Un VTT électrique à 4 000 euros, Decathlon a-t-il perdu la tête ?

Un VTT électrique à 4 000 euros, Decathlon a-t-il perdu la tête ?


Decathlon vient d’annoncer une nouvelle version de son VTT tout suspendu, le Stylus All Mountain. Son prix fait débat tant l’équipementier sportif avait habitué à proposer des produits abordables jusqu’ici. Mais est-il scandaleux pour autant ?

La nouvelle version du Stylus All Mountain n’a pas fini de faire débat. Le VTTAE tout suspendu de Decathlon est l’un des plus chers du catalogue. Seuls le Windee, un gravel électrique, et le cargo Addbike affichent un tarif supérieur. L’équipementier français, numéro un des ventes de vélos en France, est surtout connu pour fabriquer des cycles particulièrement abordables présentant souvent un rapport qualité/prix intéressant. Le voir atteindre ces tarifs pourrait avoir quelque chose d’étonnant. D’ailleurs, le lancement de cette nouvelle version a été plutôt discret en comparaison de l’annonce de son cargo électrique il y a quelques mois.

Decathlon a-t-il des difficultés à justifier une hausse de près de 500 euros par rapport à la version précédente ? Ou est-ce un ajustement de prix logique au regard de l’équipement du VTT ? Seule une analyse précise de la fiche technique permet de se faire une idée.

Un système Bosch qui coûte cher

L’un des éléments faisant grimper le prix du Stylus est bien sûr son moteur Bosch Performance Line Cx. Précision : il ne s’agit pas de la dernière version du moteur haut de gamme de l’équipementier allemand, mais bien d’une version 2020, donc incompatible avec le nouveau Bosch Smart System. Concrètement, n’espérez pas la LedRemote, le nouveau contrôleur de la marque, ni même sa plus grande batterie. L’accumulateur du Stylus est « limité » à 625 Wh contre 750 Wh pour la dernière version. Est-ce un mauvais point pour autant ? Pas nécessairement. La batterie est largement suffisante pour une majorité des sorties. Quant au couple, il n’a pas évolué sur la nouvelle motorisation et plafonne toujours à 85 Nm. Seul l’afficheur Purion commence à dater quelque peu, mais il reste tout de même performant. Enfin, côté assistance, cette version du moteur dispose du mode eMTB, autrement dit une aide progressive prenant en compte l’effort du cycliste.

Bien qu’il ne s’agisse pas de la motorisation la plus récente de Bosch, celle-ci a un prix et pour le dire simplement, l’Allemand n’est pas connu pour pratiquer des tarifs abordables. Ce choix s’apparente donc à un moyen de faire baisser la facture finale du Stylus sans compromettre ses performances.

L’équipement, l’autre variable d’ajustement

Le choix de l’équipement est au moins aussi critique dans le prix d’un vélo électrique que celui de son moteur. Sans surprise, dans le cadre d’un vélo tout suspendu, le plus gros poste de dépense concerne… les suspensions. Sur ce point, Decathlon fait le choix de la continuité et de la raison en optant pour des produits RockShox. Que ce soit la fourche 35 Gold à l’avant, ou la Super Delux Select à l’arrière, elles offrent toutes deux un débattement de 150 mm et des performances très honnêtes.

Pour la transmission, le Stylus opte pour du SRAM et plus particulièrement pour la gamme SX Eagle. Elle équipe de nombreux VTT, mais rarement les hauts de gamme, plus exigeants sur ce point. Elle offre néanmoins des performances honnêtes. Sur le strict point de l’équipement, ce nouveau Stylus ressemble beaucoup à l’ancien à l’exception d’un endroit : les pneus. En effet, Decathlon suit la grande tendance du moment en VTT en optant pour des roues de 29 pouces, contre 27,5 auparavant.

Le cadre : l’inconnue qui fait varier le prix

C’est à la fois le plus grand point d’interrogation, mais aussi l’un des principaux facteurs de variation du prix. En effet, difficile sans l’avoir essayé d’avoir un avis sur le cadre de ce Stylus. Celui-ci est importé, comme la grande majorité des cadres du marché, de Taïwan et constitue habituellement une source d’économies pour Decathlon par rapport à ses concurrents. En effet, compte tenu des volumes écoulés par la marque française, il lui est plus facile de négocier des tarifs préférentiels.

Les concurrents habituels de Decathlon mettent en avant un meilleur savoir-faire sur le cadre, mais aussi des exigences plus élevées lors de sa fabrication pour justifier de tarifs supérieurs. Sur ce Stylus, nous savons que le cadre et la géométrie ont légèrement évolué, la potence étant légèrement plus longue, par exemple. Pour autant, sur le papier, il serait présomptueux de prétendre s’en faire une idée et de le comparer aux marques concurrentes.

Le Stylus All Mountain est-il vraiment trop cher ?

Finalement, malgré son tarif inhabituel pour les habitués de Decathlon, le Stylus ne peine pas à justifier sa facture. Moteur référence, équipement sérieux et quelques légères modifications contribuent à faire grimper son prix, mais c’est au regard de la concurrence qu’il doit être jugé.

Prenons pour comparaison deux VTTAE que nous avons testés ces derniers mois sur 01net.com, le Trail, de Moustache, et le Canyon Spectral:ON. Ils sont certes plus chers, mais aussi bien mieux équipés. Le VTT de Moustache débute à 5 699 euros, mais représente la référence de la catégorie avec un cadre hors pair, le dernier Bosch Smart System et des suspensions bluffantes. Idem pour le VTT de Canyon, bien mieux équipé, mais vendu près de 6 000 euros. Au final, il apparaît que Decathlon n’est évidemment pas en mesure de rivaliser avec les fabricants de référence sur les performances, mais qu’il est aussi le seul à proposer un produit du même type, près de 2 000 euros moins cher. Comme souvent, le seul acteur capable de perturber le Stylus All Mountain en matière de rapport qualité prix risque d’être Intersport. En effet, le magasin concurrent devrait lancer un VTTAE tout suspendu à un tarif inférieur dans les prochaines semaines. Le duel promet d’être serré.



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