Apple voudrait défier Google avec un nouveau moteur de recherche, peut-il faire autrement ?

Apple voudrait défier Google avec un nouveau moteur de recherche, peut-il faire autrement ?


Un moteur de recherche signé Apple ? Ce n’est pas la première fois que cette rumeur surnage à la surface du Web. Cette fois-ci, elle émane de Robert Scoble – fameux glasshole à ses heures, évangéliste de la réalité augmentée, conseiller en investissements, et, à ce titre, personne introduite de-ci delà dans la Silicon Valley.

Apple Search, pour lutter contre Google Search ?

Dans une série de tweets, fin mai, il listait différentes informations qu’il avait glanées auprès de personnes fiables, sans prétendre non plus que tout ce qu’il avançait s’avérera.

Il indiquait notamment que, selon ses sources, le casque de réalité virtuelle d’Apple serait présenté en janvier 2023, pour un lancement en juin de la même année. Les équipes de Tim Cook reproduiraient alors à l’identique le schéma choisi pour l’iPhone en 2007.
Mais, l’information la plus intéressante tient dans son dernier tweet. Comme un One more thing lâché au dernier moment, Robert Scoble annonce :

« Oh, et un nouveau moteur de recherche est également en approche. » Puis, il ajoute dans la continuité : « Siri va-t-il enfin devenir intelligent ? »

Rendre le sommet de l’iceberg intelligent

Cette dernière phrase est particulièrement intéressante, car c’est bien un des premiers enjeux. Même s’il a appris à chercher des informations sur le Web ou dans sa base de données musicales, notamment pour les HomePod, Siri est bien moins en avance que ses concurrents principaux. Et c’est encore plus vrai en français quand s’ajoute la question de la langue.

Mais, en définitive, Siri n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il est l’interface qui sert à atteindre une somme de connaissances. Or, c’est là Google, tout particulièrement, se place au sommet. Il travaille à enrichir son knowledge graph depuis son annonce il y a près de dix ans. Cette base de connaissances est au cœur de l’enrichissement des recherches dans le moteur de Google, mais aussi à la base de certaines des démonstrations les plus époustouflantes d’intelligence artificielle conversationnelle que le géant de Mountain View ait présenté ces dernières années.

Google le répète à chaque I/O, son métier (et donc son savoir-faire principal) est de collecter l’information, de la mettre en forme pour qu’elle puisse être consultée à la demande, voire proposée de manière « prédictive ».

Voir Apple se lancer dans le développement d’un nouveau moteur de recherche est donc assurément une bonne nouvelle pour les utilisateurs de l’assistant Siri.

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La fin d’une domination ?

Si on estime qu’Apple envisagerait d’en faire un outil ouvert à tous, sur le Web – et rien n’est moins sûr -, cela peut aussi être perçu comme un signe encourageant d’une potentielle fin de la domination quasi indiscutée (du moins en Occident) de Google. Une alternative au moteur de recherche pourrait avoir plus de chance de s’imposer, si elle est épaulée par un géant qui a les moyens – car Google Search, c’est aussi et, peut-être surtout, des enjeux économiques énormes. Même si on a bien vu qu’être un géant ne suffit pas, Microsoft et Bing en sont l’illustration criante.

Néanmoins, Microsoft n’a pas le savoir-faire d’intégration poussée (parfois outrancière et assimilable à un verrou) d’Apple. Il n’a surtout pas le poids d’un écosystème porté par un smartphone ultra présent.

Au vu des travers passés et actuels d’Apple, il ne faudrait pas que ce moteur de recherche soit trop fermé. Il ne faudrait pas non plus que se reproduise le raté de l’abandon de Google Maps dans iOS. Le lancement de Plans avec la cartographie d’Apple a été le fruit d’une certaine précipitation – en partie imposée par Google, qui refusait certaines fonctionnalités à Apple, comme la navigation tour par tour – et d’erreurs de management, qu’on peut espérer ne pas revoir.

La base d’une nouvelle ère pour la protection de la vie privée

Par ailleurs, Apple aurait une carte très pertinente à jouer s’il se lançait dans les moteurs de recherche : celui de la protection de la vie privée, qui passerait par une remise à plat du modèle économique des moteurs de recherche dans la continuité de ses efforts contre le tracking en ligne.

Un créneau qui est déjà occupé, avec plus ou moins de bonheur, par Qwant, notamment. Mais il prendrait une tout autre dimension, portée par un géant comme Apple. Non seulement il en a les moyens, mais cette vision s’inscrit totalement dans sa stratégie industrielle – conception de produits et services – et commerciale.

Néanmoins, la tâche ne sera pas aisée, c’est une évidence. Google s’y attelle depuis 1996, pour ainsi dire, même si le projet des jeunes Sergey Brin et Larry Page était sans doute loin de ce qu’est Google Search aujourd’hui. Sans même parler de l’habitude des Internautes, il faudra atteindre un niveau de qualité dans les réponses qui soit suffisant, d’emblée, pour séduire les utilisateurs et les détourner de Google.

Une nécessité d’agir… vite

Quoi qu’il en soit, que l’outil reste dans l’ombre, et accessible uniquement par Siri ou Spotlight, ou qu’il soit lancé en fanfare pour affronter Google, un autre élément forcera aussi à Apple de se presser. Depuis 2019, et les choses se sont clairement accélérées en mai dernier, lors d’édition 2022 de l’I/O, Google a avancé dans sa stratégie d’ambient computing.

De manière très schématique, cette ambition tient en une phrase : fournir la bonne information partout, tout le temps, peu importe le périphérique utilisé. C’est à la lumière de cette vision faite d’ubiquité technologique qu’il faut entendre les efforts récents de Google dans le domaine du matériel – jusque-là point fort quasi réservé d’Apple.

Oui, les Pixel existent depuis 2015, mais les choses sont devenues particulièrement sérieuses avec l’introduction de la première puce maison Tensor en 2021, conçue pour les appareils de Google et surtout pour les services qui recourent beaucoup à des algorithmes d’apprentissage machine.

Dans cette optique, l’annonce, de manière anticipée, d’une montre connectée, et d’une tablette ne sont que le signal que Google, roi du logiciel, est désormais très sérieux pour la partie matérielle qu’il contrôlait et dominait bien moins jusqu’à présent. Le prototype/concept de lunettes connectées, destinées à la traduction simultanée, entraperçu à la toute fin de la Google I/O, est à la fois la preuve que Google ne veut pas répéter les erreurs matérielles du passé – les conséquences ont été tirées du raté des Google Glass – et que les équipes de Sundar Pichai ont une vision à long terme de là où elles souhaitent aller.

Apple part lui de l’exact opposé. Il maîtrise le matériel, contrôle de plus en plus chacun de ces composants. Il lui manque en revanche la science avancée de l’IA, la gigantesque base de connaissances accumulées et structurées – même si les recherches dans Spotlight sur Mac et dans Siri sur iOS/iPadOS démontrent qu’un prometteur « embryon » existe bel et bien.

L’avenir… du futur ?

Apple doit franchir les étapes qui feront que les services et appareils Apple de demain seront aussi « intelligents » que ceux de Google. Les prémices de ces efforts sont déjà visibles dans les OS d’Apple, mais il reste encore beaucoup à faire pour être capables de traduire des conversations à la volée, d’indiquer où trouver un restaurant qui sert un plat vu en photo dans un magazine ou sur le Web, etc.

D’autant que beaucoup de ces briques servicielles et technologiques, utiles dans un Mac, très pratiques dans un iPhone, deviendront sans doute incontournables quand sonnera l’heure de l’avènement de la réalité mixte, qui fusionnera, si la promesse est tenue, le monde réel et le monde numérique.

En ce sens, et même si le moteur de recherche n’est en lui-même qu’une pièce d’un puzzle plus complexe, et quelle que soit sa forme définitive, ce projet « Apple Search » a de quoi enthousiasmer. Plus que quelques jours avant de savoir s’il sortira de ses laboratoires à l’occasion de la WWDC 2022 !





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