pour les victimes de « revenge porn », un long combat pour obtenir justice

pour les victimes de « revenge porn », un long combat pour obtenir justice


Deux jours pour rappeler « l’inacceptabilité du revenge porn », à défaut de rattraper la chute de l’ancien ténor de la majorité Benjamin Griveaux, dont la course pour la Mairie de Paris a été brisée par la diffusion de vidéos à caractère sexuel, en 2020.

Pour Richard Malka, son conseil, le procès de Piotr Pavlenski et d’Alexandra de Taddeo, jugés à partir de mercredi 28 juin pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » (articles 226-1, 226-2, et 226-2-1 du code pénal) doit être aussi l’occasion de dénoncer le revenge porn (ou pornodivulgation en français), cette façon de diffuser sans le consentement de l’intéressé des images censées rester privées.

Interrogé par Le Monde, le ministère de la justice a dénombré 932 poursuites et 734 condamnations pour revenge porn en 2021, un délit introduit dans le droit français par la loi pour une république numérique d’octobre 2016. Des affaires qui concernent d’abord des plaignantes. Selon une note du service statistique ministériel de la sécurité intérieure de janvier 2022, 79 % des victimes des atteintes à la vie privée à caractère sexuel et voyeurisme en 2020 sont des femmes.

« C’est comme si j’avais été violée »

Marie-Claude (toutes les victimes interviewées ont souhaité conserver l’anonymat), une éducatrice de 57 ans du sud de la France, a ainsi obtenu au début du mois de juin la condamnation à quatre mois de prison avec sursis d’un ancien petit ami. Il avait diffusé sur un site pornographique une vidéo à caractère sexuel d’une minute trente la mettant en scène.

« Quand je l’ai découverte en janvier 2021, après avoir tapé son pseudo sur Google par curiosité, je me suis mise à trembler : c’est comme si j’avais été violée », raconte-t-elle au Monde. Elle retrouve le numéro de l’homme, qu’elle avait quitté environ trois ans auparavant. Après un premier appel sans réponse et un SMS l’avertissant qu’elle allait déposer plainte, il efface la vidéo. Marie-Claude ne veut cependant pas en rester là : l’une des séquences – il y en a eu trois en tout – est restée en ligne pendant trois mois et a été vue par 1 388 internautes.

Lire la chronique : Article réservé à nos abonnés Pour en finir avec le revenge porn

Mais la procédure judiciaire prend une tournure décevante. Un premier dépôt de plainte lui est refusé, puis la procédure se termine par un simple rappel à la loi en janvier 2022. « Je trouvais ce classement sans suite complètement injuste : j’étais sous antidépresseurs, je n’arrivais pas à sortir de ce traumatisme, et lui avait simplement été auditionné, même pas placé en garde à vue », relate-t-elle. Il aura fallu qu’elle assigne directement en justice son ancien compagnon pour finalement obtenir réparation.

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