« Sam Altman va-t-il réussir à maintenir le cap de la double mission d’OpenAI ? »

« Sam Altman va-t-il réussir à maintenir le cap de la double mission d’OpenAI ? »


Sam Altman, exclu d’OpenAI en novembre 2023, a fait un retour remarqué au conseil d’administration de la société, vendredi 8 mars. Un nouvel épisode des luttes de pouvoir au sein de la high-tech américaine ? Pas seulement. Ce retournement spectaculaire témoigne aussi des débuts, en partie chaotiques, d’un modèle d’organisation qui se cherche encore mais pourrait constituer l’avenir du capitalisme. La gouvernance d’OpenAI est en effet originale. Société à but non lucratif au départ, OpenAI s’était donné comme mission que « l’intelligence artificielle générale profite à l’ensemble de l’humanité ». Ce n’est que quelques années plus tard qu’une filiale marchande a été créée pour commercialiser les outils d’intelligence générative tels que ChatGPT, développés initialement pour le « bien commun ».

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Ce modèle d’organisation, atypique, s’apparente à d’autres approches tentant de combiner une vocation marchande et une mission d’intérêt général. Des firmes issues de tous secteurs, de Patagonia à Bosch en passant par les laboratoires Pierre Fabre ou la Macif, se sont également écartées du paradigme capitaliste traditionnel pour proposer de nouveaux modèles fondés sur la combinaison d’objectifs financiers mais aussi sociaux et/ou environnementaux.

Ce type d’entreprises « hybrides » peut-il devenir la norme ou du moins offrir une alternative crédible aux sociétés focalisées sur la seule maximisation du profit ? Les démêlés de Sam Altman, le PDG de la filiale commerciale d’OpenAI, avec les membres de son conseil d’administration, ont conduit certains à mettre en doute la viabilité même de ces nouveaux modèles.

Toutefois, nos recherches, menées depuis vingt ans, montrent le potentiel considérable de telles organisations, capables de redonner du sens à l’activité économique, à condition que leur gouvernance – et notamment leurs conseils d’administration – respecte quelques principes-clés (« An integrative model of hybrid governance. The role of boards in helping sustain organizational hybridity », Anne-Claire Pache, Julie Battilana et Channing Spencer, Academy of Management Journal, 17 janvier). Le conseil d’administration de ces structures doit d’abord refléter véritablement la dualité de leur projet, réunissant à la fois des membres dotés d’une expérience au service de l’intérêt général, capables de promouvoir les objectifs sociétaux et environnementaux, et d’autres, issus du monde de l’entreprise, familiers des enjeux commerciaux et financiers.

Limiter les tensions

Bien sûr, la cohabitation de ces deux types de profils au sein des conseils d’administration peut être source de conflits. La crise de gouvernance d’OpenAI illustre ces risques. Les tenants de l’intérêt général au sein du conseil d’administration, inquiets du tournant commercial pris par l’entreprise dopée par le succès fulgurant de ChatGPT, ont provoqué l’exclusion de Sam Altman. Limiter de telles tensions tout en assurant la poursuite conjointe des objectifs sociaux, environnementaux et financiers n’a rien de simple, mais les présidents de ces conseils d’administration ont des moyens d’agir.

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