Pourquoi le métavers pourrait permettre de vous manipuler

Voici à quoi pourrait ressembler le casque de réalité virtuelle du futur, selon Meta


Le métavers va faciliter la manipulation des internautes, met en garde un expert. D’après lui, la réalité virtuelle est une dangereuse arme de persuasion massive.

La RAND Corporation, une institution de conseil et de recherche californienne, vient de publier un rapport consacré au métavers. D’après les conclusions du Dr Rand Waltzman, expert en intelligence artificielle et en technologie de l’information, le métavers (ou metaverse en anglais) pourrait permettre de manipuler les internautes.

L’expert estime que les mondes en réalité virtuelle, comme le métavers de Meta, « permettront la manipulation psychologique et émotionnelle des utilisateurs à un niveau inimaginable dans les médias actuels ».

Le métavers, un outil de manipulation de masse ?

Il prend l’exemple d’un homme politique qui diffuserait un discours de campagne dans le métavers. Pour séduire de potentiels électeurs, les équipes de campagne pourraient modifier subtilement le visage du candidat en y glissant des traits caractéristiques de l’internaute. In fine, le candidat aurait une légère, et presque imperceptible, ressemblance avec chacun des électeurs.

« Alors que chaque spectateur pense voir la même version du candidat en réalité virtuelle, il voit en fait une version légèrement différente », explique le Dr Rand Waltzman.

Cette tactique pourrait permettre d’influencer les électeurs. En effet, il a été démontré que l’être humain est plus susceptible d’accorder sa confiance à un individu qui lui ressemble. Les experts de la manipulation n’hésitent pas à mimer la gestuelle, la diction ou l’attitude de leur cible afin de créer un « effet miroir ». C’est l’une des techniques de la programmation neurolinguistique.

© Université de Stanford

Le rapport cite une étude de l’université de Stanford. Dans le cadre de cette étude, les traits d’un candidat ont été mélangés à celui de chaque participant. Ils ne se sont pas rendu compte que l’image était trafiquée, bien que 40 % des traits aient été modifiés. Au terme de l’expérience, les politiciens étaient mieux perçus par les participants. D’après les chercheurs de Stanford, « les gens sont toujours attirés par d’autres personnes perçues comme similaires ».

Le Dr Rand Waltzman craint que cette technique de manipulation soit exploitée à grande échelle dans le métavers. Pour lui, les technologies de réalité virtuelle et augmentée, en plein essor, vont inévitablement faciliter la manipulation. En immergeant l’internaute dans un « environnement synthétique », le métavers va réunir les conditions idéales pour l’influencer. C’est une aubaine pour les entités qui cherchent à prendre le contrôle de l’opinion publique.

« Le métavers inaugurera une nouvelle ère de personnalisation massive de l’influence et de la manipulation. Il fournira un ensemble puissant d’outils pour nous manipuler de manière efficace », met en garde le Dr Rand Waltzman.

Pour protéger les internautes, l’expert de la RAND Corporation recommande de mettre en place des « garde-fous » pour « minimiser le potentiel de préjudice » du métavers. Il demande notamment aux pouvoirs publics d’enquêter sur les techniques de manipulation qui pourraient être utilisées dans la réalité virtuelle.

Dans un deuxième temps, les autorités sont invitées à concevoir des outils permettant d’identifier ces tactiques. Le Dr Rand Waltzman conseille par exemple de créer un personnage artificiel capable de naviguer dans le métavers pour y déceler d’éventuels pièges. Il avertirait alors les internautes de la supercherie.

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La crainte du métavers s’amplifie

Les critiques à l’encontre du métavers se multiplient à mesure que Meta poursuit le déploiement de son monde numérique. Si de nombreux internautes se contentent de se moquer des graphismes éculés du métavers de Mark Zuckerberg, une pléthore d’experts pointe du doigt les dangers représentés par ces environnements virtuels.

Interrogés par Agora, des développeurs estiment que le métavers, tel qu’il est décrit par Meta, représente un danger pour la vie privée des utilisateurs. C’est l’un des principaux obstacles à la mise en place du métavers, estiment les sondés. De son côté, Andrew Bosworth, directeur des nouvelles technologies de Meta, admet craindre que le métavers ne devienne « un environnement toxique ». Il a donc demandé à ses équipes de veiller à une modération très stricte pour protéger les minorités.

Tandis que les avertissements s’accumulent, le développement du métavers de Meta est profondément affecté par la crise économique. En l’espace de quelques mois, Reality Labs, la division de Meta dédiée à la réalité virtuelle, a perdu 5,77 milliards de dollars. Meta a été obligé d’annuler plusieurs projets attendus de longue date pour réduire les coûts. Dans ce contexte, Vivek Sharma, le vice-président de Meta en charge du métavers, a remis sa démission pour une raison encore inconnue.

En dépit des obstacles, la firme californienne garde le cap. Meta a en effet annoncé le lancement d’un nouveau casque pour la réalité virtuelle. Réservé aux professionnels, le casque Quest Pro pourrait dépasser les 1000 dollars, contre 400 dollars pour le Quest 2. Il sera dévoilé durant la prochaine conférence Connect de Meta, prévue dans le courant d’octobre 2022.

Source :

Rand Corporation



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