un masque génère des odeurs synthétiques

un masque génère des odeurs synthétiques


L’odorama, cette technique consistant à diffuser des odeurs en lien avec un film ou un documentaire, a déjà une longue histoire : dès la fin des années 1950, des réalisateurs ont souhaité solliciter le nez des spectateurs, et pas seulement leurs yeux et leurs oreilles, avec des parfums – agréables ou non – issus de bouches d’aération ou de cartes à gratter. Ce genre est resté expérimental. Un nouvel avatar, proposé par une équipe chinoise, rencontrera-t-il plus de succès ?

Xinge Yu (université de Hongkong) et ses collègues présentent dans Nature Communications du 9 mai plusieurs prototypes d’une « interface olfactive souple, miniaturisée et sans fil pour la réalité virtuelle ». En clair, un masque permettant de diffuser de façon rapide et ciblée jusqu’à neuf odeurs différentes, en lien avec ce que l’utilisateur perçoit audiovisuellement dans un casque immersif. « La recherche sur les systèmes réactifs de génération d’odeurs est encore dans l’enfance », écrivent les chercheurs chinois, qui notent que l’aspect volumineux et le temps de réponse trop long de ces dispositifs de réalité virtuelle « limitent leurs champs d’application ».

La solution qu’ils proposent pour surmonter ces inconvénients repose sur de petits « générateurs d’odeurs » dont le principe est simple : encapsuler différentes molécules odorantes dans une cire de paraffine qu’il suffit de chauffer grâce à un système électrique miniaturisé pour faire éclore le parfum presque immédiatement. Disposées par deux directement sur un support souple collé sous le nez de l’utilisateur, ou par neuf dans un masque recouvrant la bouche et le nez, les capsules en question larguent leur fragrance en 1,44 seconde, ce qui permet de « coller » avec le scénario de la séquence perçue à travers le casque de réalité virtuelle.

L’article de Nature Communications détaille toutes les précautions prises pour miniaturiser le dispositif, limiter sa consommation électrique et contrôler précisément le temps de diffusion des odeurs, voire permettre le mélange de deux parfums. Les matériaux choisis étaient eux-mêmes olfactivement neutres. Xinge Yu assure que le système de chauffage ne crée pas d’inconfort pour l’utilisateur. Celui-ci pourrait-il être incommodé par certains parfums, sachant que certains individus supportent déjà mal la désorientation parfois induite par l’atmosphère immersive créée par les casques de réalité virtuelle ? « Pour les odeurs plaisantes, il n’y aura pas d’inconfort », répond le chercheur.

Les générateurs d’odeurs ont été brevetés, et le coût de fabrication du masque sera de moins de 80 dollars (73 euros), estime Xinge Yu, sachant que la partie olfactive nécessite d’être rechargée après environ quatre heures d’utilisation. Pour l’heure, l’équipe n’a pas contacté d’industriels du secteur de la réalité virtuelle pour une éventuelle commercialisation du masque. Elle envisage de miniaturiser encore les générateurs pour proposer un éventail plus riche, avec un catalogue d’une trentaine de parfums déjà testés.

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