Une étude publiée mardi 15 août dans la revue à comité de lecture Trends in Ecology & Evolution montre que les défenseurs de l’environnement et du climat ont été particulièrement nombreux à quitter Twitter – rebaptisé X – après la prise de contrôle du réseau social par Elon Musk. L’équipe de l’université de Pomona, en Californie, a comparé deux ensembles d’utilisateurs s’intéressant à la politique : le premier, composé de 458 000 internautes ayant publié des messages sur l’élection présidentielle américaine de 2020, servait de groupe témoin ; le second, qui comprend 380 000 comptes ayant publié plusieurs messages sur le changement climatique ou la biodiversité, a été constitué en octobre 2022, au moment du rachat de Twitter.
L’équipe de chercheurs a ensuite mesuré les publications de ces comptes à la fin de 2022 et au début de 2023, pour vérifier lesquels étaient encore actifs (en utilisant comme critère le fait de publier au moins un message dans une période de deux semaines). « La proportion de comptes actifs a diminué pour le groupe “environnement” comme pour le groupe “politique” », notent les chercheurs, « mais une proportion nettement plus importante d’utilisateurs du groupe “environnement” a cessé son activité ». En avril, seuls 52,5 % des comptes du groupe « environnement » continuaient à publier sur le réseau social, contre 79,4 % des utilisateurs du groupe « politique ». Les deux ensembles contenaient majoritairement des utilisateurs américains.
Ces conclusions « confirment de premières informations troublantes sur l’augmentation de la quantité de désinformation et de mésinformation concernant le changement climatique sur Twitter », estiment les auteurs. Plusieurs études récentes ont ainsi montré que les nouvelles règles de modération mises en place par le réseau social facilitent grandement la diffusion d’intox, notamment climatique.
De nouvelles études compliquées à mener
Elon Musk a notamment licencié une grande partie des équipes de modération du réseau social après sa prise de contrôle et restauré les comptes d’un grand nombre de militants d’extrême droite et conspirationnistes. Si le multimilliardaire lui-même ne nie pas la réalité du changement climatique, il a, à plusieurs reprises, diffusé des messages douteux ou faux sur ses causes et ses conséquences, en particulier sur le rôle de l’agriculture dans les émissions des gaz à effet de serre.
Sous Elon Musk, Twitter s’en est également pris à certaines organisations de défense de l’environnement. Le réseau social a ainsi récemment accusé la Fondation européenne pour le climat d’avoir aidé l’ONG Center for Countering Digital Hate (CCDH), qui lutte contre la haine en ligne, à analyser des données du réseau social pour une étude montrant la responsabilité de la plate-forme dans la diffusion de messages haineux. Le réseau social a porté plainte contre le CCDH, qu’il accuse de nuire à sa réputation.
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