, à de basses températures, l’énergie requise pour réchauffer l’habitacle devient trop importante. Dès lors, réduire le temps de trajet en augmentant sa vitesse permet de gagner quelques précieux kWh, et ce, quand bien même la vitesse serait aussi source de surconsommation. Concrètement, le chauffage aurait un impact plus important sur la consommation finale que l’énergie nécessaire pour faire avancer le véhicule.

Selon l’étude, ce constat est valable sur la très grande majorité des trajets et jusqu’à 110 km/h. Au-delà, et notamment sur autoroute, la résistance au vent (ou trainée aérodynamique) ou la densité de l’air auront un impact plus important et nécessiteront davantage d’énergie moteur pour être combattues.

Un protocole de test qui interroge

Geotab annonce s’appuyer sur l’analyse de plus de 350 000 itinéraires, réalisés par environ 500 berlines électriques, soit environ 180 000 heures de données de conduite disponible. L’organisme a également étendu ses recherches aux utilitaires et mini vans électriques sur un volume encore plus élevé. Les données de plus de 2 000 véhicules utilitaires ont été récoltées, sur plus de 2,8 millions de trajets, soit 370 000 heures de conduite. L’ensemble des données recueillies a été lissé sur un modèle de batterie de 65 kWh afin d’obtenir des données réellement comparables.

Geotab

Conscient de marcher sur un fil, l’organisme mise donc sur l’important volume de données analysées pour appuyer son propos. Il n’en demeure pas moins que son étude comporte quelques biais.

Une étude qui montre vite ses limites

L’étude de Geotab peut-elle être considérée avec sérieux ? S’il est difficile de remettre en question les données observées, il est permis tout de même de s’interroger sur la méthodologie employée, sur l’absence de certaines données, et sur l’aspect très théorique de l’ensemble. Explications.
L’organisation canadienne oublie par exemple de mentionner le temps de trajet moyen de chaque trajet analysé. En effet, la consommation d’énergie nécessaire au chauffage de l’habitacle se réduit à mesure que l’on utilise le véhicule. Autrement dit, au bout de 30 mn de roulage, l’intérieur du véhicule étant déjà monté en température, la batterie sera moins sollicitée.

L’étude omet également tout aspect pratique. En effet, rien ne permet d’indiquer si les véhicules utilisés étaient ou non munis d’une pompe à chaleur et surtout si leurs utilisateurs ont utilisé l’option de préchauffage avant de lancer leur trajet. Or tout utilisateur sensé de voiture électrique sait à quel point l’option de préchauffage de l’habitacle, lorsque la voiture est branchée au réseau, permet de préserver la batterie.

Enfin, comment ne pas s’interroger sur le bien fondé d’une étude qui encourage à augmenter sa vitesse de conduite alors même qu’il est acquis qu’une diminution de cette dernière réduit le risque d’accident.

Source :

Geotab



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