voilà pourquoi 100% des Français n’auront pas droit à la fibre

le déploiement du très haut débit menacé par une nouvelle pénurie mondiale


Alors que la France est le champion européen de la fibre optique, 2023 sera sans doute l’année où seront atteintes les limites du déploiement massif de cette technologie, nous expliquait Fabienne Dulac, patronne d’Orange.

La France est le paradis de la fibre optique en Europe. Avec 77 % du territoire couvert, l’Hexagone est et restera en 2022 le champion européen dans le domaine. Et ce malgré les trois dernières années qui ont été compliquées par la pandémie, « des années de chien qui comptent pour sept », jugeait même Fabienne Dulac, directrice générale d’Orange France, lors d’une table ronde destinée à faire le point sur l’année passée et sur ce qui attend l’opérateur historique en 2023 et au-delà.

Cependant, la patronne d’Orange estime que les quatre grands acteurs du marché français vont désormais « entrer dans une nouvelle ère », un changement accompagné d’un « apaisement du marché ». Une ère durant laquelle les opérateurs vont commencer à construire sur les investissements réalisés dans le très haut débit ces dernières années.

Ainsi, sur les 32,3 millions de foyers raccordables à la fibre au mois de juin 2022, Orange en couvre 20 millions et pense compter sept millions de clients fibre au début du mois de décembre. Avec une bonne nouvelle pour l’opérateur historique : 58% de ses clients fibre n’étaient pas des clients Orange avant de souscrire à un abonnement très haut débit.

Entrée en scène des raccordements complexes

Néanmoins, si le marché s’apaise et si l’année 2022 a été une année de recrutements importants pour Orange, Fabienne Dulac tient à souligner que cette nouvelle ère va s’accompagner également d’un changement d’approche. Les opérateurs, Orange en tout cas, vont passer d’une approche volumique à une approche qualitative. Autrement dit, il ne s’agira plus tant de recruter à tour de bras que d’augmenter la qualité de service technique et de l’accompagnement client.

Cette évolution souligne une relative maturité du déploiement, qui s’accompagne d’un corollaire, « qui va émerger au cours de l’année 2023 : les raccordements complexes ».

De quoi parle-t-on ? Des raccordements à la fibre dans les zones AMII (qui couvrent 40% du territoire national, et sont couvertes à 80% par Orange) ou RIP (où Orange ne déploie pas), donc principalement en zones rurales, qui sont « complexes » par la distance entre le dernier point de branchement au réseau et le logement, ou du fait de la topographie. Pensez à une maison isolée à la campagne au bout d’un très long chemin ou d’une vieille bâtisse perchée en haut d’un piton rocheux, par exemple.

Complexes et coûteux

Outre qu’ils représentent parfois des défis techniques, ces raccordements complexes ont surtout un coût élevé. Un « coût moyen de 3 à 4 000 euros par prise », nous expliquait Marc Blanchet, directeur technique et du système d’information d’Orange France, lors de cette table ronde.
Avant de préciser deux choses importantes. D’une part, que l’opérateur réalise quotidiennement des raccordements de ce type. D’autre part, que ce coût n’est pas à charge de l’abonné. Ce dernier se voit occasionnellement imputer des frais, mais qui sont généralement liés à la partie de l’installation sur son terrain ou dans son domicile.

Néanmoins, ces raccordements coûteux ne sont rien par rapport aux cas les plus extrêmes. Orange a en effet identifié des situations où l’installation d’une prise, autrement dit le raccordement d’un logement à Internet par la fibre, coûterait 45 000 euros à l’opérateur qui mènerait les travaux.

À 45 000 euros, et on peut imaginer des cas plus extrêmes encore, il est donc évident qu’il n’est pas rentable d’installer la fibre. C’est bien pour ça que 100% du territoire n’aura pas droit à cette technologie. Mais être privé de fibre ne veut pas dire privé de très haut débit. Marc Blanchet insiste sur le fait que ces territoires ne seront pas abandonnés. Ils pourront compter sur un mix technologique, ce qui devrait permettre à 100% des Français de profiter du très haut débit. Il faudra pour certains compter sur le satellite ou les connexions « 4G et éventuellement 5G at home », précise Fabienne Dulac.

Les raccordements complexes sont donc une potentielle épine dans le pied des opérateurs en 2023. « Orange ne tire pas une sonnette d’alarme », précise sa patronne. « Mais cela va être un sujet pour le secteur au cours de l’année à venir », avance-t-elle habilement.
D’autant qu’un calcul rapide en retenant le coût moyen de ces déploiements permet aisément de voir que les 150 millions d’euros d’aides allouées par l’Etat ne suffiront pas pour connecter les 22 % du territoire qui ne le sont pas encore. Car l’objectif reste ambitieux. À terme, « 99 % du pays doit être couvert en fibre optique », rappelle souriante Fabienne Dulac. Pour ceux qui l’auraient oublié, la promesse du très haut débit a un coût…



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