[A sa naissance, en 1999, il aurait été impossible de prédire que Naruto Uzumaki deviendrait un tel phénomène culturel mondial. Bien que ses aventures aient pris fin il y a presque dix ans, ce héros, reconnaissable entre mille avec son air buté, ses cheveux blonds en pétard et son uniforme orange, reste particulièrement populaire, notamment en France. En juin, le manga Naruto a dépassé les 30 millions d’exemplaires vendus, tous tomes et éditions francophones confondus.
Pour comprendre ce succès, il faut s’intéresser aux influences et qualités du manga en 72 tomes parus sur quinze ans, à l’importance de son adaptation en série télévisée animée mais aussi au contexte de sa publication et de son importation. Et notamment au rôle moteur d’Internet et des communautés en ligne dans l’explosion de la popularité de l’œuvre de Masashi Kishimoto.]
Bonnes feuilles. Au commencement de la parution du manga papier, au début des années 2000, émergent de solides communautés francophones en ligne de lecteurs et lectrices de Naruto à l’image de The Way of Naruto, qui a été créée en 2001, avant la publication française du manga donc, mais aussi CaptaiNaruto ou encore Gaara.fr.
Derrière ces sites ou forums, souvent, des adolescents ou de jeunes adultes très motivés par le partage de leur centre d’intérêt mais également par l’envie de se familiariser avec les moyens d’expression du Web, qui commence à s’inviter massivement dans les foyers. En 2004, 31 % des ménages français ont alors accès à Internet, soit 5 fois plus qu’en 1999. Pas tous épris de mangas et d’anime en général, certains se passionnent spécifiquement pour Naruto. A l’image d’Adrien, webmaster de CaptaiNaruto, qui s’est inscrit sur le forum au printemps 2004, à 15 ans, quelques mois après avoir découvert Naruto sur les conseils d’un ami, lui qui était plutôt fan de BD occidentale.
Quelques mois plus tard, il transforme cet espace de partage en site Web 100 % dédié à l’actualité de la saga, qui sera lancé en décembre 2004. Il s’y consacre plusieurs heures par jour, pendant plus de dix ans, en parallèle du bac et de ses études supérieures. « Ça a généré parfois des clashs avec mes parents un peu catastrophés de me voir passer des heures entières à geeker sur un site. Ils ne comprenaient pas forcément la portée de ce que je faisais. A savoir gérer au quotidien un site, une équipe, un système… », explique celui qui dit même que cette expérience lui aura valu des compétences supplémentaires et des atouts pour décrocher des stages ou du travail. Mais également « une aventure humaine incroyable avec des personnes de toute la France et de tous horizons ».
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