Après un coup de filet en novembre 2022 dernier qui avait mis à terre le fameux site Z-Library, celui-ci revient sur le devant de la scène avec des mécanismes de protection encore renforcés. De quoi relancer la guerre des ayants droits.
Deux cents noms de domaines saisis, deux opérateurs russes écroués en Argentine : le coup de filet qu’avaient mené les forces de l’ordre en novembre 2022 dernier avaient fait disparaître du jour au lendemain Z-Library, la plus grande bibliothèque de livres et magazines pirates au monde. Une action judiciaire et juridique qui a fait long feu : telle l’hydre de Lerne, Z-Library s’est fait pousser une nouvelle tête. Ou plutôt une multitude, puisque son nouveau mode de fonctionnement, de type « hydre » justement, laisse à penser une invincibilité technique qui pourrait faire frémir les ayants-droits.
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Revenons sur l’historique : en novembre dernier, Z-Library devient inaccessible au commun des mortels. Les différents noms de domaines saisis et ses opérateurs écroués laissent à penser une victoire facile. En réalité, les équipes qui font tourner le site sont bien plus importantes et Z-Library a continué sa route sur le « Darknet », à base de navigateur Tor et autres miroirs. La nouveauté du jour, c’est son retour sur l’internet de M. et Mme Toutlemonde, sans aucune manipulation compliquée – dans les faits, nous avons quand même dû utiliser un VPN pour vérifier son retour depuis notre connexion française. « Nous avons une bonne nouvelle pour vous – Z-Library est à nouveau de retour sur le Clearnet ! », annonce ainsi l’équipe du site. Une présence sur le net « normal » qui est rendue possible par un nouveau mode de fonctionnement, protégé d’une nouvelle descente de police.
La technique de l’hydre de TPB et un domaine unique par utilisateur
Comme le rappelle TorrentFreak qui fait l’écho de cette nouvelle, Z-Library s’est inspiré du fonctionnement du célèbre site The Pirate Bay (TPB) en se diffusant sur plusieurs noms de domaines pour améliorer sa résilience. Mais en plus de cette redondance, les développeurs de Z-Library ont inventé un système unique de création domaine privé unique pour chaque utilisateur.
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Dans les faits, une fois l’inscription réalisée et validée par un email de confirmation, vous recevez un email intégrant deux URL privées. Tellement privées que les opérateurs du site demandent aux utilisateurs de ne pas les partager. Ainsi, si la façade – le site pour s’inscrire – peut être réorientée à loisir sur les différents noms de domaine de Z-Library, il semble sur le papier assez difficile de pouvoir courir après tous les domaines privés. Qui donnent, eux, accès au catalogue de livres. Mais pas en illimité.
Moitié engagement philosophique, moitié machine à fric
Faire tourner un site avec du contenu en téléchargement libre peut vite coûter cher. Et les équipes de Z-Library, qui affirment toujours « croire que le savoir et l’héritage culturel de l’humanité devrait être accessible à tous les humains dans le monde, indépendamment de leur richesse, statut social, nationalité […] est toujours la seule raison d’être de Z-Library » ont quand même conçu différents plans. L’invité a droit à 5 téléchargements par jour (mais comment y accéder ?), le compte Basic 10 téléchargements et une horde d’améliorations (historique, envoi des fichiers sur un email ou un compte GDrive, un accès à un bot Telegram, etc.) et un compte Premium sur la base de donations. Scindé en tranches de dons – de 1 à 4,99$, jusqu’à 100$ et plus – le volume quotidien passe de 15 à 999 fichiers téléchargés par jour.
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Le retour de Z-Library sur le « clearnet », certes un peu plus technique que par le passé, n’en reste pas moins un pied de nez (pour rester poli) vis-à-vis des autorités et ayants-droits. Et relance donc non seulement potentiellement la guerre juridique. Mais pose aussi, à nouveau, la question du développement de services à la Netflix/Spotify dans le domaine de l’édition. Si certains genres comme les mangas, comics et autres BD sont assez moteurs, de nombreux genres sont exclus de ces offres. Sans même parler de l’absence – ou des lourdeurs techniques – permettant l’emprunt/location de titres épuisés.
Source :
Torrentfreak