pourquoi la Chine ne peut plus acheter de machines auprès du leader mondial ASML

Les USA torpillent le processeur souverain chinois avec leur arme fatale les logiciels de conception de puces


C’est officiel : depuis le début de ce mois de janvier 2024, les sociétés chinoises ne peuvent plus acheter certaines machines fabriquées par ASML, le leader mondial d’équipements permettant de fabriquer des semi-conducteurs. La société néerlandaise a même accepté de stopper l’exportation de quelques machines avant la date d’entrée en vigueur de la mesure – un énième épisode dans la guerre technologique à laquelle se livrent la Chine et les États-Unis.

Un an après la conclusion d’un partenariat entre les États-Unis et les Pays-Bas, les entreprises chinoises ne peuvent plus acheter, depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, certaines machines permettant de fabriquer des semi-conducteurs – y compris celles qui sortaient des usines d’ASML, le leader mondial de ces équipements. Selon Bloomberg, l’administration Biden aurait même demandé au fabricant néerlandais, quelques semaines avant la date d’entrée en vigueur de cette interdiction, d’annuler en amont certaines livraisons. La demande a été acceptée par la société européenne, a confirmé l’entreprise dans un communiqué publié le 1ᵉʳ janvier 2024 sur son site Web.

Concrètement, ASML devait expédier trois machines de lithographie par immersion à ultraviolets profonds (DUV) à des entreprises chinoises, selon « des personnes au fait du dossier, qui ont demandé à ne pas être identifiées en raison du caractère confidentiel des discussions », rapporte Bloomberg. Depuis des mois, l’administration américaine, en pleine compétition technologique avec la Chine, tente de couper le pays des semi-conducteurs, ces composants indispensables à la fabrication de nos smartphones et au développement des agents conversationnels d’intelligence artificielle. Si la livraison de puces électroniques a d’abord été visée, Washington s’est ensuite attelée à mettre fin à la livraison des machines permettant de fabriquer ces composants, en utilisant leurs lois de contrôle aux exportations.

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À partir du moment où des technologies américaines sont utilisées pour fabriquer des puces ou des équipements permettant de les produire, les États-Unis imposent un système de licence – une sorte d’autorisation qui leur permet d’avoir un droit de regard sur les ventes de ces produits. Et pour que l’impact soit déterminant, l’administration de Joe Biden a aussi conclu des accords avec d’autres pays comme Taïwan et les Pays-Bas, des pays qui abritent des entreprises clés dans la chaîne de fabrication de puces électroniques. Il y a près d’un an, fin janvier 2023, Amsterdam avait accepté, à la demande des États-Unis, de mettre en place un système d’autorisation pour toute exportation de semi-conducteurs ou d’équipements de fabrication de puces à destination de la Chine.

La Chine a acheté de très nombreuses machines à ASML avant le 1er janvier 2024

Car depuis la première vague de restrictions américaines, Pékin a réalisé d’importants investissements pour développer sa propre industrie de puces électroniques. En mars dernier, le Financial Times rapportait que Pékin avait choisi de subventionner massivement, et sans limites, plusieurs entreprises dont Huawei : des chèques en blanc destinés à « sortir l’industrie de la misère », estimait un responsable gouvernemental interrogé par nos confrères. Selon Bloomberg, Huawei, l’ancien champion chinois, aurait été capable de produire des smartphones rivalisant à l’iPhone, grâce à des machines d’ASML. Pour les États-Unis, il n’est donc pas question de laisser le pays continuer sur cette voie, ce qui explique cette nouvelle restriction décidée un an plus tôt, et applicable aujourd’hui. Washington souhaite totalement éradiquer l’ensemble de l’écosystème chinois des technologies de pointe, expliquait M. Allen. C.J. Muse, analyste chez Evercore ISI, dans les colonnes du New York Times.

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Après l’annonce du partenariat conclu entre Washington et Amsterdam, la Chine n’est pas restée les bras croisés. Elle a massivement acheté des machines à ASML avant la date d’entrée en vigueur de cet accord. Entre juillet et novembre, détaille Bloomberg, les importations chinoises de machines de lithographie ont été multipliées par cinq pour atteindre 3,7 milliards de dollars, selon les données des douanes chinoises. Le coup devrait, en conséquence, être rude pour le fabricant néerlandais, qui va devoir se priver de clients importants : un fait confirmé par Peter Wennink, le patron d’ASML, lors d’une discussion avec les investisseurs en octobre dernier. Mais selon le communiqué publié par la société le 1ᵉʳ janvier 2024, l’impact de la mesure ne sera pas « important sur (les) perspectives financières pour 2023 ».

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La Chine demande aux Pays-Bas de respecter l’ordre mondial

Si Bloomberg évoque trois équipements, on ne sait ni le nombre de machines concernées ni le nom des clients affectés par la mesure. La nouvelle a toutefois provoqué quelques remous en Bourse pour deux sociétés chinoises : Semiconductor Manufacturing International Corp, qui a fourni à Huawei des puces de 7 nanomètres pour son nouveau smartphone, et Hua Hong Semiconductor Ltd. Officiellement, ASML, dans son communiqué, confirme seulement que le gouvernement néerlandais a « partiellement révoqué les licences pour l’expédition de certains systèmes de lithographie en Chine, ce qui a affecté un petit nombre de clients » chinois.

ASML précise aussi qu’elle a eu « des discussions avec les États-Unis sur la portée et l’impact de ses réglementations en matière de contrôle des exportations », sans, toutefois, en dire plus. Contactés par Bloomberg, ni la Maison-Blanche, ni le ministère néerlandais des Affaires étrangères n’ont souhaité commenter cette information. De son côté, la Chine, via le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a demandé au Pays-Bas de « respecter l’esprit du contrat et l’ordre mondial, afin de sauvegarder les avantages mutuels des deux pays », qualifiant l’intervention américaine « d’hégémonique ». Quelques jours plus tôt, Pékin avait décidé de répondre à ces différentes restrictions en interdisant l’exportation de technologies d’extraction et de séparation des terres rares – dont le pays est l’un des principaux producteurs. L’été dernier, la Chine avait déjà interdit l’exportation de gallium et germanium, deux métaux stratégiques. Dans les prochains mois, de nouvelles mesures pourraient tomber, d’un côté comme de l’autre du conflit.

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Source :

Bloomberg



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