TikTok est aussi dans le collimateur des autorités françaises

La Maison Blanche veut accélérer


Une commission sénatoriale, deux rencontres avec un représentant de TikTok, l’une avec le ministre en charge du numérique, l’autre avec l’Arcom… Ces derniers jours, les autorités françaises se sont sérieusement penchées sur le réseau social, soupçonné d’être à la solde de Pékin.

Le calendrier qui vise à réglementer TikTok s’accélère aussi en France, après la flopée de propositions de lois aux États-Unis visant à interdire le réseau social. Lundi 13 mars, une commission d’enquête sénatoriale démarrait ses travaux, notamment pour clarifier les spécificités de l’algorithme utilisé pour les Français. Son objectif : « mettre un pied dans la porte », « tirer des fils et de dévoiler certaines zones d’ombre », expliquait le sénateur Claude Malhuret le 9 février dernier, lors d’un point presse au Palais du Luxembourg.

Marc Faddoul, chercheur en intelligence artificielle et spécialiste des algorithmes, a été le premier interrogé par les sénateurs lundi dernier. Ce dernier a souligné qu’il n’y avait « pas de différence fondamentale » entre TikTok et les plateformes américaines concurrentes comme Twitter, Instagram ou Facebook, ni en termes de nature des données collectées, ni de design algorithmique en ce qu’il cherche à maximiser l’engagement. Mais « le fait que l’entreprise soit chinoise et qu’elle doive répondre à un gouvernement autoritaire, a son importance », a-t-il ajouté, en référence à cette loi chinoise qui impose à toutes ses entreprises de soutenir le Renseignement chinois. La plateforme a toujours nié tout lien entre le pouvoir politique chinois et le réseau social. Autre élément noté : une fonctionnalité, le « heating », qui permet d’amplifier la portée de sujets choisis, soulignent Les Echos. Cette méthode pourrait permettre de pousser des messages politiques, mais la preuve que cela a effectivement eu lieu n’a pas été apportée, a expliqué le chercheur.

Rencontre entre TikTok et l’Arcom

À côté de cette commission, le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre, rencontrait le même jour Erich Andersen, le responsable des affaires juridiques de la maison-mère de TikTok, en pleine tournée européenne visant à promouvoir le Projet Clover, rapporte Le Figaro. Cette version européenne du plan Texas vise à rassurer le Vieux continent sur les soupçons d’espionnage qui pèse sur le réseau. Sur la table de l’Arcom, a dû être abordée la question de la lutte contre la désinformation en ligne. En novembre dernier, celle qui est chargée de la régulation des plateformes numériques avait déploré que TikTok n’ait pas joué le jeu. Le réseau social avait rendu son questionnaire sur les moyens contre la désinformation en ligne peu rempli, alors que la plateforme est désormais obligée, par la loi, de coopérer. L’Arcom avait à cette occasion critiqué le peu de transparence du réseau social.

Rencontre entre ByteDance et le ministre du numérique

Trois jours plus tôt, c’était le ministre délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot, que rencontrait ce porte-parole de TikTok. Le responsable politique avait expliqué vouloir obtenir de la plateforme chinoise des garanties quant à la protection des données des utilisateurs français – qui seraient 15 millions dans l’Hexagone, selon la plateforme de partage de vidéos courtes. « Je recevrai ses dirigeants vendredi pour m’assurer que leurs engagements respectent nos lois, les prescriptions de nos régulateurs et les données des français », annonçait-il avant la réunion, sur son compte Twitter. Le résultat de cette rencontre n’a pour l’instant pas été rendu public. Mais le ministre a certainement saisi l’occasion de passer en revue tous les engagements de TikTok contenus dans le plan Clover. La plateforme chinoise prévoit en effet de construire trois datas centers en Europe, destinés à stocker les données européennes. Le tout serait chapeauté par une société tierce européenne qui contrôlerait les employés de TikTok, l’ampleur de ce contrôle restant à définir.

Clover a été présenté après que La Commission européenne, suivie par le Parlement européen, a fait le choix d’exclure le réseau social de ses appareils professionnels. La France ne s’est pas encore alignée sur une telle mesure, même si les inquiétudes sont sensiblement les mêmes. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, avait assuré le 1er mars que le bannissement du réseau des téléphones portables professionnels était déjà appliqué pour des ministères régaliens. Et que sa généralisation serait étudiée.

Source :

Les Echos





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