Constituée d’un smartphone amputé des fonctionnalités de téléphonie (hors VoIP) couplé à une manette Kishi, la future console de Razer se dévoile pour vous en image. Razer compte sur son refroidissement actif, sa bonne autonomie et son écran pour séduire. Quant à notre avis, vous ne l’aurez qu’au CES 2023 prochain !
Imaginez que nous ayons déjà un avis sur la console Edge de Razer parce que nous l’avons touchée et même joué avec, non seulement en jeu local, mais aussi en 5G. Et imaginez maintenant que nous ayons pu prendre des photos pour vous la montrer. Vous vous dites alors « Chouette ! Qu’en avez-vous donc pensé ? ». Cette question, nous ne sommes pas en mesure d’y répondre. Simplement parce que la prise en main de l’Edge, de Razer, organisée par la marque pendant le Snapdragon Summit, de Qualcomm, était assortie d’une condition : « Vous n’avez pas le droit de donner votre avis dans un article avant le lancement officiel au CES en janvier 2023 prochain ! ». Qu’à cela ne tienne, voici au moins déjà un tour du propriétaire.
Un (genre de) smartphone livré avec un Kishi
Pas de surprise, le terminal de Razer est bel est bien un genre de smartphone livré avec une manette Kishi V2 pro. Will Power, de Razer, qui nous a fait la présentation, nous a expliqué que « la différence majeure avec la version V2 Pro est la présence des prises permettant de brancher un casque en jack 3,5 mm et un USB-C pour la recharge ». N’ayant pas testé la version classique du Kishi, nous ne pouvons pas faire de parallèle. Et quand bien même ce serait le cas, nous n’en aurions pas le droit !
L’appareil a tous les atours d’un téléphone, et même un emplacement SIM pour la version 5G qui devrait être exclusive à l’opérateur américain Verizon dans un premier temps. Pourtant, ce n’est pas un smartphone. « Vous pouvez installer des applications de VOIP comme Messenger, Viber ou WhatsApp, mais il n’y a pas d’application de téléphonie classique » ajoute M. Powers. La raison principale est financière : « Les tests de conformité, le développement des antennes et tous les autres développements et tests des téléphones coûtent cher. Nous avons développé une console, pas un smartphone », explique M. Powers.
La question légitime qui nous anime est évidemment de savoir pourquoi diable un utilisateur de smartphone n’aurait pas plutôt intérêt à conserver son terminal et ajouter un accessoire de contrôle ? Ce d’autant plus que Razer vend déjà une précédente version de son contrôleur, pourquoi avoir développé un terminal à part ?
Les arguments de Razer
Lui faisant part de nos doutes quant au concept de l’appareil – que vous pouvez lire dans notre actualité – nous avons demandé à Will Powers de nous « vendre » sa machine. Pour tenter, notamment, de comprendre comment Razer comptait séduire les foules avec son appareil. « Si nous avons utilisé des pièces de smartphones, c’est bien une console que nous avons développée », assure Will Powers. « Notre premier argument est la chauffe. Touchez l’appareil : cela fait environ trois heures qu’elle tourne, et l’appareil n’est pas chaud et les ventilateurs sont inaudibles », assure l’homme. Et c’était objectivement vrai. Ça, on a sans doute le droit de le dire.
« Il y a ensuite la batterie. Non seulement vous ne drainez pas votre smartphone, mais en plus Edge offre entre six et huit heures de jeu dans un grand confort puisque l’appareil ne chauffe pas ». Finalement, l’homme joue la carte de l’écran. « Il n’y a pour l’heure aucun écran OLED de cette taille et de cette qualité sur le marché. De plus, nous avons travaillé avec Steam pour prendre en charge les 144 Hz via le Steam Link. Vous pouvez ainsi jouer aux jeux les plus nerveux avec un niveau de fluidité maximal ».
Sans vous confier nos impressions sur la machine, on peut cependant jouer de la calculatrice. Car l’appareil va coûter aux alentours de 450/500 € en version Wi-Fi (399 $ HT). Le hic, c’est que pour 150 € vous avez un Kishi V2 Pro et pour 30 € de plus une batterie externe pour votre smartphone déjà acheté. Autant dire que pour les budgets serrés, c’est vite vu. Quant à l’écran 144 Hz, si de nombreux pays d’Asie sont friands de jeu mobile en compétition, c’est moins le cas sous nos tropiques. Et les écrans 120 Hz sont déjà légion dans nombre de smartphones.
Sans parler de la taille de 6,8 pouces qui ne lui permet a priori par de sortir du lot dans l’océan d’appareils actuellement disponibles. Il va donc falloir que la partition logicielle soit sans faille pour séduire. Et aussi que Razer tente de limiter la casse côté prix, les taux de change dollars/euro faisant mal en ce moment.
Le Snapdragon G3X est-il utile ?
Au-delà de la console de Razer, la question qui se pose est évidemment l’intérêt du Snapdragon G3X. Présentée au Snapdragon Summit 2021 l’an dernier, cette puce n’a pour l’heure été utilisée que par Razer. Qui était, au passage, le responsable du développement du prototype de Qualcomm l’an dernier. Sur le papier, ce n’est pas la puissance graphique qui permet à sa puce de sortir du lot. Si c’est le cas, Qualcomm n’a jamais publié ni détails techniques, ni nombre de cœurs GPU ou mesures de performances. L’an dernier, on notait déjà que l’architecture du G3X avait une génération de retard sur le Snapdragon 8 Gen 1. En clair : le smartphone haut de gamme que vous avez acheté cette année est déjà plus puissant. Même s’il devrait chauffer plus.
Ce qui ne veut pas dire que la puce soit manchote. Elle est déjà bien plus puissante que le Snapdragon 720G de la G Cloud de Logitech. Mais Razer ne saurait justifier l’utilisation de cette puce pour le cloud : déjà que Logitech est critiqué pour avoir intégré une puce « trop puissante » pour des besoins de stream, que dire du G3X ! Se pose alors la question de l’intérêt du G3X dans la gamme de Qualcomm. S’il faut une puce moins chère et moins énergivore pour le cloud gaming, l’Américain en a plein. S’il faut de la puissance, autant prendre une puce haut de gamme du passé. Dans tous les cas, avec un seul prospect de vente à l’heure actuelle, le Snapdragon G3X semble bien seul. Et sans doute pas très rentable à développer, maintenir et commercialiser…
Quant à la console de Razer, promis, dès que le CES ouvre d’ici à un mois et demi, nous pourrons vous parler à cœur ouvert de l’appareil !