Fibre : Alerte rouge sur la qualité de service

Fibre : Alerte rouge sur la qualité de service


Le déploiement de la fibre a beau avancer tambour battant sur le territoire, ce chantier industriel majeur reste pénalisé par de multiples failles dans ses raccordements finaux. Si les autorités et les opérateurs se mobilisent depuis quelques mois pour redresser la barre dans ce dossier brûlant, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. « Depuis que nous avons commencé à collecter des informations en novembre dernier, on ne peut pas dire qu’il y ait des améliorations », a ainsi regretté la présidente de l’Arcep Laure de la Raudière ce mercredi, lors d’un évènement organisé par l’Avicca, l’organisation regroupant les collectivités territoriales.

« Beaucoup de personnes nous alertent sur des problèmes d’exploitation, de raccordement, de non complétude des réseaux », a rappelé la présidente du gendarme des télécoms, qui s’en était déjà émue le mois dernier, lors de la publication du dernier bilan annuel pour le moins inquiétant de sa plateforme d’alerte. Et si l’excès de sous-traitance est souvent pointé du doigt pour expliquer la prolifération de malfaçons dans les points de mutualisation, c’est bien tout le processus industriel qui est en cause, estime-t-on du côté de l’Arcep.

« Il y a des progrès à faire en ce qui concerne la professionnalisation des intervenants, la mise en place d’outils de contrôle et d’industrialisation du processus pour améliorer la situation », a ainsi relevé Laure de la Raudière. Pour la dirigeante, le fait que « certains réseaux concentrent les malfaçons » montre que la révision du modèle de sous-traitance actuel, désormais limité à deux rangs de sous-traitance, ne résoudra pas à elle seule tous les problèmes relevés sur les réseaux fibre français. « Partout, même dans les réseaux peu accidentogène, on décompte des malfaçons, même si elles ne génèrent pas des pannes. Les pratiques des intervenants sur le réseau ne sont pas suffisamment rigoureuses », estime-t-on du côté de l’Arcep, pour qui le problème à résoudre concerne tous les intervenants sur les réseaux fibre.

« Plan qualité »

La présidente de l’Arcep se veut toutefois optimiste, notant « une plus grande prise de conscience des opérateurs » concernant ce sujet déterminant pour l’avenir du très haut débit en France. Réunis cette semaine, les acteurs du secteur – représentés par Infranum et la Fédération française des télécoms – ont présenté leur plan d’attaque pour en finir avec la prolifération des malfaçons et faire revenir les taux d’échecs dans les raccordements finaux à des niveaux plus acceptables.

« Ce n’est pas un nouveau mode STOC ni quelque chose de virtuel mais bien un plan qui doit engager toute la filière et tous les acteurs. Il ne sera possible que si tout le monde est d’accord, responsable et concerné par le problème, ce qui est bien le cas », a assuré ce mercredi Philippe Le Grand, le président d’Infranum. Le « plan qualité » concocté par les acteurs du secteur passera notamment la mise en place, par les opérateurs, d’une labellisation des intervenants sur les réseaux fibres, de manière à s’assurer du « bon niveau de formation des techniciens par rapport aux standards définis par l’ensemble de la profession ».

Reste que la confiance n’exclut pas le contrôle. Ces derniers seront donc « renforcés dans un souci d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des interventions », fait-on valoir du côté d’Infranum, l’organisation fédérant les industriels chargés du déploiement de la fibre sur le territoire. Pour parfaire son dispositif, celle-ci entend également ériger le compte-rendu d’intervention en « clef de voûte du dispositif de validation de la qualité du raccordement » en le normalisant et en l’automatisant complètement « d’ici à l’été ».

Rénovation attendue des points de mutualisation

Du côté des opérateurs commerciaux, représentés par la Fédération française des télécoms, l’heure est également à la prise de conscience. Cela passera tout d’abord par une remise en état, sous la supervision de l’Arcep, des points de mutualisation (PM) dégradés ou dysfonctionnels, dont les défaillances en cascade font de l’ombre à « l’image de la fibre et génèrent des surcoûts d’exploitation ». « Depuis 2020, nous avons repris 1 700 points de mutualisation sur la fibre optique. D’ici fin 2022, 2400 autres PM seront repris », assurait à cet égard Liza Bellulo, la nouvelle présidente de l’organisation, par ailleurs secrétaire générale de Bouygues Telecom.

Les opérateurs entendent également se saisir de l’outil e-intervention, une application de supervision des raccordements, pour remettre de l’ordre dans les points de mutualisation. Celui-ci devrait être opérationnel,  » entre juillet et décembre 2022″, assure-t-on du côté de la Fédération française des télécoms. Un calendrier trop lent au goût de Laure de la Raudière, qui pousse pour que l’outil soit mis en place chez tous les opérateurs à l’été.

« Je sais qu’il y a des contraintes d’intervention, de plannings », concède la dirigeante de l’Arcep. « Je sais que cela fait des investissements supplémentaires, mais je sais aussi que la situation, en particulier sur certains réseaux, n’est pas acceptable et que les malfaçons qui sont sur les réseaux engendrent aussi des investissements non prévus pour les opérateurs », relève-t-elle. « Tous les outils de contrôle qu’on pourra mettre en place dès maintenant chez les opérateurs seront extrêmement structurants pour qu’il y ait une professionnalisation de la filière et une amélioration des processus industriels sur le terrain. »





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