Samsung renfile les gants et développe à ses propres cœurs CPU pour smartphones… voire plus ?

Samsung coeurs CPU ARM


Après avoir une première fois jeté l’éponge, Samsung constitue à nouveau une équipe de conception de cœurs CPU. Le but : préparer une puce « Galaxy » qui serait disponible à partir de 2025. De quoi pimenter la compétition dans les smartphones… et dans l’informatique ?

Samsung remet une pièce dans la machine de conception de processeurs ARM avec des cœurs CPU « maison ». Selon plusieurs sources citées par un média économique coréen, l’entreprise veut lancer des puces “Galaxy” pour relancer la machine de sa ligne Exynos. Et y intégrer une partie CPU 100 % développée en interne aux alentours de 2027. L’information revêt une double importance. Primo, parce que le contexte de développement des puces ARM est plus intense que jamais : les puces x86 sont bousculées à la fois dans les PC et les serveurs. Deuxio, parce que Samsung a déjà tenté de faire la différence sur le plan des cœurs CPU en 2010 en ouvrant à Austin (Texas), un centre de design de cœurs CPU custom. Une équipe qui aura tenté de faire la différence pendant une décennie avant d’être remerciée en 2019. L’argent investi dans les 300 ingénieurs locaux n’a jamais permis à Samsung de faire la différence, non seulement par rapport aux cœurs customs de Qualcomm, systématiquement meilleurs. Mais aussi par rapport aux cœurs originaux (on dit « vanilla » dans le jargon) que ARM fournit avec la licence.

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Mais Samsung semble vouloir revenir sur le devant de la scène. Que ce soit sur le marché PC, avec un grand retour en Europe et en France. Comme donc sur celui des puces « customs ». Entre la fermeture de son centre d’Austin en 2019 et ce début d’année 2023, que s’est-il passé pour que Samsung renfile les gants ? Plusieurs choses, allant du succès de la stratégie des puces M d’Apple, en passant par l’importance que l’informatique a revêtu pendant la pandémie ou la montée en puissance des architectures ARM dans l’automobile. Ainsi que l’importance de la souveraineté technologique mise en exergue dans les tensions américano-chinoises et américano-russes.

L’exemple Apple est-il réplicable sans contrôle de l’OS ?

GPU et modem mis à part, Apple développe en interne toutes les briques de ses puces. Et les tailles sur mesures pour chacun de ses systèmes. Améliorant ainsi leur efficacité. (NOTES : pour le modem, Apple utilise toujours des puces Qualcomm en attendant d’intégrer sa puce maison issue du rachat de la business d’Intel. Quant au GPU, Apple a fini par signer à nouveau avec Imagination, son fournisseur historique de GPU qu’Apple customise à sa sauce). © Apple

Selon les fuites d’informations, l’unité de conception de CPU travaillerait à une puce dont le nom de « Galaxy Chip » donne une orientation sans équivoque quant à sa cible informatique mobile – comprendre les smartphones… mais pas que. La ligne est de plus en plus ténue entre les puces de téléphones et celles qui propulsent les tablettes et autres PC ARM. Samsung a sans nul doute étudié de près le succès des puces M d’Apple, que l’on retrouve à la fois dans un iPad Pro, un Macbook Air ou encore un iMac.

Lire aussi : Des smartphones aux supercalculateurs, les processeurs ARM peuvent-ils dominer le monde ? (avril 2020)

L’interrogation première, avant même de savoir si Samsung peut décliner sa technologie CPU (que l’on appelle IP dans le jargon) dans plusieurs champs, est de savoir quels gains réels il espère apporter par rapport à ses concurrents. Car il est trop souvent passé sous silence que si les puces d’Apple offrent de bonnes performances, c’est que non seulement elles sont ajustées parfaitement aux besoins initiaux, mais aussi et surtout qu’Apple a le contrôle de ses systèmes d’exploitation. Si un processeur Snapdragon est un peu une boîte noire pour ses intégrateurs (comme Samsung et les autres), c’est aussi le cas d’Android et Windows. Dont les raffinements se trouvent dans un code source hors de portée des intégrateurs – leur seule marge de manœuvre sont les drivers, qui sont bien éloignés du « cœur » des systèmes.

Android… et Windows ?

PC Samsung Qualcomm
Avec ses Galaxy Book, Samsung a été l’un des premiers acteurs à intégrer des puces ARM de Qualcomm dans des PC sous Windows 10.

L’article original qui fait l’écho du développement de nouveaux cœurs CPU et d’une nouvelle puce s’appuie sur le nom « Galaxy » pour affirmer que la cible principale est le monde des smartphones. Ce d’autant plus que la division qui gère le projet s’appelle MX, pour « Mobile eXperience » (oui, avec un ‘’X’’ majuscule après un ‘’e’’ minuscule). Or, si le nom de cette équipe semble uniquement centré sur le mobile, son périmètre est en fait plus large : toute la nouvelle stratégie informatique est aussi dans son giron !

Lire aussi : Samsung lance l’Exynos 2200, la puce mobile à GPU AMD au cœur des futurs Galaxy S22 (janvier 2022)

Le développement de cœurs CPU ARM customs pourrait donc aussi être décliné en des puces pour PC. Et ce pour plusieurs raisons. D’une part parce que Samsung est en plein (re)développement de son activité informatique avec un retour en Europe et en France, comme on l’a vu. Ensuite, parce que le coréen a une double appétence pour les puces ARM, autant avec ses Chromebook qu’avec ses PC Windows 11 sous Snapdragon – dont il a déjà lancé plusieurs itérations. Finalement, Qualcomm n’ayant plus l’exclusivité de la compilation du noyau Windows, Samsung pourrait proposer, à terme, des machines 100% maison (écran, RAM, NAND et CPU).

Vers le smartphone… et au-delà ?

processeurs automobile Samsung
Samsung a aussi besoin de puissance CPU sur d’autres plateformes, comme ici son jeu de puces dédiées à l’automobile. / Samsung

En cas de succès de ses ingénieurs, le développement de cœurs CPU sous son contrôle pourrait donc permettre à Samsung de disposer de plus de latitudes pour se différencier dans les smartphones et les PC. Mais aussi dans bien d’autres marchés, comme la 5G, l’automobile ou encore les réseaux. Samsung pourrait en ce sens marcher dans les pas de Qualcomm. Un Américain qui développe des « IP » (intellectual properties, des générations d’architectures dans le jargon) qu’il décline sur plusieurs lignes de produits. Ainsi, ses cœurs CPU Cryo, ses cœurs GPU Adreno ou encore son NPU Hexagon sont conçus, dès le départ, comme des « blocs » que les ingénieurs des divisions mobile, informatique ou encore automobile peuvent adapter et assembler selon leurs besoins.

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Mais avant de tirer des plans sur la comète, Samsung va déjà devoir réussir là où il a déjà échoué. Et il devra le faire au même moment où Apple, Qualcomm, MediaTek mais aussi les Chinois de Rockchip et Unisoc montent tous en qualité et en performances. Un pari d’envergure pour le chaebol.

Source :

PulseNews



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