Ils sont des dizaines à estimer avoir été lésés par des influenceurs. Une action collective en justice a été engagée par plusieurs personnes qui jugent avoir été arnaquées en investissant dans des produits financiers vantés par de célèbres noms de la Toile.
Deux plaintes collectives réunissant quatre-vingt-huit plaintes conjointes, notamment pour escroquerie et abus de confiance ont été déposées vendredi auprès de la procureure de Paris, a annoncé l’avocat Alexandre Dakos lors d’une conférence de presse lundi 23 janvier. Ces plaintes ont été déposées « contre X » mais visent en premier lieu les pratiques du couple d’influenceurs Marc et Nadé Blata « et le réseau qui leur permet de ne pas agir seuls », a-t-il expliqué. Contactés par l’AFP, Marc et Nadé Blata n’ont pas répondu immédiatement.
Ces plaintes font suite à la mise en vente et à la promotion par le couple de deux produits financiers, la NFT Animoon et le canal de trading Blatagang, dans lesquels ont investi des milliers de leurs abonnés, sans en voir les gains promis, selon l’avocat. Pour la première, il s’agit d’une NFT (non-fungible token, « jeton non fongible »), donc d’une œuvre d’art virtuelle, et pour la seconde d’un canal Telegram incitant au copy trading, via des plates-formes d’investissements qui proposent d’imiter les achats des traders professionnels pour espérer s’enrichir facilement.
Première procédure
Selon M. Dakos, le préjudice total est estimé à 6,3 millions d’euros, avec des « milliers d’investisseurs ayant perdu de quelques centaines à 100 000 euros » dans ces deux projets. Selon leur avocat, du cabinet Ziegler & Associés, spécialisé dans les arnaques aux cryptomonnaies, il s’agirait d’une arnaque dite au « tir de tapis ». Cette escroquerie répandue implique qu’un développeur attire, parfois à l’aide de la promotion d’influenceurs, des investisseurs vers un nouveau projet de cryptomonnaie, puis se retire avant que le projet ne soit construit, laissant aux investisseurs une monnaie sans valeur.
Marc Blata, qui comptabilise plus de 4 millions d’abonnés sur Instagram, a acquis une notoriété sur les réseaux sociaux avec ses « croustis », présentés comme des révélations sur le monde de la téléréalité, les stars du rap ou du football.
La procédure est « une première » selon le Collectif AVI (aide aux victimes d’influenceurs) qui l’a initiée et qui regroupe plusieurs victimes présumées du couple Blata. Le collectif déclare dans un communiqué vouloir « mettre en garde le public sur les dangers des promotions de certaines “stars” sans scrupule » et « pointer la passivité des plates-formes » tout en incitant d’autres victimes à porter plaine.
Le rappeur Booba était entré en croisade contre le couple Blata en décembre 2021, dénonçant régulièrement sur les réseaux sociaux le risque d’arnaque autour des produits promus par les influenceurs de Dubaï. Une autre plainte vise l’influenceur Dylan Thiry, à qui il est reproché d’avoir détourné de l’argent récolté sous forme de cagnottes en ligne avec son association humanitaire.