« Une liberté d’expression absolue profite toujours à l’extrême droite »

« Une liberté d’expression absolue profite toujours à l’extrême droite »


« L’oiseau est libéré. » C’est en tweetant ces quelques mots, le 28 octobre, qu’Elon Musk a confirmé avoir pris officiellement le contrôle de Twitter. Dès le mois d’avril, il avait justifié sa volonté d’acquérir le réseau social par son attachement à une liberté d’expression absolue, débarrassée de toute entrave. Mais deux mois après son rachat définitif de l’entreprise, l’imposture de ces déclarations apparaît déjà spectaculaire. Au cours de cette période, il s’est en effet comporté en censeur allergique à toute forme de contestation.

Ces dernières semaines, des journalistes reconnus de CNN, du Washington Post ou du New York Times ont ainsi vu leurs comptes brutalement suspendus par la direction de Twitter. Tous avaient eu l’audace de critiquer Elon Musk et de contester les décisions prises depuis son arrivée à la tête de l’entreprise.

Dans le même temps, le nouveau PDG a explicitement menacé ses employés de poursuites dans le cas où ils révéleraient des informations sur sa gestion de Twitter. Les usagers de la plate-forme eux-mêmes ne sont pas à l’abri de semblables mesures de rétorsion : le 16 décembre, en complète contradiction avec les engagements initiaux d’Elon Musk, Twitter a même annoncé que les comptes soupçonnés de faire de la publicité pour d’autres réseaux sociaux pourraient être verrouillés ou supprimés.

Il est vrai que la plupart de ces mesures n’ont été que temporaires, et peuvent être considérées comme le reflet de la personnalité imprévisible du fondateur de Tesla. Après deux mois d’une gestion chaotique et provocatrice, celui-ci a d’ailleurs annoncé son intention de quitter dès que possible la direction opérationnelle de Twitter. Entre-temps, il sera parvenu à mener une entreprise déjà structurellement déficitaire au bord de l’asphyxie financière.

Propos antisémites

On aurait tort pourtant de juger purement incohérentes les évolutions récentes de Twitter : derrière les foucades d’Elon Musk se cache en réalité l’éternelle stratégie de l’extrême droite face aux médias.

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés « M. Musk, nous ne tolérerons aucune atteinte au socle républicain et démocratique, ni aucun relâchement vis-à-vis des discours de haine »

En toute logique, la libération de la parole promise par le nouveau PDG n’a du reste profité qu’à ce camp idéologique. Certes, Musk a d’emblée mis en scène sa volonté de rétablir des comptes qui avaient été suspendus par l’ancienne direction, à commencer par celui de Donald Trump. Mais, ce faisant, il a permis la prolifération de propos homophobes, conspirationnistes et antisémites, puisque les personnalités qui ont fait leur retour sur Twitter appartenaient surtout à la galaxie complotiste ou à des figures de l’alt-right américaine.

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