Qui est vraiment Eugen Rochko, le jeune créateur de Mastodon ?

Qui est vraiment Eugen Rochko, le jeune créateur de Mastodon ?


Un programmeur précoce

Depuis le rachat de Twitter, fin octobre, par le milliardaire Elon Musk, nombre d’utilisateurs désertent le réseau social pour trouver refuge auprès de Mastodon, le logiciel de microblogging en open source créé en 2016 par ­l’Allemand Eugen Rochko. Le programmeur de 29 ans se réjouit d’un afflux jugé « sans précédent ». De 400 000 à la mi-octobre, le réseau est passé à plus de 1,3 million de « mastonautes » actifs à la mi-novembre.

Un temps adepte de Twitter, Eugen Rochko avait vite déploré son management pyramidal. Tout juste diplômé d’informatique à ­l’université d’Iéna, en Thuringe, dans l’ex-Allemagne de l’Est, il a lancé, à 24 ans, son propre réseau social, alternatif et non lucratif, où l’on poste des messages appelés des « pouets ». Avec ses 4 600 serveurs indépendants, Mastodon repose sur un système décentralisé. Ainsi, « il n’y a plus une seule personne qui prend une décision descendante. C’est plus démocratique », assure son créateur.

Un enfant impatient

Né à Moscou dans une famille juive de la classe moyenne, Rochko émigre en Allemagne avec ses parents à l’âge de 11 ans, avec l’espoir « d’un meilleur futur, loin de la Russie de Poutine » en toile de fond. Enfant, son esprit créatif s’exprime un temps dans le dessin. « J’ai abandonné parce que j’étais trop impatient. J’étais incapable de dessiner une ligne droite, je ne faisais que des lignes irrégulières », se souvient-il. En Thuringe, il découvre l’Internet à haut débit et les lignes de code et relègue ses crayons et sa frustration. « Avec la programmation, la récompense était immédiate : les changements apparaissaient instantanément sur mon écran. »

Une exception numérique

Pendant ses années de lycée, il crée plusieurs sites Web, dont le marché virtuel d’œuvres d’art Artists & Clients, qu’il revendra pour 2 000 dollars. Parallèlement à ses études, il met ses compétences informatiques au service d’entreprises. Evoluant loin de l’Ivy League (groupe de huit universités privées américaines prestigieuses) et de la Silicon Valley, il fait vite figure d’exception parmi les géants du numérique.

Lire aussi : Comment fonctionne Mastodon, présenté comme alternative « libre » à Twitter ?

Défenseur de la philosophie open source, fondée sur la collaboration et l’accessibilité, il en fait la pierre angulaire de Mastodon : « La croyance selon laquelle les gens devraient pouvoir voir, étudier, modifier et redistribuer le code du logiciel qu’ils utilisent est un positionnement politique. L’objectif est de redonner le pouvoir aux individus. »

L’antithèse d’Elon Musk

« Les discours haineux limitent la liberté d’expression d’autrui », tranche celui qui s’oppose à la philosophie d’Elon Musk, partisan d’une liberté d’expression ­absolue. En 2014, Eugen Rochko est marqué par la controverse du « GamerGate », une vaste campagne ­internationale de harcèlement sexiste en ligne qui visait les développeuses. Il a souhaité faire de Mastodon un « endroit préservé de ce genre d’agissements ».

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Alors que Elon Musk envisage de rendre la certification Twitter payante, Eugen Rochko défend un modèle sans publicité ni algorithmes, financé ­intégralement par l’intermédiaire d’une plate-forme participative.



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