William Li n’a pas fait le déplacement au salon de l’automobile de Munich pour rien semble-t-il. Nio concurrence Tesla en Chine, et certains soupçonnent le constructeur de copiage.
Le cofondateur et PDG de l’un des plus grands rivaux chinois de Tesla a fait le déplacement au salon de l’automobile de Munich 2023 et a été aperçu proche de la nouvelle Model 3, intrigué par la sortie de la nouvelle berline compacte restylée. Il s’appelle William Li, et il est aux commandes de Nio, basé à Shanghai en Chine. Appartenant en partie à Tencent, Baidu et Sequoia Capital, le constructeur automobile vise le monde entier, dont l’Europe avec une première usine et les États-Unis avec une cotation à Wall Street.
Exclusive: $NIO CEO Li Bin at Tesla Booth checking out the new Model 3 😅$TSLA pic.twitter.com/bFHHpeTmlK
— Marcel Münch 🇨🇳📉📈 (@_mm85) September 6, 2023
Sur le réseau social X, deux clichés de l’homme d’affaires ont fait le tour de la toile. Sur la première photo, on y voit William Li inspecter dans le détail les portes de la nouvelle Model 3, notamment au niveau de la tranche et des jointures. Sur la seconde, le PDG au téléphone, toujours sur le stand de Tesla mais cette fois-ci à l’écart de la voiture. Comme Xpeng, un autre constructeur chinois, Nio est régulièrement accusé de copier Tesla, notamment dans son système de conduite autonome.
Ceci dit, il n’était pas le seul représentant et dirigeant automobile a s’être rendu sur le petit stand de Tesla, envahi par la foule depuis le mardi 5 septembre. Une consoeur publiait une autre photo où l’on peut distinguer Gilles Vidal, le nouveau directeur du design de Renault depuis 2020, et Laurens van den Acker, désormais responsable du design de Renault Group, en train de découvrir la nouvelle berline compacte américaine.
Quand on vous dit que tout le monde se presse pour voir la Tesla Model 3 sur le salon de Munich… c’est y compris tous les concurrents 😂 comme la tête du design de chez Renault dès lundi matin (avant 9h) https://t.co/eHGtATiJcx pic.twitter.com/qyLezpSqmk
— Miss 280ch (@Miss280ch) September 6, 2023
Après son passage sur le stand de Tesla, William Li a aussi poursuivi sa visite du salon et a été aperçu sur le stand de Porsche, aux côtés du concept Mission X, une hypercar électrique qui pourrait un jour remplacer la 918 Spyder, qui succédait elle-même à la fameuse Carrera GT. Plus tôt, le PDG de Nio répondait aussi à média allemand, sur la question d’éventuels partenariats avec des constructeurs allemands.
German State Media @DasErste pressing Li Bin .. in Chinese 😱
Asking for partnerships with German companies. Li Bin answers: „We have many and looking for more in the future“ .. also German OEM are solid and shouldn’t fear Chinese competitors.$NIO pic.twitter.com/Y4tOZhRqee
— Marcel Münch 🇨🇳📉📈 (@_mm85) September 6, 2023
Nio et Tesla, sur le marché chinois
Dans la gamme de Nio, chaque modèle fait effectivement concurrence à l’une des Tesla : la Model 3 est par exemple en concurrence directe avec l’ET5, sortie en 2021. Pour la berline Model S de Tesla, la réponse de Nio s’appelle ET7. Pour la Model Y, il s’agit de l’ES7. Nio est loin d’être aussi gros que Tesla, y compris en Chine (seulement 2 % de parts de marché dans l’électrique, contre 8,7 % pour Tesla), et n’a vendu que 72 000 voitures entre janvier et juillet cette année. BYD domine largement ces deux fabricants, avec 37,2 % de parts de marché et la place de cinquième constructeur mondial.
En revanche, Nio est sur la bonne voie pour devenir un acteur important dans le développement de réseau de recharge en Europe, alors qu’il vise 1000 stations d’ici 2025. L’Union européenne a sélectionné la société et 26 autres partenaires dans le cadre de son plan d’investissement pour développer l’infrastructure de recharge, et Nio pourrait ainsi toucher de grosses subventions pour mener à bien son projet.
Accès au marché US : William Li mécontent
La Chine et les États-Unis entraînent aussi leur guerre commerciale dans l’industrie automobile, et d’un côté comme de l’autre l’exportation n’est pas simple. La Chine exige de chaque entreprise étrangère la création notamment d’une coentreprise (avec une entreprise chinoise) pour pouvoir commercialiser des voitures, et les États-Unis appliquent leur bonus écologique uniquement aux marques américaines.
Pour William Li, cette politique pose problème, et il indiquait le mois dernier au Financial Times qu’il n’était selon lui pas tolérable de ne pas permettre un accès égal au marché du côté de la politique de Washington. « Le monde devrait être plus ouvert et cesser de politiser les affaires », déclarait-il. « Le climat politique mondial est devenu totalement différent de celui que nous avions lorsque nous avons créé notre entreprise en 2015, surtout après que la pandémie ait attisé les divisions et les antagonismes », ajoutait le dirigeant.
Le PDG de Nio avait alors comparé l’accueil des entreprises chinoises sur le sol américain semé d’obstacles, tandis qu’Elon Musk, le patron de Tesla avait reçu le tapis rouge de la part de responsables du gouvernement chinois en juin dernier. Accueilli également par des centaines d’employés, les médias tels que le South China Morning Post déplorait le voyage de trois jours qui n’avaient donné suite à aucune annonce concrète, malgré des spéculations sur l’élargissement de l’usine de Shanghai.