Siquance, la start-up quantique qui explore les semi-conducteurs

Le quantique au défi des prédictions météorologiques


A Grenoble, la « petite Silicon Valley » à la française, la science et la technologie se côtoient. Mardi 29 novembre, c’est dans les locaux du CEA que la start-up quantique Siquance a été officiellement lancée. Née de la fusion entre les travaux de recherche du CEA et du CNRS autour du quantique et de la microélectronique, Siquance entend exploiter les capacités des producteurs de semi-conducteurs pour bâtir un ordinateur quantique à base de silicium.

A défaut d’être la première start-up française à s’aventurer dans la fabrication d’un ordinateur quantique, Siquance veut être celle qui parviendra à industrialiser sa technologie le plus rapidement, en exploitant les mêmes technologies que celles des circuits intégrés standards.

Même si la technologie existe, il faut bien comprendre que les ordinateurs quantiques sont encore loin d’être commercialisés sur le marché. On parle là d’un « horizon à 10 ans », précise Maud Vinet, CEO de Siquance, elle-même issue du CEA.

Du laboratoire à l’usine

La rupture technologique principale repose sur la transformation d’un transistor, unité de base du calcul classique, en un bit quantique. Assemblés, ces bits quantiques formeront un nouveau type de calculateur ultra-puissant.

La direction de Siquance estime qu’il faudrait au minimum 100 000 qubits physiques pour former un ordinateur quantique. C’est la base pour espérer parvenir à des résultats solides sans trop d’erreurs de calcul. Mais à ce stade, aucune technologie quantique ne peut prétendre à des résultats parfaits. Le phénomène de décohérence fait naître en effet des taux d’erreur importants, qui demandent de créer en parallèle des algorithmes de correction poussés.

Si on navigue encore dans la science-fiction, les espoirs autour du quantique n’en sont pas moins grands. L’écosystème quantique connaît pourtant une certaine effervescence en France depuis quelques années, avec une communauté scientifique très active dans ce domaine, et soutenue par le plan quantique de 2021 du gouvernement.

Pasqal, Alice & Bob ou encore Qubit Pharmaceuticals, pour ne citer que ces start-up françaises, ont pris la ligne de départ. Elles exploitent différentes technologies, comme les ions piégés, les supraconducteurs ou bien la photonique, mais aucune n’a pour l’instant pris une longueur d’avance vraiment significative, explique Maud Vinet.

Siquance a encore toutes ses chances. Ses trois fondateurs veulent profiter de la proximité de la start-up avec le monde académique pour se nourrir de la R & D à l’état de l’art du CNRS et du CEA. L’équipe de Siquance profite aussi d’un accès privilégié aux salles blanches du CEA pour tester des puces, et aux instruments de mesure de pointe nécessaires à l’exploration du champ quantique, comme des appareils cryogéniques pour réaliser les premiers tests sur les qubits à très basse température.

Un écosystème « souverain »

La CEO de Siquance use des mots « fabless » et agile pour définir le projet de Siquance. La start-up entend s’appuyer sur le vivier industriel local pour produire ses futures machines. Elle aura besoin de travailler étroitement avec les fondeurs, STMicroelectronics ou Soitec en tête, pour fabriquer des puces en série. L’équipe aura aussi besoin de se doter de machines de cryogénie ultra performantes pour l’étape obligatoire du refroidissement des composants quantiques.

L’important sera aussi d’acculturer les premiers clients industriels, pour faire naître des cas d’usage reposant sur des problèmes concrets.

Siquance pourra, à terme, servir le marché du calcul plus globalement, auprès des fournisseurs d’accès au cloud, des centres de calcul partagés et des clients finaux directement.

« Grâce à la filière industrielle des semi-conducteurs et au calcul quantique qui permet d’adresser tous les domaines de l’industrie, Siquance souhaite s’imposer rapidement et se déployer sur un marché mondial qui ambitionne à terme de créer une valeur de plusieurs centaines de milliards d’euros pour tous ces domaines », souligne Maud Vinet.





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