Depuis début 2023, nombre d’entreprises du CAC40 ont initié des plans d’actions en matière de déploiement de l’IA générative. Mais pour Hanan Ouazan, Generative AI Lead pour Artefact, les PoC prédominent.
“Peu de projets ont véritablement été industrialisés”, confiait-il encore lors d’un entretien. Et la montée en maturité s’annonce complexe. Selon Gartner, une part très significative des Proof of Concept ne seront jamais convertis sous forme de projets en production.
Inflation des coûts et gains incertains
Dans une note, le cabinet américain estime qu’au moins 30% des projets GenAI seront abandonnés après l’étape du PoC d’ici la fin de 2025. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ces échecs. Parmi ceux-ci, la faible qualité des données.
Des contrôles des risques inadéquats, une escalade des coûts ou une valeur business incertaine sont d’autres motifs justifiant un abandon des projets GenAI. Un signal négatif supplémentaire après les travaux de Daron Acemoglu, économiste du MIT.
“Les organisations ont du mal à prouver et à réaliser la valeur. À mesure que la portée des initiatives s’élargit, le poids financier du développement et du déploiement des modèles de GenAI se fait de plus en plus sentir”, constate d’ailleurs Rita Sallam, Distinguished VP Analyst de Gartner.
La difficile traduction des hausses de productivité
L’IA générative est notamment présentée comme une source d’amélioration de la productivité, par exemple pour les populations de développeurs via les outils de génération de code. Des entreprises comme AG2R La Mondiale ou L’Oréal ont déployé ce cas d’usage en France.
Cependant, les organisations sont confrontées à un “défi majeur”, souligne Gartner : justifier l’investissement substantiel dans la GenAI. En effet, il s’avère complexe de traduire une amélioration de la productivité en avantages financiers directs.
Le recours à l’IA générative pour transformer des business models ou créer de nouvelles sources de revenus n’est pas non plus chose facile. La faute à des coûts élevés. Gartner les évalue à 5 à 20 millions de dollars.
Des CFO qui doivent changer de logiciel
Avec la GenAI, “les coûts ne sont pas aussi prévisibles que ceux d’autres technologies”, prévient Rita Sallam. Ainsi, à chaque cas d’usage et approche de déploiement correspondent des coûts spécifiques. Risques et impacts varient également.
La GenAI exige une plus grande tolérance pour les critères d’investissement financier indirect et futur que pour le retour sur investissement (ROI) immédiat, considère donc le cabinet américain. Les directeurs financiers, les CFO, sont prévenus.
Problème, “historiquement, de nombreux directeurs financiers ne sont pas à l’aise avec l’idée d’investir aujourd’hui pour obtenir une valeur indirecte dans le futur. »
« Cette réticence peut biaiser l’allocation des investissements vers des résultats tactiques plutôt que stratégiques”, anticipe Gartner.