Meta et Apple s’apprêtent à rivaliser sur le terrain du métavers et de la réalité augmentée. Malheureusement pour Meta, son concurrent a déjà un coup d’avance. Explications.
Sous l’impulsion de Mark Zuckerberg, Meta a injecté des milliards de dollars dans le développement des technologies qui sous-tendent le métavers : la réalité virtuelle et la réalité augmentée. En l’espace de deux ans, l’entreprise a dépensé plus de 21 milliards de dollars pour financer sa division Reality Labs. Grâce à ces investissements colossaux, le géant des réseaux sociaux a lancé plusieurs casques de réalité virtuelle, comme le Quest 2, et un casque hybride, le Quest Pro. Pour l’heure, Meta détient pas moins de 90 % du marché des casques de réalité virtuelle, écrasant largement la concurrence.
Dans la course vers le métavers, Meta va se heurter à un concurrent de taille : Apple. Dès l’année prochaine, le géant de Cupertino devrait en effet annoncer son premier casque de réalité mixte, qui combine réalité augmentée et virtuelle. Grâce à cet accessoire, dont les contours sont encore inconnus, Apple s’apprête à faire une entrée fracassante sur le marché de la VR.
L’atout d’Apple sur le terrain de la réalité augmentée
Dans un second temps, Apple prévoit de se lancer sur le marché des lunettes AR avec les Apple Glass. L’entreprise estime en effet que la réalité augmentée a plus d’avenir que la réalité virtuelle. Ce futur accessoire se veut très semblable à une paire de lunettes traditionnelles.
De l’aveu de Mark Zuckerberg, Apple est le grand rival de Meta sur le terrain du métavers. Malheureusement pour Meta, son futur concurrent dispose d’un atout pour démocratiser la réalité augmentée : l’iPhone, le smartphone qui représente plus de 20 % des téléphones vendus dans le monde.
D’après les dernières rumeurs, les premières lunettes connectées d’Apple devront être jumelées à l’iPhone pour fonctionner, à la manière d’une Apple Watch. Ce jumelage permet à l’accessoire de s’appuyer sur la puissance de calcul considérable de l’iPhone. De facto, Apple ne doit pas inclure de composants excessivement puissants dans l’accessoire, ce qui permet d’en réduire la taille et d’affiner le design. Fidèle à ses habitudes, la marque accordera beaucoup d’attention à l’esthétique de l’appareil.
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Le grand défi de Meta
Contrairement à son illustre rival, Meta ne conçoit pas de smartphone. Comme le rapportent nos confrères de The Information, Meta devrait donc faire face à un obstacle lors de la conception de ses lunettes pour la réalité augmentée. Pour fonctionner, la première version des lunettes de Meta devrait impérativement être connectée à un terminal… du moins jusqu’à ce que la technologie AR évolue et se miniaturise.
L’entreprise californienne a déjà rencontré un problème analogue pendant le développement des Ray-Ban Stories, les lunettes capables de prendre des photos. Les ingénieurs de Meta souhaitaient en effet que les photos et les séquences capturées par les lunettes soient automatiquement transférées dans la galerie de l’iPhone de l’utilisateur. Cependant, les limitations d’iOS ont empêché Meta d’aller au bout de ses ambitions.
Pour charger les photos, il faut impérativement ouvrir l’application iOS compagnon, Facebook View. Les clichés, d’abord stockés sur la mémoire des lunettes, sont alors transférés sur le smartphone. En amont du lancement, les ingénieurs de Meta ont passé des mois à essayer d’améliorer la synergie entre l’iPhone et les lunettes. En vain.
Le même problème devrait se poser lors de la fabrication des lunettes AR. L’accessoire devra être connecté à un appareil doté d’une grande puissance de calcul pour afficher des éléments en réalité virtuelle, comme un téléphone portable. Une fois connectées, elles seraient capables d’afficher les notifications reçues en réalité augmentée, comme les SMS ou des notifications.
Conçues en partenariat avec Ray-Ban, les lunettes AR devraient se distinguer par leur légèreté, leur finesse et leur discrétion. Sans surprise, Meta veut à tout prix éviter l’écueil des Google Glass, les défuntes lunettes AR de Google. Trop voyantes, les lunettes n’ont pas convaincu le grand public.
Les solutions envisagées par Meta
D’après The Information, Meta a envisagé d’accompagner les lunettes d’un boîtier, visuellement similaire à un téléphone, pour s’affranchir de l’iPhone ou des smartphones Android. Cette approche oblige l’utilisateur à voyager avec un appareil supplémentaire, en plus de l’incontournable smartphone, dans ses poches. Meta aurait abandonné cette idée, difficile à faire passer auprès des utilisateurs.
L’entreprise s’est aussi lancée dans la fabrication d’une montre connectée consacrée au métavers. L’accessoire devait permettre d’interagir avec des éléments affichés en réalité augmentée. Destinée à concurrencer avec l’Apple Watch, la montre devait embarquer des capteurs capables d’interpréter les signaux électriques par le corps humain. Une fois décodés, ces signaux étaient traduits en commandes numériques par le bracelet.
Malheureusement, le développement a été interrompu il y a quelques mois. Trois prototypes de la smartwatch ont été mis au point, sans qu’ils rencontrent l’adhésion des responsables. Suite à des résultats financiers désastreux, Meta a été contraint d’annuler une série de projets jugés trop coûteux, dont sa montre connectée. Dans la foulée, le groupe a par ailleurs tiré un trait sur les enceintes Portal.
Dos au mur, Meta va devoir s’assurer que ses premières lunettes AR fonctionnent avec l’iPhone. La firme de Menlo Park devra à nouveau s’adapter aux limitations logicielles d’Apple. Aux dernières nouvelles, Meta prévoirait de lancer ses premières lunettes pour la réalité augmentée dès en 2024. En cas de retard, le projet pourrait être décalé à 2026. Sans smartphone de son cru, le groupe de Mark Zuckerberg va-t-il parvenir à convaincre sur le marché naissant des lunettes AR ?
Source :
The Information