rencontre avec Hiroaki Samura, auteur du manga de sabre « L’Habitant de l’infini »

rencontre avec Hiroaki Samura, auteur du manga de sabre « L’Habitant de l’infini »


« L’œuvre d’un jeune auteur un peu casse-cou. » C’est ainsi qu’il y a dix ans, dans une des éditions françaises de L’Habitant de l’infini (Casterman), Hiroaki Samura définissait son manga phare. Aujourd’hui, l’artiste de 53 ans se décrit plutôt comme « un auteur qui se bat quotidiennement contre l’affaiblissement de son corps ». De passage au Festival international de la BD, qui se tient jusqu’au dimanche 28 janvier et où une exposition le met à l’honneur, il se demande combien d’années il pourra continuer à dessiner sans que son dessin en souffre.

On cherche toutefois chez l’homme rangé quelques reliefs de l’attitude punk et rebelle, de la témérité dont il a fait preuve pour écrire dès 1993 – et sur vingt ans – le récit de Manji, un samouraï du Japon féodal balafré, déchu et immortel, qui ne pourra trouver le salut qu’en fauchant mille criminels. Des qualificatifs qui sont pour lui l’apanage de la jeunesse. « A l’époque, j’étais un petit peu sur les dents et, avec le temps, j’ai fini par tolérer tout ce que je trouvais insupportable, mes crocs se sont un peu émoussés depuis », confie-t-il au Monde.

Trente ans après, L’Habitant de l’infini, lui, n’a rien perdu de sa force visuelle. Inscrit au panthéon des mangas de sabre japonais, il a marqué durablement des auteurs tels que Masashi Kishimoto, le créateur de Naruto, mais aussi un lectorat international. Hiroaki Samura fut très tôt édité aux Etats-Unis et son adaptation en France date des années 1995, aux balbutiements du manga papier en version française. L’œuvre se dévoile depuis septembre dans une nouvelle édition en double tomes retraduite.

Irrévérence et mélange des genres

Au début des années 1990, alors qu’il est étudiant en quatrième année en art et auteur de fanzines BD, plutôt imprégné de cinéma et de peinture, Hiroaki Samura va démarcher un éditeur du magazine de manga pour jeunes adultes Afternoon. « Le critère principal pour eux était de proposer une œuvre à l’impact visuel fort », se rappelle le mangaka.

Inspiré notamment par une nouvelle de l’écrivain Jun’ichiro Tanizaki, le jeune Samura entreprend de proposer un récit de jidai geki, fiction d’époque et traditionnelle pléthorique tant dans le cinéma que la fiction écrite historique.

« A la même époque, il y avait aussi Kenshin le vagabond, destiné à un jeune public, se souvient-il. Ce genre était aussi dans l’air du temps avec le succès au Japon d’un jeu vidéo de combat qui s’appelait Samurai Shodown. Je crois que ça a participé au fait que les éditeurs de mangas laissent de jeunes auteurs plutôt que des vétérans s’atteler à ce genre de récit. »

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